Stratigraphie du Marduel (Saint-Bonnet-du-Gard)
m
Les niveaux des Ilème et 1er s. av. n. è. sur le Chantier Central
par Michel PY* et Denis LEBEAUPIN**
avec la collaboration de
Jean-Claude BESSAC*. Claire- Anne de CHAZELLES* et Henri DUDAY***
Résumé - Après la présentation de la chronologie générale du Marduel à travers les sondages préliminaires (voir le tome 5,1982,
p. 5-32) et de l'occupation du site durant l'Antiquité tardive (voir le tome 7, 1984, p. 111-110), ce troisième article amorce la
publication systématique des vestiges protohistoriques de la fouille principale (du changement d'ère au Bronze final).
Les auteurs analysent les données stratigraphiques et architecturales, puis le mobilier correspondant selon un découpage en
phases chronologiques. Plusieurs habitations sont étudiées d'un point de vue morphologique et technologique (des chapitres abordent
les techniques mises en oeuvre liées à l'usage de la pierre, de la terre, . . . ). Il en va de même pour les ruelles avoisinantes et le tronçon
de rempart archaïque doublé.
(Mots-dés : Habitat de hauteur, Fortification, Technologies architecturales, Céramiques, Métaux, Ostéologie humaine, Age du fer, Epoque
hellénistique, Le Marduel, Languedoc oriental)
The stratigraphy of Marduel (Saint-Bonnet-du-Gard)
III - The levels of the 2nd and 1st cent. B.C. in the "Central Sector"
Abstract - After the publication of the general chronology established from preliminary test excavations (see volume 5, 1982,
p. 5-32) and ofthe Late Antiquity occupation (see volume 7, 1984, p. 111-119), this third article begins the systematic publication of
the prehistoric material from the main excavation (from the turn of the Christian era to the Late Bronze Age).
The autors analyse the stratigraphical and architectural data, and then the material according to chronological patterns.
Several houses are studied from a morphological and technological point ofview (chapters debate of techniques employed in the use of
stone, earth. . .). The same method is applied for the study of the neighbouring streets and the section of the archaic rampart.
(Key words : Hill-fort, Fortification, Architectural technologies, Potteries, Metal, Human osteology, Iron Age, Hellenistic period, Le Mar duel, Eastern Languedoc)
1. Introduction
La présente publication prend la suite de deux précédents articles qui ont concerné les sondages préliminaires
menés sur l'oppidum du Marduel, à Saint-Bonnet-du-Gard
(1), et les fosses du Vème s. de n. è. fouillées dans le Chantier Central (2). On trouvera ici l'analyse des niveaux des
Documents d'Archéologie Méridionale, 9, 1986, p. 9-80
Ilème et 1er s. av. n. è. (et de quelques documents du début
du 1er s. de n. è.) rencontrés dans le même Chantier
Central, ouvert sur les deux terrasses qui dominent immédiatement le Gardon, sur la pente orientale du site (3).
Les restes d'habitat étudiés dans cet article appartiennent aux dernières phases de l'occupation de l'oppidum
protohistorique, dont les sondages préliminaires avaient
montré qu'elle s'étendait du Bronze final nib aux premiè-
10
M. PY, D. LEBEAUPIN et coll.
res années de notre ère, et qu'elle était suivie, sur la colline
du moins, d'un long hiatus jusqu'à la réoccupation du
Vème s. (4). Nous en fournirons l'analyse par phases
chronologiques (5), dans l'ordre du temps, le numéro de chaque
étape comportant un nombre en chiffres romains
correspondant au siècle (successivement II et I) et une lettre
désignant la phase dans le siècle. Cette méthode permettra un
suivi de la numérotation lors de l'étude des phases
antérieures de l'occupation du site, qui sera donnée dans de
prochaines livraisons (6).
Les fouilles du Chantier Central concernent un quartier
de l'habitat protohistorique appuyé à un rempart, qui borde
la pente orientale de la colline: nous verrons que cette
enceinte, créée à la fin du Vlème s. av. n. è., est restaurée au
Ilème s. Les habitations des Ilème et 1er s. se répartissent
en îlots séparés par des rues et des ruelles, certaines salles
étant à cette époque appuyées au parement intérieur de la
B-C-D-E-F
Fig. 1 - Plan général du Chantier central avec figuration de l'ensemble des structures bâties et indication des zones et des secteurs de fouille.
STRATIGRAPHIE DU MARDUEL
PHASES
DATES ! NATURE
IC
j vers
+10
I Destruction
i
+10
-25
! Occupation
-25
IB
IA
II B
DIAGRAMME Ouest -Est
ï
j Destruction
| agricole
0
-25
-75
Réaménagement
Construction
-75
-100
Occupation
-100
Réaménagement
100
175
LU]
II A
-200
3A
5A
7A-7F
At
Occupation
Construction
-175
-200
16
1A
) Occupation
-75
11
Aw
L_
Destruction
Occupation
Construction
Fig. 2 - Diagramme stratigraphique des niveaux des Ilème et 1er s. av. n.è. selon une coupe ouest-est (zones 17, 15 et 16).
courtine (7). Chaque pièce ou tronçon de rue est identifié,
au niveau des structures les plus récentes, par un numéro de
zone comportant deux chiffres (de 02 à 16), les divisions
ultérieures de chaque zone (en général lors de l'apparition
d'une nouvelle structure bâtie) se faisant par adjonction
d'un chiffre à droite du numéro de zone. Par exemple, la
zone 10 sera ensuite divisée en secteurs 101 et 102, le
secteur 101 devenant lui-même 1011 et 1012 lors d'une
seconde division. Dans ce système, les deux premiers
chiffres de tout numéro de secteur renvoient à la zone de
départ. La stratigraphie de chaque zone et secteur est
numérotée en continu (de 1 à n) de haut en bas. Les murs et autres
structures bâties sont numérotés par des lettres (une
cule de a à z, puis une majuscule et une minuscule à partir
de Aa). Les niveaux d'habitat des Ilème et 1er s. av. n. è.
présentement publiés concernent, du nord au sud, les zones
d'habitation 12 (puis le secteur 122), 11, 10 (puis les
secteurs 101 et 102), et 16; une zone d'activité extérieure : 15 ;
les rues et ruelles 121, 13, 14 et 17; et un sondage sur le
rempart du Ilème s., numéroté 06 (secteurs 061 et 062)
g
Trois points de méthode encore : la complexité des
structures d'habitat, empilées et souvent imbriquées les
unes aux autres, et des stratigraphies résultant de ces
fréquents remaniements, a rendu nécessaire, lors de la mise en
phase, l'élaboration de nombreux diagrammes de synthèse.
M. PY, D. LEBEAUPIN et coll.
12
PHASES
DIAGRAMME Ouest -Est
Occupation
Réaménagement
Fig. 3 - Diagramme stratigraphique des niveaux des Ilème et 1er s. av. n. è. selon une coupe ouest-est (zones 13, 10 et 1 1).
Nous donnons en illustration (fig. 2 à 6) les cinq schémas
les plus parlants, correspondant à deux coupes sud-nord et
trois coupes est-ouest du Chantier Central, où sont
figurées, selon un principe suffisamment connu aujourd'hui
pour qu'il soit inutile de l'expliquer (8), les principales
relations stratigraphiques de chaque zone (indiquée par des
grands chiffres) et toutes les relations que l'on peut établir
d'une zone à l'autre dans les limites des périodes
envisagées ici. On y trouvera également la liste des niveaux
(petits chiffres pleins et éventuellement lettre), des surfaces,
individualisées lorsqu'elles présentent des traces
d'utilisation (petits chiffres creux) et des structures bâties (lettres
italiques) de chaque phase dans chaque zone, les datations
correspondantes et des indications sur la nature des
différentes étapes fonctionnelles qui constituent chaque phase.
Deuxième point : le traitement du mobilier. Du fait du
nombre de couches archéologiques fournies par le Chantier
Central pour les seuls Ilème-Ier s., il s'est avéré impossible
de donner le détail du contenu de chacune d'elles. Le
mobilier sera donc traité globalement par phase, étant donné que
les comptages de céramiques sont fournis en annexe dans
un tableau détaillant la composition de chaque couche (fig.
64), et que, pour tous les objets figurés, les références
topographiques et stratigraphiques sont indiquées à côté de
chaque dessin (sous la forme zone / couche). Pour chaque
phase, on trouvera une statistique globale des céramiques
STRATIGRAPHIE DU MARDUEL
PHASES
DATES
Destruction
agricole
0
IC
IB
IA
II B
II A
NATURE
vers
+10
Destruction
antique
+10
-25
Occupation
-25
Réaménagement
-25
-75
Occupation
-75
Construction
-75
-100
Occupation
-100
Réaménagement
-100
-175
Occupation
DIAGRAMME Ouest -Est
13
ÏÀ
4
12
3-4
SA
2A
3
11221
IÏ2Ï
D
Ah 8ETa
8AJ nL
Construction
-175
-200
Occupation
Construction
8A
11
12
13
11
10
15A
i 15B
i 15C
i 15D
i
12
-175
«■m*:*:*:*:*
-200
: ra^^
13
IS
13
141
15
Aa
ISA
Fig. 4 - Diagramme stratigraphique des niveaux des Ilème et 1er s. av. n. è. selon une coupe ouest-est (zones 13 et 12).
(sous la forme d'un tableau normalisé), une description des
principales formes qu'elles présentent et une liste
exhaustive des autres objets (9). Remarque importante : les
mobiliers contenus dans des niveaux repris en remblai au début
d'une phase, lors d'une construction, mais appartenant typologiquement à la phase antérieure, seront
systématiquement comptabilisés dans cette dernière. Par ailleurs, les
mobiliers résiduels ou les intrusions accidentelles présents
dans des niveaux de datation nettement différente ne sont
pas pris en compte dans la statistique générale, mais
analysés à part sous la rubrique Intrusions.
Enfin, pour ce qui concerne l'architecture, on trouvera
en note pour chaque mur une description rapide de ses
caractères et de sa composition, l'ensemble des données
sant en fin d'étude l'objet de synthèses, d'une part sur les
techniques de construction (10), d'autre part sur les traces
de taille de pierre.
2. La Phase HA (début du Ilème s. av. n. è.)
2. 1 . ETAT DES LIEUX A LA FIN DU même s.
Avantd'aborder l'étude des zones occupées au début du
M. PY, D. LEBEAUPIN et coll.
14
PHASES
DATES ! NATURE
DIAGRAMME Sud-Nord
i Destruction
\ agricole
0
IC
IB
IA
12
vers
+10
j Destruction
j antique
IA
+10
-25
j Occupation
3 "■""" **
-25
| Réaménagement
-75
i
\ Occupation
1B
IC
2C
| Construction
-75
-100
| _
'* Occupation
|
Réaménagement
-100
SA
IIP
122|
As 4 — = — 2A
-I S'A
ri
7A-7F
îoîl
-75
3-4
4/
_^
6
D
7
"se
j
G/ Ai
Fig. 5 - Diagramme stratigraphique des niveaux des Ilème et 1er s. av. n. è. selon une coupe sud-nord (zones 15, 17, 14, 10 et 12).
Ilème s., il convient de donner un aperçu de l'état des lieux
lorsque cette phase commence, c'est-à-dire vers 200, ne
serait-ce que pour pouvoir distinguer ce qui perdure de ce
qui change ensuite. A cette époque, les principales lignes
directrices de l'urbanisme du quartier que concerne le
Chantier Central sont en place depuis plusieurs siècles
déjà. A l'est du secteur concerné (fig. 1), le rempart,
construit dans les dernières décennies du Vlème s. av. n. è., est
toujours en élévation et continue déjouer un rôle important
dans l'organisation de cette partie de l'habitat, puisque
l'ensemble des îlots s'y alignent et que certaines maisons
s'y appuient. A l'ouest, une rue très large (zones 17-13), de
création ancienne également (Vème s.), suit l'axe de la
tification, notamment son dessin convexe, sans cependant
lui être parallèle, puisqu'elle converge vers lui en direction
du sud. Entre cette rue et le rempart, on distingue trois pâtés
de maisons. Nous en décrirons l'organisation générale à la
fin du Illème s., du sud au nord.
Au sud du Chantier Central, un premier îlot est appuyé à
la fortification à l'est, et limité par la rue 17 à l'ouest. On en
connaît partiellement deux maisons, correspondant au
secteur 044 (dont les niveaux postérieurs au Illème s. sont
détruits par les terrasses de culture modernes) et à la zone 16,
séparées par le mur Az qui perdurera au Ilème s. De la
façade de la maison 16 sur la rue 17, on connaît les tronçons
Bw et fix. Cette façade ne survivra pas au delà du Illème s.
i
STRATIGRAPHIE DU MARDUEL
PHASES
DATES
NATURE
Destruction
agricole
0
vers
+10
Destruction
antique
+10
-25
Occupation
-25
Réaménagement
-25
-75
Occupation
-75
Construction
IA
-75
-100
Occupation
-100
Réaménagement
II B
-100
-175
Occupation
-175
Construction
IC
IB
II A
15
DIAGRAMME Sud-Nord
16
Bb
11
1
Da
l
2C
12
i
Db
l
ISA
i 15B
i 15C
i 15D
Destruction
-175
-200
Occupation
-200
Construction
Fig. 6 - Diagramme stratigraphique des niveaux des Heine et 1er s. av. n. è. selon une coupe sud-nord (zones 16, 14, 1 1 et 12).
Au nord, les deux maisons avaient une façade commune
sur la rue 14 (mur Cb - Dg) qui sera détruite également à la
fin du même s.
Au nord de la ruelle 14, une second îlot d'habitation
prend place entre le rempart et la rue 1 3, qui prolonge la rue
17 (fîg. 1). Cet îlot, comprenant les zones 101, 102, 11 et
1 13, de création ancienne, semble avoir été en grande
partie inoccupé durant la deuxième moitié du Illème s. et avoir
servi de zone d'épandage. Il est limité au sud par la façade
Ca - Dd sur la rue 14, à l'ouest par la façade Bz sur la rue
13; au nord, le mur o mitoyen avec la maison 122 et le mur/
mitoyen avec 121 sont alors en grande partie détruits.
A la limite septentrionale du Chantier Central, deux
habitations existaient au Illème s., et étaient séparées par la
ruelle 121, impasse de direction N.-S. : contre le rempart,
l'habitation 022 dont on ne connaît qu'un tronçon de
façade sur la ruelle 121 (mur z, le reste ayant été détruit par
les terrasses de culture modernes ; entre cette ruelle et la
rue 13, l'habitation 122, primitivement limitée par les murs
Aa,o,AUtBd.
Si donc, peu avant 200, deux maisons sont encore
occupées au sud de la rue 14, toute la partie nord du quartier
(zones 10, 11 et 12) semble désaffectée, du moins en tant
que lieu d'habitat couvert. Les reconstructions des
premières années du Ilème s. (phase IIA) vont donc marquer le
début d'une réoccupation de cette partie de l'habitat
M. PY, D. LEBEAUPIN et coll.
16
96
+
96
rue 1 4
_ -+- - -
95
95
94
94
93
P.-.-
;./.} ..'.v !---""■
93
92
92
91
91
90
rue 17
90
89
89
+
Z^i V^i D^W
E
+
F
tg. 7 - Plan de la maison 16 : état de la phase HA (début du Heine s. av. n. è.).
2.2. LA MAISON 16 DURANT LA PHASE HA
Sur une couche de remblai (c.12) contenant du mobilier
de la deuxième moitié du Illème s., et correspondant pour
partie à l'étalement de ruines d'habitations antérieures, les
murs sud, ouest et nord de la maison 16 sont rebâtis au
début du Ilème s., selon un tracé proche de celui des
maisons précédemment implantées dans la même zone, mais
avec une situation parfois légèrement différente. Ces murs
délimitent une habitation à une seule pièce dont le plan
trapézoïdal est connu en entier (1 1), mais dont une partie de la
surface a été perturbée par une fosse-silo du Vème s. de
n. è. (12). Documentation - plan : fig. 7 ; stratigraphie :
STRATIGRAPHIE DU MARDUEL
fig. 8 ; diagrammes : fig. 2 et 6 ; vue générale: fig. 9.
Au sud, la création du mur Au et de sa fondation Br ( 1 3)
enterrée dans le remblai 12, établit une nouvelle limite de
l'habitation, qui devait s'étendre davantage aux époques
précédentes dans cette direction. A l'ouest, l'ancienne
façade sur la rue 17, Bw - Bx, ayant été détruite et très
largement épierrée, le nouveau mur, Bj - Bk (14), est construit en
moyenne à 60 cm en retrait, selon un tracé parallèle. La
base de ce mur n'est que partiellement enterrée dans la
couche 12. Au nord, on connaît une partie du retour en
angle droit de Bj le long de la ruelle 14 : mur Bn. A l'est
enfin, le mur Az, qui est de construction plus ancienne,
continue de fonctionner sans remaniement apparent. On
ignore où se plaçait la porte d'entrée de cette maison; deux
hypothèses sont possibles : soit la porte se situait au milieu
de la façade ouest, à l'endroit où existe une lacune entre les
tronçons Bj et Bk, et ouvrait sur la rue 17; soit elle était
placée au milieu de la façade nord et ouvrait sur la ruelle
14.
Lors de sa construction, la maison 16 est munie de deux
aménagements intérieurs : une banquette dans l'angle
nord-ouest, et un sol en partie construit avec apport de
graviers.
La banquette (fig. 7 et 10), située dans l'angle intérieur
des murs By etBn, est construite en deux temps. Un premier
bâti, Bp, en pierres non équarries liées à la terre, large de
0,65 m pour une longueur de 1,90 m, est construit sur le
remblai 12 aplani. Un second muret, Bq, de même
technique mais moins soigné, vient doubler le premier vers l'est,
portant la largeur du tout à 1 m en moyenne. Les pierres
sont disposées sur 2 lits, la hauteur de la construction avoi-
17
sinant 0,20 m. On constate qu'au nord, les deux murets sont
partiellement liés au mur Bn, comme si tous deux avaient
été bâtis en même temps que la façade septentrionale de la
maison. Rien par ailleurs n'indique que Bq soit de
beaucoup postérieur à Bp : on considérera donc cet ouvrage
comme homogène.
Dans toute la partie nord de la maison 16, les
ir égularités de la surface supérieure du remblai 12 sont colmatées
par une couche de petits galets de rivière, apportés du
Gardon, liés par de la terre et noyant quelques pierres disposées
à plat, le tout constituant le niveau 1 1. Cet apport,
localement pelliculaire, peut atteindre une épaisseur de 10 cm
dans les parties creuses. Il contient du mobilier très
fragmenté (cf. fig. 64), dont 22 éclats de bracelets en verre,
appartenant
n°
12 et 13). à au moins trois pièces différentes (fig. 17,
Le sol correspondant à l'utilisation de la maison durant
la phase IIA (surface 10) est constitué soit, dans la partie
nord de l'habitation, par la surface supérieure de la
recharge de galets (c. 1 1), soit, dans la partie sud, par un
niveau de terre battue (affleurement du remblai 12).
L'articulation entre les deux secteurs dont le sol est aménagé de
façon différente n'a pu être observée que très
ponctuellement du fait de l'existence de la fosse tardive c. 2. Le sol 10
ne présentait que peu de traces de vie: une zone cendreuse sans restes de foyer caractérisés cependant - dans le coin
sud-ouest de la salle, autour de laquelle étaient écrasés les
tessons de plusieurs vases, notamment d'une urne non
tournée (fig. 17, n° 3) ; quelques tessons épars dans la
partie nord. Au sol 10 se rattache encore une petite fosse,
située au sud de la banquette, et partiellement remplie de
A
B
Fig. 8 - Stratigraphies des zones 15 et 16 (niveaux des Hème-Ier s. av. n. è.) d'ouest en est, selon les axes des carrés 93 (A) et 95 (B).
18
M. PY, D. LEBEAUPIN et coll.
Fig. 9 - Vue générale des zones 15, 16 et 17 prise de l'ouest
galets, qui a peut-être servi à caler un vase. Dans son état
d'abandon, le sol 10 était donc relativement "propre", ce
qui limite les observations de portée ethnographique. On
peut néanmoins supposer que la partie sud et la partie nord
de la pièce ont eu des utilisations différentes, la première
correspondant plutôt à une aire d'activité (sol en terre bat-
tue, traces de feu, vaisselle culinaire), la seconde peut-être
à une zone de stockage (sol drainé par des galets,
banquette, calage de vase).
La nature des traces relevées à la surface du sol 10
exclut de toute manière que ce niveau rende compte d'une
phase d'occupation longue, notamment à cause de
l'absence de sédimentation du sol lui-même. En effet, c'est une
couche de destruction qui recouvre immédiatement la
surface 10 : ce niveau contient à sa base de nombreux
fragments de briques crues de terre jaune ou grise,
correspondant sans doute à l'élévation des murs de la maison 16 /
phase IIA.
2.3. PROBLEME DE L'UTILISATION DES ZONES 101 ET 1 1
DURANT LA PHASE HA
Fig. 10 - Banquette Bp-Bq de la maison 16 (phase HA, début du Ilème s.)
appuyée au mur Bj ; vue prise de l'est.
Aucun niveau d'utilisation des zones 101 et 1 1 ne peut
être attribué à la phase IIA. Seule une petite fosse allongée
dans la zone 101 (c. 11), creusée dans les couches IIA et
12 sous-jacentes, appartient à cette phase (fig. 11, A, à
droite). Mais cette fosse, située à la base du mur h I x, qui se
rattache à la maison voisine (zone 122), semble liée à sa
construction (tranchée de fondation ?), comme pourrait
l'indiquer le remplissage (pierres liées par une terre grise
STRATIGRAPHIE DU MARDUEL
14
A
101
19
en
122
2M
1213
B
Fig. 11des- Stratigraphies
l'axe
carrés 8.
des zones 10 à 14 : A / coupe sud-nord des zones 14 et 10 selon l'axe des carrés B ; B / coupe ouest-est des zones 13 et 12 selon
sableuse). Par ailleurs, aucun mur ne limite, à cette époque,
la zone 1 1 vers le nord, et aucun ne la sépare de la zone 101,
au moins depuis le milieu du Illème s.
Le problème de la destination de ces zones au début du
Ilème s. ne peut donc être résolu en se fondant sur les
données de fouille. En effet, un hiatus prend place entre les
niveaux de remblai de la fin du Illème s. (zone 101, fosses
10 et 11A ; zone 11, couche 10) et les niveaux suivants
(zone 10 1 , c. 9 et zone 1 1 , c. 9), qui appartiennent à la phase
IIB, voire à la phase IA (cf. ci-après). Si des couches de la
phase IIA ont existé, elles ont disparu lors des
remaniements suivants. On peut aussi supposer que durant cette
phase, les zones 101 et 11, non bâties durant les décennies
précédentes, sont restées inoccupées.
couche 17. Une nouvelle façade est construite au sud : mur
h I x (15), exactement à l'aplomb du mur o. Les autres
bases de mur limitant la salle 122, de création antérieure à
200, sont réutilisées, l'élévation en adobes étant
probablement reconstruite. Telle qu'elle se présente alors, cette
salle a un plan trapézoïdal et s'ouvre à l'est sur l'impasse
121(16). Documentation - plan : fïg. 12 ; coupe ouest-est :
fig. 1 1, B ; diagrammes : fig. 4 et 5 ; vue générale : fîg. 13.
2.4. LA MAISON 122 DURANT LA PHASE HA
Le sol 16 est composé de terre battue contenant un fin
cailloutis et marqué par de nombreux charbons de bois. Il
vient buter au sud contre la base du mur h I x, qui est en
même temps enduit d'une couche d'argile jaune (fig. 14).
Cet enduit, épais de quelques centimètres, pénètre
profondément entre les pierres du mur; sa surface est lissée. Le sol
livre les traces de trois foyers. Le plus important est situé
contre le mur Bd, dans le carré A9 : il s'agit d'un foyer de
A la fin du même s., la maison 122 est abandonnée, et
son ancienne façade sud (mur o) est détruite. La couche de
destruction correspondante (c. 17) passe par endroits au
dessus du niveau d'arasement de ce mur. La maison va être
réoccupée au début du Ilème s., après nivellement de la
Le premier sol témoignant de cette réoccupation est
établi immédiatement sur la couche 17 aplanie (sol 16).
C'est peu après l'établissement de ce sol qu'on enterre,
dans le remblai sous-jacent, le corps d'un nouveau-né
(retrouvé en connexion anatomique partielle dans le carré
Z7), inhumé sur le ventre, les genoux ramenés sous le tronc
(voir ci-après, l'étude anthropologique par H. Duday).
M. PY, D. LEBEAUPIN et coll.
20
D
+
E
+
F
97
X
+
Fig. 12 - Plan des habitations du quartier nord (zones 10, 11 et 12) : eut des phases HA et KB (Ilème s. av. n. è.).
forme rectangulaire, construit avec une sole d'argile sans
radier apparent. Deux foyers lenticulaires, avec cendres, se
trouvent en outre l'un à l'ouest près du mur Al (carré Z7),
l'autre plus au centre (carré B8), au dessus d'une petite
dépression (fosse 16b : L : 20 cm, 1 :12 cm, profondeur :
8 cm) remplie de cendres, de cailloutis et de nodules
d'argile cuite.
Une autre fosse, dénommée 16a, est située à proximité
(carré B7) : elle a la forme d'un rectangle allongé, de 75 cm
de long pour 14 cm de large (fig. 12 et 13). Son remplissage
est complexe : le fond est couvert d'une mince pellicule de
cendres; puis viennent une couche d'argile rubéfiée, une
nouvelle couche de cendres et de charbons de bois, le tout
recouvert d'une autre couche d'argile brûlée. Dans les cen-
STRATIGRAPHIE DU MARDUEL
21
dres intermédiaires, on recueille de nombreuses petites
scories de bronze en boules ou en plaquettes, deux
fragments de corail ouvragés (ornements de fibule) (17), et 4
scories ferreuses. Cette structure a donc été utilisée pour
une activité métallurgique à caractère domestique.
A noter encore, sur le sol 16, dans le coin nord-est de la
salle, la présence d'un lit de petites pierres correspondant
peut-être aux restes d'une banquette basse (fig. 12, carré
C8-9).
De la suite de l'occupation de la maison 122 durant le
premier quart du Ilème s. témoignent plusieurs sols
successifs, dont l'accumulation constitue la couche 15 et le
dernier état la surface 14 . La couche 1 5 se présente comme une
suite de chapes pelliculaires d'argile jaune, verte, grise ou
brune selon les cas, superposées, avec quelques niveaux
intermédiaires de cendres, le tout formant une épaisseur de
5 à 12 cm. Dans cette couche, on recontre plusieurs foyers
lenticulaires (charbons de bois, terre rougie, taches de
cendres), notamment dans les carrés A7 et B7, au centre de la
salle, et dans le carré A9, à l'aplomb du foyer construit du
sol 16 (fig. 12). Le sol 14, construit avec de l'argile jaune,
précède immédiatement un remaniement de la maison.
Plusieurs observations montrent que l'occupation à
laquelle appartiennent la surface 16, la couche 15 et la
surface 14 fut continue, malgré les réfections périodiques du
sol : outre la faible sédimentation séparant les chapes
d'argile successives et l'activité suivie du foyer du carré A9, en
témoigne la conservation de l'enduit du mur h I x durant
toute cette phase (fig. 14). La rareté du mobilier recueilli
sur les sols d'argile montre par ailleurs qu'ils étaient
régulièrement balayés.
Immédiatement au-dessus du sol 14, une puissante
couche faite essentiellement de briques crues désagrégées
(c. 13), accompagnées de pierres (c. 1 1 A), correspond à la
destruction de l'élévation des murs lors d'une réfection de
l'architecture de la maison 122 aux environs de 175 av.
n. è. Le mobilier de ces couches est également rattachable à
la phase IIA.
Fig. 13 - Vue générale de la maison 122 au niveau du sol 16 (phase IIA,
début du ïïème s.), prise du nord-est
2.5. LE PASSAGE 121 DURANT LA PHASE IIA
Au début du Ilème s., le passage 121 est limité sur 3
côtés par une architecture de construction plus ancienne : à
l'est par le mur z (fig. 1 1 , B), au sud par le mur / qui le
sépare de la zone 1 1 (18), et à l'ouest par le mur Aa, façade de
la maison 122(19).
Deux niveaux de la stratigraphie de ce passage se
rapportent à la phase IIA : la couche 18 A, essentiellement
conservée dans la partie sud-est de la zone (fig. 12), est
formée de pierres noyées dans une terre meuble et livre un
maigre mobilier. Le surface 17 est un niveau de circulation,
concrétisé, dans la partie nord du passage, par un sol de
terre compactée, avec de nombreux charbons de bois et
quelques tessons écrasés à plat. Vers le sud (carrés E6-7),
huit dalles de pierre sont posées horizontalement sur ce sol
et forment une sorte de pavage, peut-être pour colmater une
zone meuble (fig. 15).
Fig. 14 - Détail de l'enduit de terre recouvrant le parement intérieur du
mur hlx dans la maison 122 (phase IIA, début du Ilème s.).
2.6. HIATUS DANS LA STRATIGRAPHIE
DES RUES 13, 14 ET 17
Aucune couche archéologique ne correspond à la phase
IIA - pas plus qu'aux phases IIB à IB - dans les rues 13, 14
M. PY, D. LEBEAUPIN et coll.
22
et 17. Nous verrons que ce hiatus est dû à un abaissement
général du niveau de ces voies de circulation à la fin du
1er s. av. n. è. Rien ne permet cependant de douter que ces
rues existaient et fonctionnaient comme telles pendant
toute cette période.
2.7. MOBILIER DE LA PHASE H A (vers 200 - 175 av. n. è.)
2.7.1. Statistique des céramiques
Les fragments de céramique appartenant aux niveaux
de la phase II A (20), au nombre de 1241 , se répartissent de
la manière suivante :
CATEGORIES
cér. tournée fine :
148 (11,9%)
amphores :
83 (6,6%)
cér. non tournée :
951 (76,6%)
doiiums :
59 (4,7 %)
TYPES
pseudo-ionien peint : 28 (18,9 %)
petites estampilles : 4 (2,7 %)
proto-campanien A: 4 (2,7 %)
campanienne A : 80 (54 %)
cér. commune jaune : 27 (18,2 %)
céramique gauloise : 3 (2 %)
mortiers massaliètes : 2 (1,3 %)
massaliètes : 79 (95,2 %)
italiques : 4 (4,8 %)
urnes : 36
coupes : 24
couvercles : 12
2.7.2. Typologie des formes céramiques
- Pseudo-ionien peint : 10 fr. de kylix à pâte grise (forme 26) (21), 1 fr. à
bandes peintes, 1 bord de coupelle (forme 18), 1 anse bifide avec deux
trous de réparation.
- Petites estampilles : 1 bord de bol 27a (fig. 16, n° 4), 1 anse de kylix
42Bb (22). - Campanienne A :8 bords de bols 27b (fig. 16, n° 2 et 3), une
coupelle de forme 25 (fig. 16, n° 1), 2 bords de bols 31,1 bord de patère
33b, 1 bord de kylix 42Bb (fig. 16, n° 5), 2 anses.
- Céramique commune à pâte jaune : 2 fonds et 1 bord d'ampoule massaliète (fig. 16, n° 8), 2 bords d'olpés (fig. 16, n° 7), 1 bord d'œnochoé à
lèvre en amande, 3 anses.
- Mortier massaliète : 1 exemplaire complet et 1 bord (fig. 16, n° 10 et 9).
- Céramique gauloise : 1 bord de vase balustre à engobe blanc sur pâte
brune.
- Amphore massaliète : 1 bord de type 9 (fig. 16, n° 12) (23), 1 bord de
type 8 (fig. 16, n° 1 1), 4 anses.
- Céramique non tournée : 1 urne complète (forme 221 J, rapport 111,
bord C01, fond 1 1 A, double chevron imprimé au peigne) (fig. 17, n° 2) ;
bords
n°
1 etd'urnes
5) (24) (B01=l,
; bords deC01=23,
coupes C02=3,
(D06=l,CO3=5,
E01=l,C09=2,
E04=2,C13=l)
E06=l, (fig.
E07=2,
17,
H01=3, 101=11, 105=2, 109=1) ; bords de couvercles (C01=3, D01=8,
D03=l) (fig. 17, n° 4 et 6) ; fonds (11A=6, 12A=7, 13A=2, 42C=1,
62A=2, 62C=1) ; préhensions (3 anses verticales, 1 anse horizontale à
section ronde) ; décors d'urnes (1 rangée d'impressions triangulaires, 2
rangées de coups incisés, 2 rangées d'oves imprimées, 5 chevrons
simples incisés, 2 doubles chevrons incisés, 1 double chevron imprimé au
peigne) (fig. 17, n° 3), 1 trou de réparation.
Fig. 15 - La ruelle 121 au début du Ilème s. (surface 17, phase HA); vue
prise du nord.
- Dolium : 3 fragments d'un fond plat percé au centre après cuisson, 1
cordon, 1 bord à section triangulaire.
2.7.3. Documents divers
- Terre cuite : 1 fusaïole (fig. 17, n° 7), 1 rondelle percée et 2 non percées
taillées dans des parois de vases, 1 bec de lampe campanienne A type
Esquilin (fig. 17, n° 8), 1 fragment et une tête de chenets (fig. 17, n° 1 1).
- Bronze : 1 fibule de type 9 (25).
-Fer A tige, 1 fibule de type 10 (fig. 17, n° 14), 2 fragments d'une lame
d'épée (partie au contact de la soie), 1 tête de clou (fig. 17, n° 9), 2 scories
de forge.
- Verre : 20 fragments appartenant au moins à 2 bracelets (verre bleu à
rehauts jaunes et blancs) (fig. 17, n° 12 et 13), 2 fragments d'un bracelet
incolore à incrustations d'émail jaune.
- Monnaies : 1 obole en argent de Marseille à la roue (inv. 42 : 122, c. 13)
; 1 obole semblable (inv. 63 : 16, c. 1 1) ; 1 moyen bronze de Marseille au
taureau comupète (inv. 41 : 122, c. 1 1 A).
- Faune : 507 os ou fragments d'os, 8 écailles de poisson, 1 coquillage
(cardium).
2.1 A. Intrusions
1 bord de lékanide en céramique pseudo-attique de Marseille (121, c.
1 8: fig. 16, n° 6) (26) ; 1 bord de canthare en bucchero nero (122, c. 15) ; 1
pied de coupe pseudo-ionienne B2 (122, c. 15).
3. La Phase IIB
(trois derniers quarts du Ilème s. av. n. è.)
Durant cette phase, bien que le plan d'ensemble du
quartier reste stable, la répartition des traces d'occupation
dans les îlots varie sensiblement: dans la zone 16 au sud, la
maison précédente n'est pas rebâtie; dans la partie nord, si
le secteur 101 reste un espace extérieur, une habitation est
construite dans le secteur 102-1 1, précédemment non cou-
STRATIGRAPHIE DU MARDUEL
23
121 -ISA
16-11
16-11
16-11
I 16-11
121-18
122-13
16-W
f
122-13
Fig. 16 - 11Mobilier de la phase HA (vers 200-175) : céramiques tournées fines et amphores.
121-1812
vert; l'occupation de la maison 122 et l'utilisation de la
ruelle 121 se poursuivent, avec des remaniements dans
l'architecture.
Les mobiliers appartenant à la phase IIB seront
regroupés en deux "ensembles" chronologiques : d'une part ceux
qui sont issus des niveaux d'occupation correspondant à
cette phase, c'est-à-dire au plein Ilème s. (ensemble IIB1);
d'autre part ceux qui proviennent des niveaux de
destruction ou de remaniement qui surmontent immédiatement
certaines couches de la phase IIB, et qui appartiennent à la
fin du Ilème s. (ensemble IIB2).
3.1. LA ZONE 16 DURANT LA PHASE IIB
Après la destruction de la maison 16 / sol 10, un
puissant remblai, formé en partie de matériaux provenant du
démantèlement de l'élévation des murs de celle-ci
(nombreux morceaux de briques crues concassées), est étalé sur
tout le secteur concerné (zone 16, couche 9 = zone 15,
couche 9) (27). Le sédiment liant les fragments de briques est
de nature limoneuse. On relève dans la partie sud de la zone
16, et surtout vers l'ouest à l'aplomb du mur Bj-Bk, la
présence de pierres, parfois grosses, qui proviennent peut-être
de la destruction d'une partie du solin. Le mobilier contenu
dans le remblai est très dispersé, mais un peu plus abondant
à la base de la couche; sa datation est ancienne dans la
phase, apparemment antérieure au milieu du Ilème s.
(ensemble IIB 1).
La couche 9 ne porte pas, à sa surface, de traces
d'occupation caractérisées. Il semble qu'elle ait été étalée
au-dessus des ruines de la maison précédente pour constituer en
bordure de la rue 17 une aire extérieure, dont rien ne permet
cependant de préciser l'utilisation. On note seulement
l'existence, au sud-ouest, d'un tronçon de mur
grossièrement bâti (Aw) (28) qui semble avoir servi de soutènement
pour les sédiments de la rue 17, dont le sol devait être à
cette époque plus élevé. Ce mur repose sur le sommet arasé
de Bj.
Nous verrons qu'au début du 1er s. av. n. è., un nouveau
bâtiment sera implanté dans la zone 16 : en témoigne
notamment le mur At, en partie fondé dans l'épaisseur de la
couche 9. Lors de cette construction, des remblais
contenant un mobilier de la fin du Ilème s. (zone 15, c. 8 ; zone
16, c. 6/8) seront étalés de part et d'autre du mur. Leur
mobilier est étudié ci-après avec l'ensemble IIB2.
M. PY, D. LEBEAUPIN et coll.
24
122-13
102-11
102-11
16-10
16-10
16-11
102-11
102-11'
122-13
16-10
16-10
11
i
10
12
16-10
13
Fig. 17 - Mobilier de la phase HA (vers 200-175) : céramique non tournée et objets.
?%p>: 11-9
14
STRATIGRAPHIE DU MARDUEL
25
3.2. LE SECTEUR 101 DURANT LA PHASE IIB
Bien qu'un mur bordant à l'est le secteur 101 soit
construit durant le Ilème s. (mur e), et que les autres murs
délimitant précédemment ce secteur soient conservés sur une
certaine hauteur, rien ne permet de penser que cette zone
serve alors, pas plus qu'antérieurement, d'habitation. En
effet, aucun sol n'a été retrouvé pour cette époque, qui n'est
illustrée en stratigraphie que par une épaisse couche de
remblai (c. 9), contenant du mobilier de la fin du Ilème s.
(ensemble IIB2), et probablement étalée en ce lieu lors de
la construction du sol 101 / 7, au début du 1er s. (voir ciaprès, phase IA). La construction du mur e à l'est est liée à
la réoccupation de la zone 1 1; la conservation du mur h Ix
au nord, à la permanence de l'occupation de la maison 122;
celle du mur Ca au sud et du mur Bz à l 'ouest, à leur rôle de
soutien pour les sédiments des rues 14 et 13.
La seule structure témoignant de l'utilisation de la zone
101 (comme cour ?) au Ilème s. est un four construit dans
une fosse (c. 1 IB) située dans l'angle sud-ouest du secteur
et creusée à travers les couches 11, 12 et 13 sous-jacentes
(plan : fig. 12 et coupe : fig. 18). Du four lui-même,
construit contre le mur Bz, ne subsistent qu'une partie de la sole
et le départ des parois verticales en torchis : ces éléments
permettent de reconstituer un four "en cloche" de plan
arrondi (diamètre env. 50 cm). L'ouverture se trouvait vers le
sud-est et débouchait sur une dépression circulaire servant
d'alandier (diamètre 67 cm, profondeur maximale 17 cm),
enduite d'argile jaune et touchant le mur Ca. L'enduit
d'argile est rubéfié en surface. Le remplissage du four est
constitué de cendres, celui de la fosse contiguë" de plusieurs
couches de cendres et de charbons de bois, ainsi que de
morceaux d'argile cuite, le tout recouvert d'éléments de
torchis rubéfiés provenant de la destruction des parois du
four. Dans la fosse a été notamment recueilli un fond de
vase campanien A à rosette (bol de forme 27).
3.3. LA MAISON 102 - 1 1 DURANT LA PHASE IIB
C'est au cours du Ilème s., sans doute dès les environs
de 175, qu'une maison est bâtie dans les secteurs 102 et 1 1 .
On reconstruit la façade nord : mur k (29), séparant 102-1 1
de la ruelle 121 ; une nouvelle façade est créée à l'ouest :
mur e (fig. 12) (30). On ignore tout de la façade sud le long
de la rue 14, épierrée en même temps que le mur Aj de la
zone 10. A l'est, il est probable que la maison 102-11
s'étendait jusqu'au rempart (fig. 1), couvrant environ 35
m2 (mais les deux tiers de cette surface supposée ont été
détruits par le terrassement agricole).
Le mur k est en partie fondé en tranchée (cf. secteur
121 , c. 18), en partie posé sur l'arasement du mur /, en
parue aussi séparé de ce mur par la couche 10 de la zone 1 1 . Il
est conservé sur 70 cm, ce qui pourrait correspondre à la
hauteur complète d'un solin de pierre, l'élévation étant en
briques crues. Dès l'origine, ce mur est doublé vers
l'intérieur de la maison par une rangée de briques (ou de demi
briques) (31) formant une contre-cloison de 15 cm
d'épaisseur (De), conservée sur une trentaine de centimètres de
hauteur (soit 3 lits). La base de ce doublage est prise dans la
couche 9, qui constitue le remblai de fondation du premier
sol de la maison (surface 8b) (fig. 19, à droite).
Fig. 18 - Stratigraphie de détail du four de la zone 101 (phase IIB : vers
175-100) ; coupe sud-est / nord-ouest.
Le mur e est construit en tranchée de fondation dans
divers remblais (secteur 102, couche 12). Il n'est conservé
que sur une ou deux assises, car il a été arasé au début du
1er s. par la construction du mur d (irtfra).
La séquence stratigraphique de la zone 102-11
correspondant au Ilème s. comprend une phase de construction :
ll/c.9 ; une phase d'occupation : ll/s.8a-b, ll/s.7 = 102/
s. 10, 1 l/s.6a ; et une phase de réaménagement: 1 l/c.6= 102/
c.9. La couche 9 de la zone 1 1 (qui s'amincit vers l'ouest et
ne se retrouve pas en 102) est constituée de matériaux de
construction en réemploi (briques et pierres liées par du
limon). Par dessus se trouve une accumulation de sols, la
plupart construits avec une pellicule d'argile jaune ou
grise. Les plus nets sont les suivants, de bas en haut :
- sol 1118b : surface enduite d'argile grise, présentant plusieurs traces de
foyers lenticulaires et taches de cendres, et les restes d'un foyer construit
en argile, sans radier, dans le carré E2.
- sol 1118a : sol enduit d'argile jaune, localement taché de cendres. Ce sol
comporte dans le carrés E2-E3 un foyer construit de la manière suivante:
radier de pierres plates disposé dans une petite fosse quadrangulaire (fig.
20), recouvert d'une sole d'argile cuite lissée, dont les côtés ont été
régularisés par grattage en forme de quadrilatère, et encadrés par une pellicule
d'argile jaune rapportée (fig. 21) ; à noter que ce foyer a été coupé en
deux par la tranchée de fondation du mur b vers 75 av. n. è. (fig. 12). De
part et d'autre du foyer se trouvent deux calages de piquet formés de
petites pierres plantées.
-sol 11/7=102/10 : sol construit avec une pellicule d'argile jaune,
localement brune, avec charbons de bois, qui vient s'appuyer dans le secteur
102 contre le parement du mur e. A l'aplomb du foyer construit du sol 1 1/
8a, on note une tache brûlée et cendreuse qui montre une permanence de
l'utilisation de cet emplacement comme foyer.
- sol 1116a : ultime réfection de la surface habitée avant remaniement, le
sol 6a, qui n'est que partiellement conservé (il n'apparaît pas dans le
secteur 102), est encore une fois un sol d'argile jaune, dont l'épidémie est
par endroit rubéfié. Deux foyers lenticulaires s'y rapportent : dans le
carré E2, foyer de forme arrondie coupé par la tranchée de fondation du mur
b, à peu près à l'aplomb des foyers des sols 8a et 7 ; dans le carré F3, trace
de foyer allongée avec cendres. A proximité se tient une petite fosse
circulaire (recoupée par la fosse 4a), d'une trentaine de cm de diamètre, qui
livre des cendres, des charbons de bois, quelques fragments de fer et une
scorie ferreuse (rebuts de forge ?).
Cet ensemble de sols est scellé par une couche de
réglage (couche 1 1/6=102/9) lors du remaniement marquant
le début de la phase IA, et dont le mobilier sera rattaché à
l'ensemble IIB2.
M. PY, D. LEBEAUPIN et coll.
26
r
sud
nord
Fig. 19 - Stratigraphie sud-nord de la zone 11, selon l'axe des carrés F.
3.4. LA MAISON 122 DURANT LA PHASE IIB
Au début de la phase IIB, l'architecture de la maison
122 est remaniée : l'élévation en adobes des murs nord
(Bd), ouest (Al) et sud (h/x) est probablement démolie
(c. 13) et reconstruite, la façade orientale est complètement
refaite (mur Ab succédant au mur Ad). Cependant, le plan
de l'habitation demeure presque identique, seule la porte
sur la ruelle 121 changeant semble-t-il de place (fig. 12).
Le premier sol d'occupation de cette phase (sol 12) est
fondé sur un remblai à base de matériaux de démolition :
fragments de briques en terre jaune, grise et verdâtre sur la
majeure partie de la surface (couche 13) ; tas de pierres
dans le coin sud-ouest de la salle (couche 11 A). Dans ce
niveau se trouve en réemploi un mobilier attribuable à la
phase précédente (IIA). Le sol 12, sommet aplani et
compacté de ce remblai, ne livre que très peu de traces
d'occupation (quelques charbons de bois dispersés).
Au-dessus prend place un niveau de terre contenant
quelques pierres éparses et un mobilier assez abondant
(c. 11), qui correspond à l'étalement de résidus
domestiques que l'on rattache à l'ensemble IIB 1 . La fin de cette
occupation est matérialisée par un sol de terre battue de
couleur brun-jaune, marqué par de nombreux charbons de bois
et tessons disposés horizontalement A ce sol appartient un
petit foyer construit en argile, dans le carré A7.
Le tout est scellé par une nouvelle couche de
destruction (c. 9), faite essentiellement de briques crues, dont le
mobilier sera rattaché à l'ensemble IIB2.
3.5. LA RUELLE 121 DURANT LA PHASE IIB
Bien que la topographie du secteur 121 reste semblable
à ce qu'elle était précédemment, toutes les structures bâties
délimitant cette ruelle sont reconstruites au début de la
phase IIB (fîg. 12) : à l'ouest, la façade Ab (32) succède au
mur Aa ; au sud, un nouveau mur (k) est construit à
l'aplomb du mur / ; et à l'est, le mur z est arasé et l'on
reconstruit par dessus, mais selon une direction légèrement
différente, le mvrp (33), terminé par un piédroit ménageant
une porte vers la zone 021-022 (fig. 1). Deux couches sont
liées à ces remaniements de l'architecture : la couche 18 au
sud, qui comble une légère tranchée de fondation du mur k
(petites pierres prises dans une terre sableuse) ; la couche
16, épais remblai contenant des graviers et de nombreux
tessons de vases disposés avec des pendages divers (fig. 1 1 ,
B, à droite).
Sur le remblai prend place un sol (s. 15) qui témoigne de
l'utilisation de lamelle 121 à des fins domestiques (annexe
d'une des habitations contiguôs ?) ou artisanales. Il s'agit
d'un sol de terre sur lequel repose, contre le mur />, une
STRATIGRAPHIE DU MARDUEL
27
Fig. 20 - Foyer construit du sol 8A de la zone 1 1 (phase IIB), recoupé par
la fondation du mur b : fosse et radier (vue prise de l'est).
Fig. 21 - Foyer construit du sol 8A de la zone 1 1 (phase IIB), recoupé par
la fondation du mur b : sole lissée (vue prise de l'est).
étroite banquette (w) faite d'un lit de pierres plates. Quatre
fosses sont creusées à partir de ce sol (fig. 12) : la fosse 15 A
au nord est peu profonde; le fond en est colmaté par une
lentille d'argile jaune-vert, entourée par quelques pierres.
La fosse 15B, de forme rectangulaire allongée, porte des
traces de feu : les parois en sont rougies et recouvertes
d'une mince pellicule de charbons de bois. La fosse 15C est
une légère dépression colmatée d'argile grise. Enfin le
fosse 1SD, de forme arrondie (mais coupée en deux par la
tranchée de fondation 8A du mur n), est enduite d'une fine
pellicule d'argile pure de couleur jaune. Les rares
documents mobiliers retrouvés dans ces fosses ne permettent
pas d'en préciser la fonction.
Au-dessus du sol 15 prend place une mince recharge de
terre de texture sableuse (c. 14), qui recouvre les fosses
15A-D et la banquette w. Ce niveau sert de base à un sol
marqué par des tessons disposés à plat et recassés sur place
(s. 13). Sur ce sol, une nouvelle banquette est construite
contre le murp, à l'aplomb de x, mais de direction un peu
différente : cette banquette (v) est faite comme la
précédente d'un seul lit de pierres, cependant plus massives (fig.
12). Au niveau du sol 13 également, la porte située entre le
murp et le mur k est bouchée par un amoncellement de gros
blocs, dont deux sont posés de chant contre le piédroit dtp.
Le tout est recouvert par plusieurs remblais (couche 11-12,
poche 9-10) dont la mise en place marque le début de la
phase suivante (IA), mais dont le mobilier est rattachable à
l'ensemble chronologique IIB2.
du remplissage du mur récent, a permis d'en dater la
construction (fig. 23).
Le mur rajouté a une épaisseur de 3 à 3,20 m, ce qui
porte la largeur totale du rempart à environ 6 m. Le
nouveau parement est fait de blocs calcaires appareillés à sec
en lits horizontaux. Le sondage mené à l'intérieur de ce
mur (secteur 061), contre le parement extérieur du premier
rempart, a donné la stratigraphie suivante (fig. 24) : sous
trois couches remaniées par la culture (niveaux épierrés et
terre rapportée pour constituer une terrasse agricole : c. 1 , 2
et 3), on rencontre du haut en bas une alternance de couches
de pierres (fig. 23) et de couches de terre cendreuse (c. 4 à
8). Ces niveaux livrent pêle-mêle de nombreux déchets
(tessons de céramique, petits objets, faune) qui montrent
que le comblement de l'espace compris entre le parement
nouvellement construit et l'ancienne enceinte a servi, au
cours de la construction, de dépotoir domestique. Ces
restes permettent de dater précisément le doublement de la
fortification, qui s'inscrit dans le deuxième quart du
Ilème s. av. n. è. Seule la couche 8, au contact du rocher
naturel, livre quelques témoins plus anciens, en majorité du
Bronze final Illb (couche d'habitat résiduelle).
Il est probable que le doublage en largeur du rempart a
été imposé par l'exhaussement des niveaux d'habitat
contre son parement intérieur depuis la fin du Vlème s. La
poussée des terres a sans doute nécessité qu'on élargisse
l'ouvrage, pour augmenter sa résistance latérale, et peutêtre pour permettre de le surélever.
3.6. LE DOUBLAGE DU REMPART
L'extension de la fouille du Chantier Central vers l'est a
permis de constater que le rempart archaïque (mur An,
construit à la fin du Vlème s. av. n. è., avait été doublé en
largeur au cours de la phase IIB (mur Av) (fig. 1). Un
premier sondage (secteur 062) a eu pour but d'en repérer le
parement extérieur et de dégager le sommet de son
arasement (fig. 22) ; un second (secteur 061), mené à l'intérieur
3.7. MOBILIER DE LA PHASE H B : ENSEMBLE IIB 1
(vers 175 - 125 av. n. è.)
3.7.1. Statistique des céramiques
Les fragments de céramique appartenant aux niveaux
de la phase IIB, ensemble IIB 1 (34), au nombre de 3360, se
répartissent de la manière suivante:
M. PY, D. LEBEAUPIN et coll.
28
CATEGORIES
cér. tournée fine :
361 (10,7 %)
amphores :
247 (7,4 %)
cér. non tournée :
2577 (76,7 %)
doliums :
175 (5,2%)
TYPES
pseudo-ionien peint : 8 (2,2 %)
petites estampilles : 1 (0,3 %)
proto-campanien A : 2 (0,6 %)
campanienne A : 207 (57,3 %)
cér. commune jaune : 124 (34,3 %)
céramique gauloise : 3 (0,8 %)
cér. catalane : 9 (2,5 %)
cér. commune italique : 1 (0,3 %)
mortiers massaliètes : 4 (1,1 %)
mortiers italiques : 2 (0,6 %)
massaliètes : 179 (72,5 %)
italiques : 68 (27,5 %)
urnes : 108
coupes : 123
couvercles : 3 1
3.7.2. Typologie des formes céramiques
- Pseudo-ionien peint :1 bord, 1 anse et 1 fond de kylix à pâte grise de
forme 26 (fig. 25, n° 14); 1 bord de coupelle de forme 18 à pâte jaune et
vernis brun (fig. 25, n° 1); 1 autre bord.
- Petites estampilles : 1 fragment orné d'un guillochis.
- Proto-campanienne A :1 bord de kylix 42Bb (fig. 25, n° 4); 1 fragment
à décor de rehaut blanc (fig. 25, n° 10).
- Campanienne A : 2 bords de plats 6 (fig. 25, n° 7) ; 34 bords de bols 27b
(fig. 25, n° 5 et 8) ; 5 bords de bols 27c ; 4 bords de patères 27B ; 6 bords
de bols 31 (fig. 25, n° 9) ; 3 bords de plats 36 (fig. 25, n° 6) ; 1 bord de
kylix 49 (?) (fig. 25, n° 2) ; 1 fond de kylix Morel 68 ; 2 fonds annulaires
à décor de cercles incisés (fig. 25, n° 3) ; 2 fonds dont 1 à rosette ; 2 graffites(fig.25,no8et9).
- Céramique de la côte catalane : 3 bords d'œnochoés bitronconiques.
- Céramique commune à pâte jaune : 4 anses et 1 fond d'ampoules
massaliètes (fig. 25, n° 13) ; 1 anse collée ; 1 bord d'olpé à lèvre déversée ; 1
bord d'olpé en amande; 3 anses et 3 fonds d'olpés.
Fig. 22 - Parement extérieur du rempart du Vlème s. et de son doublage
du Ilème s. (phase IIB, au premier plan) dans la zone 062 ; vue prise du
sud-est.
- Céramique gauloise peinte : 1 bord de vase balustre (fig. 25, n° 1 1) ; 1
fragment avec décor onde au brunissoir (fig. 25, n° 12).
- Céramique commune italique :1 fond plat â'olla (fig. 25, n° 15).
- Mortiers massaliètes : 2 bords à lèvre pendante; 1 bord avec cordon
digité ; 1 bec verseur (fig. 26, n° 1).
- Mortiers italiques : 2 bords dont 1 à cordon digité (fig. 26, n° 3).
- Amphores massaliètes : 2 bords de forme 8 (fig. 27, n° 2 et 5) ; 3 bords
de forme 9 (fig. 27, n° 1, 3 et 4) ; 1 fragment engobé de rouge à
l'extérieur ; 3 anses.
- Amphores italiques : 1 col d'amphore gréco-italique (fig. 25, n° 16) ; 1
bord de Dressel 1 A (fig. 25, n° 17) ; 2 anses ; 1 fond.
- Céramique non tournée : 1 urne de forme 221J, bord C03, fond 11 A,
rapport 93, décor d'une rangée d'oves (fig. 26, n° 4) ; 1 urne de forme
probable 221 J, fond 1 1 A, décor de chevron simple incisé (fig. 26, n° 12);
1 urne de forme 221 J, bord C03, fond 1 1 A, rapport 100, décor d'un
chevron double imprimé au peigne (fig. 26, n° 8); bords d'urnes (B01=7,
C01=57, C02=4, C03=15, C04=l, C06=5, C09=9, Cl 1=5, C13=l,
D04=l) (fig. 26, n° 7) ; 1 coupelle de forme 122, bord 101, fond 21 A,
rapport 52 (fig. 26, n° 9) ; bords de coupes (D03=2, D06=l, D07=l,
D08=l, E01=14, E02=3, E03=l, E04=6, E06=2, E07=ll, E08=5,
E09=4, F04=l, G01=l, H01=3, H05=l, 101=53, 102=3, 105=4, 108=2,
109=3) (fig. 26, n° 6) ; bords de couvercles (C01=2, D01=21, D02=l,
D03=4, D09=l, Dll=l, E03=l) ; fonds (11A=16, 12A=28, 12B=2,
13A=1, 21A=2, 22A=4, 23A=1, 41A=1, 42C=1, 62A=2, 62C=2) ;
préhensions (8 anses verticales dont 2 bifides) ; décors d'urne (15 chevrons
simples imprimés au peigne, 3 chevrons doubles imprimés au peigne, 15
chevrons simples incisés, 10 chevrons doubles incisés, 1 triple chevron
incisé, 1 onde incisée) ; décors de coupe (3 bords décorés d'impressions,
1 bord décoré d'incisions) ; divers : 3 graffites en croix sous 3 fonds de
vase (06, c. 4) (fig. 26, n° 1 1) ; 2 becs verseurs ; 1 fond de mortier à
incrustation de calcite ; 1 jatte imitant la forme du mortier massaliète
(fig. 26, n° 13).
- Dolium : 5 bords, 3 fonds plats, 4 cordons lisses, 1 cordon incisé, 1
cordon à impressions.
3.7.3. Documents divers
- Terre cuite : 1 rondelle percée dans paroi de dolium (fig. 27, n° 8) ; 2
rondelles en céramique non tournée dont 1 percée (fig. 27, n° 6, 7, 9 et
10) ; 1 extrémité arrière de chenet en biseau (fig. 27, n° 12) ; 4 fragments
de chenets (fig. 27, n° 13) ; 1 fusaïole (fig. 27, n° 1 1).
- Verre : 4 fragments de bracelets bleus dont 2 à incrustations d'émail
jaune et blanc (fig. 27, n° 14 et 15).
Fig. 23 - Sondage dans le doublage du rempart (zone 061) faisant
apparaître le blocage fait de lits de pierres (à gauche) contre k rempart du
Vlème s. (à droite) ; vue prise du nord au niveau de la couche 5.
'
STRATIGRAPHIE DU MARDUEL
29
Ouesï
3m
doublage du IIe s
-700 j062
Fig. 24 - Coupe est-ouest du rempart du Vlème s. (mur An) et de son doublage du Ilème s. (Av), et stratigraphie du sondage 061 selon l'axe des carrés 94.
- Fer : 2 clous et 1 pointe de clou (fig. 27, n° 17, 23 et 24), 3 fragments de
tiges (fig. 27, n° 18 et 22), 1 anneau (fig. 27, n° 19), 1 lame de couteau
avec soie (fig. 27, n° 21), 1 lame de plane avec extrémité en boule (fig.
27, n° 20) (35), 1 plaque, 1 fragment de ferrure avec trou (fig. 27, n° 16) ;
4 scories.
- Bronze : 1 tige ; 1 anneau fin.
- Pierre : 1 couvercle taillé dans une pierre plate ; 3 fragments de meule
en basalte ; 2 éclats et 1 lamelle en silex ; 1 concasseur sur galet noir avec
traces de percussion.
- Faune : 1553 os ou fragments d'os ; 3 coquillages (dont 1 cardium).
3.7'.4. Intrusions
7 fragments de céramique grise monochrome (16, c. 9; 121, c. 14 et
c. 16) ; 3 bords de bols en céramique grise monochrome (15, c. 9; 121, c.
16 ; 122, c. 1 1) ; 1 décor incisé après cuisson sur céramique non tournée
(15, c. 9) (fig. 26, n° 5) ; 2 fragments d'amphore étrusque (06, c. 6) ; 1
bord d'urne en céramique non tournée de type ancien (D04) (06, c. 6) ; 1
fond de kylix attique à vernis noir (121, c. 16) (36).
3.8. MOBILIER DE LA PHASE EB : ENSEMBLE IIB2
(vers 125 - 100 av. n. è.)
3.8.1. Statistique des céramiques
Les fragments de céramique appartenant aux niveaux
de la phase IIB, ensemble IIB2 (37), au nombre de 2946, se
répartissent de la manière suivante :
CATEGORIES
cér. tournée fine :
631 (21,4 %)
amphores :
368 (12,5 %)
cér. non tournée :
1866 (63,3%)
doliums :
81 (2,7 %)
TYPES
pseudo-ionien peint : 8 (1,3 %)
proto-campanien A : 3 (0,5 %)
campanienne A : 303 (48 %)
campanienne B : 4 (0,6 %)
cér. commune jaune : 294 (46,6 %)
céramique gauloise : 2 (0,3 %)
cér. catalane: 8 (1,3%)
cér. commune italique : 1 (0,2 %)
mortiers italiques : 3 (0,5 %)
autres types : 5 (0,8 %)
massaliètes : 75 (20,4 %)
italiques : 293 (79,6 %)
urnes : 66
coupes : 59
couvercles : 21
I
M. PY, D. LEBEAUPIN et coll.
30
l
121-16
15-9
121-W
15-9
121-14
122-11
y
121-16
06-4
10
11
121-14
12
06-7
13
75-91
H
121-14
15
Fig. 25 - Mobilier de la phase IIB1 (vers 175-125) : céramiques tournées fines et amphores italiques.
STRATIGRAPHIE DU MARDUEL
3.8.2. Typologie des formes céramiques
- Pseudo-ionien peint : 2 fragments de kylix à pâte grise, 2 bords de
coupe et un bord d'œnochoé.
- Proto-campanienne A : 1 bord de coupelle 27, 1 bord de kylix 42Bb.
- Campanienne A : 1 bord de plat 5, 5 bords de plats 6 dont un de petite
taille (fig. 28, n° 3), 18 bords de patères 27B (fig. 28, n° 7), 32 bords et 1
fond de bols 27b (fig. 28, n° 5), 5 bord de bols 27c, 4 bords de coupelles
28a-b (fig. 28, n° 4 et 6), 19 bords de bols 31 (fig. 28, n° 8 et 9), 1 bord de
patère 33b, 12 bords de plate 36, 2 bords et 1 fond de kylix Morel 68, 5
fonds dont 1 à décor de cercles de rehaut blanc (fig. 28, n° 10), 1 à décor
de guillochis (fig. 28, n° 12), 1 à decor de cercles incisés (fig. 28, n° 1 1),
3 anses.
- Campanienne B : 1 fond de bol 1 , 1 fragment de forme 1 ou 8, 1 bord de
plat 5 (fig. 28, n° 1), 1 bord de kylix Pasquinucci 127 (fig. 28, n° 2).
- Céramique de la côte catalane : 5 fragments d'œnochoés bitronconiques.
- Céramique commune ibérique : 1 fragment à pâte grise en épaisseur et
orangée en surface.
- Céramique commune à pâte jaune : 1 ampoule massaliète (fig. 29,
n° 1), 3 anses et 1 fond d'ampoules (fig. 28, n° 15 et 17), 2 olpés à bord
déversé
n°
3), 1 panse
(fig. 28,d'olpé
n° 18(fig.
et fig.
28, 29,
n° n°16),2),151 bords,
olpé à 3bord
fondsen etamande
17 anses(fig. 29,
d'autres olpés ou œnochoés.
- Céramique gauloise peinte : 1 fragment à enduit rouge sombre, un autre
à enduit blanc.
- Céramique commune italique 1 bord de grand couvercle (fig. 28, n°
13).
- Mortiers italiques : 1 bord (fig. 30, n° 8) et 1 fond.
- Autres céramiquesfines : 1 imitation d'œnochoé de la côte catalane en
argile grise micacée (fig. 28, n° 14) ; 3 fragments à pâte grise dont 1 à
peinture brune.
- Amphores massaliètes : 1 bord de forme 8 ; 2 anses.
- Amphores italiques : 6 bords de forme Dressel 1A (fig. 30, n° 1 et 3-7) ;
2 bords et 1 col de type Dressel 1C (fig. 30, n° 2) ; 3 fonds ; 16 anses ; 1
col recoupé et usé.
-Céramique non tournée : bords d'urnes (B01=3, C01=38, C02=2,
C03=8, C06=l, C09=2, Cll=10, C13=l, C19=l) (fig. 29, n° 4 et 5); 1
coupe carénée de forme 441, bord F08 i décor d'impressions obliques
sur la lèvre, fond 11 A, rapport 35 (fig. 29, n° 10) ; bords de coupes
(E01=6, E02=l, E04=2 E06=4, E07=3, E08=l, E14=l, H01=2, H02=l,
101=27, 105=8, 108=1, 109=2) ; bords de couvercles (C01=3, C09=l,
D01=8, D02=l, D03=4, D09=3, E01=l) (fig. 29, n° 9) ; fonds (11A=9,
11B=2, 12A=8, 12B=1, 21A=1, 62A=4, 62C=2) ; décors d'umes (6
chevrons simples imprimés au peigne, 5 chevrons doubles imprimés au
peigne, 3 chevrons simples incisés, 14 chevrons doubles incisés, 2
rangées d'incisions linéaires obliques, 3 rangées d'oves imprimées, 4
rangées de triangles imprimés, 1 onde incisée) (fig. 29, n° 6 et 7); décors de
coupes (3 bords décorés d'impressions, 1 bord décoré d'incisions)
(fig. 29, n° 1 1) ; préhensions (1 anse verticale, 1 anse bifide, 1 anse
horizontale) ; divers (1 trou de réparation, 1 bec verseur).
- Dolium : 1 bord (fig. 29, n° 8), 2 fonds plate, 1 cordon digité, 1 cordon
lisse.
31
soie avec trou pour rivet (fig. 30, n° 14) ; 1 fragment de lame avec rivet
(fig. 30, n° 11); 8 scories.
- Bronze : 1 anneau plat (fig. 30, n° 24); 2 fragmente d'ardillons de
fibule ; 1 fragment d'une mince feuille décorée d'une série d'impressions
au poinçon ; 1 chaînette à maillons torsadés ; 1 manche de passoire
(fig. 30, n° 25).
- Os : 1 pointe de corne retaillée et polie (poinçon) (fig. 30, n° 27) ; 1
racloir taillé dans un os long et perforé à la partie supérieure (fig. 30,
n° 26).
- Pierre : 1 bouchon taillé dans une pierre plate ; 1 silex taillé (racloir sur
éclat); 1 aiguisoir et 1 lissoir sur galets.
- Monnaies : 1 moyen bronze de Marseille au taureau comupète (inv. 33 :
101, c. 9); 1 obole de Marseille en argent à la roue/MA (inv. 20 : 101,
c. 9) ; 1 petit bronze de Marseille au taureau cornupète (surfrappé?) (inv.
46: 121, c. 12); 1 petit bronze fruste (peut-être au taureau) (inv. 40 : 121,
c. 12).
- Faune : 1376 os ou fragments d'os ; 2 coquillages.
3.8.4. Intrusions
3 fragmente de céramique grise monochrome dont un pied de coupe
(121, c. 12 ; 122, c. 9) ; 1 bord de bol en verre blanc (121, c. 12); 1 épaule
d'urne du BF mb à décor en coin de règle (121, c. 12) ; 1 fragment de
coupe carénée du BF mb (15, c. 8) ; 1 bord d'urne tournée à gros
dégrais ant (101, c. 9).
4. La phase IA (premier quart du 1er s. av. n. è.)
Dans le cadre du Chantier Central, on n'observe au
début de la phase IA aucune rupture dans l'organisation
générale de l'habitat, mais des transformations affectant
surtout les zones 10-1 1 et 15-16, où de nouveaux murs sont
construits. Les secteurs 121 et 122 ne livrent que très peu
de traces d'occupation. Il semble même que la maison 122,
après destruction à la fin du Ilème siècle (couche 9), soit
abandonnée pour un temps. On n'a pas non plus de traces
de la phase IA dans les rues 13, 14 et 17, du fait de
l'abaissement général de leur niveau signalé ci-dessus
(paragraphe 2.6). On a vu que beaucoup de niveaux correspondant à
ces remaniements ont livré du mobilier en réemploi
appartenant à la fin de la phase II (ensemble IIB2). Quelques
couches seulement témoignent de l'occupation des lieux au
début du 1er s. Nous en donnerons comme précédemment
une analyse par secteur.
3.8.3. Documents divers
4.1. LES ZONES 15 ET 16 DURANT LA PHASE IA
- Terre cuite : 5 rondelles taillées dans des parois de vases (4 sur cér. non
tournée, 1 sur cér. campanienne A) ; 1 peson pyramidal en terre jaune,
avec9); graffite
n°
3 fragmente
en croix
de paroi
au sommet
de four(fig.
en torchis
30, n°égalisée
10) ; 1 aufusaïole
peigne(fig.
à 30,
l'intérieur.
- Verre : 5 fragments de bracelets bleus dont 2 deux avec rehauts d'émail
jaune et blanc (fig. 30, n° 21 et 22) ; 1 fragment de bracelet lisse bilobé en
verre incolore (fig. 30, n° 23).
- Fer : l pointe à douille conique (fig. 30, n° 20); 1 fragment, 1 ressort et
1 ardillon de fibule (fig. 30, n° 19) ; 1 burin plat (fig. 30, n° 12); 4 clous
(fig. 30, n° 13, 15, 16 et 18) ; 1 pointe de clou (fig. 30, n° 17); 4 tiges; 3
fragments de lame ; 1 fragment d'anneau; 1 fragment de ferrure ou de
C'est au début du 1er s. qu'est construit, dans la zone 16,
un mur de direction nord-sud, légèrement fondé à
l'intérieur de la couche 9 sous-jacente. Ce mur (At ), fait de lits
réguliers de pierres plates bées à la terre, relativement épais
(largeur moyenne 62 cm), n'est connu que sur un tronçon
de 3,60 m de long: il est en effet tronqué au nord par le mur
Ay-Ar d'époque augustéenne, et au sud par la fosse 16, c. 2,
du Vème s. de n. è. (plan : fig. 37 ; photographie : fig. 31).
On ne connaît aucun autre mur qui puisse lui être rattaché.
Il est cependant très probable que le bâtiment
correspondant à cette structure s'étendait à l'est vers le rempart. Le
M. PY, D. LEBEAUPIN et coll.
32
121-14
121-16
15-9
16-9
0 6-4
10
06-7
1612
13
ig. 26 • Mobilier de la phase HB1 (vers 175-125) : mortiers et céramique non tournée.
STRATIGRAPHIE DU MARDUEL
33
122-11
24
23
Fig. 27 - Mobilier de la phase IIB1 (vers 175-125) : amphores de Marseille et objets.
i
M. PY, D. LEBEAUPIN et coll.
34
122-9
101-9
121-121
121-121
121-1 1
121-12
121-1 1
10
12
121-11
13
15
121-11
20
14
76-6/6^
15
i
/
\\
16-6/8
121-11
16
17
Fig. 28 - Mobilier de la phase IIB2 (vers 125-100) : céramiques toamées fines.
18
STRATIGRAPHIE DU MARDUEL
mur At sépare désormais les zones 1 5 à l'ouest et 16 à l'est,
la zone 15 n'existant qu'au cours du 1er s.
Immédiatement après la construction de At, de
puissants remblais sont étalés de part et d'autre (voir
stratigraphie : fig. 8, A et B) : à l'ouest, dans la zone 15, il s'agit de
la couche 8, faite de limon enrobant de nombreuses briques
concassées (avec cependant un exemplaire mesurable:
longueur 45,5 cm, épaisseur 7,5 cm), et des pierres de toutes
tailles disposées en tout sens. A l'est, dans la zone 16, un
remblai un peu moins épais, fouillé en trois décapage (c. 6,
7 et 8), a une structure semblable, mais moins pierreuse
(fig. 32). Tous ces remblais contiennent du mobilier repris,
chronologiquement attribuable à l'ensemble IIB2.
Dans la zone 15, il n'existe aucune surface d'utilisation
caractérisée au sommet du remblai 8, soit que cette zone ait
été alors inoccupée, soit que le sommet du remblai ait été
écrêté lors de la phase suivante. Par contre, dans la zone 16,
on rattache à la phase d'occupation IA une fosse profonde
et allongée (de forme ovale, mais en fait de plan mal connu
à cause des remaniements ultérieurs), creusée à partir de la
surface 5B, dans les carrés E93, E94 etF94 (fig. 32, à droite
et fïg. 8, B). Cette fosse est ensuite remplie de pierraille liée
avec de la terre brun-jaune (couche 5A), qui contient un
peu de mobilier. On note néanmoins que la surface 5B est
dépourvue de traces d'occupation. Cette fosse et ce sol très
pauvre dénotent peut-être une utilisation du bâtiment
correspondant comme lieu de stockage. Le tout est recouvert
par un nouveau remblai lors de la phase IB (couche 4-5): ce
remblai reprend des mobiliers contemporains de la phase
IA.
4.2. LE SECTEUR 101 DURANT LA PHASE IA
Pour la première fois depuis la fin du Illème s., le
secteur 101 livre pour la phase IA des traces nettes
d'utilisation en tant qu'habitation couverte. Si l'on excepte le mur
hlx au nord, qui persiste, toutes les structures bâties
entourant ce secteur sont reconstruites au début du 1er s., avec un
plan (fig. 33) légèrement différent de celui des limites
antérieures (fig. 12). A l'est, sur la base arasée du mur e mais un
peu décalé, un nouveau mur (d) (38) est bâti pour séparer
101 de 102-1 1. Au sud, la façade sur la ruelle 14 est
complètement remodelée : la nouvelle construction (mur Cd)
est implantée parallèlement à la façade précédente (Ça),
mais en retrait d'environ un mètre. A son extrémité ouest
est située une porte de 73 cm de large, aménagée avec un
seuil (Bu) fait de deux pierres plates disposées côte à côte
(fig. 41, en contre-bas du seuil Bt). Ce seuil, en élévation
par rapport au sol de la pièce, est calé côté nord par
plusieurs lits de pierres (voir coupe, fig. 18). Du côté ouest, la
façade sur la rue 13 est elle aussi reconstruite : le mur By
(39) succède à Bz, avec une direction nettement différente.
Les premières assises de By sont fondées directement sur
l'arasement de Bz.
Toute la façade sud de la pièce 101 a été
postérieurement détruite et épierrée (zone 10, tranchée 2B), seuls
subsistant quelques pierres de l'angle sud-est, et le seuil
disposé dans l'alignement du mur. L'extrémité sud de By a
également été détruite à cette occasion. Telle qu'on peut la
restituer, la maison 101 est composée d'une seule pièce de
forme trapézoïdale (40), et couvre une surface de 21,4 m2.
35
Le sol de cette maison (surface 7 ; voir stratigraphie :
fig. 1 1 , A) est établi sur un puissant remblai à base de
matériau de destruction, notamment composé de fragments de
briques crues (101, c. 9) et reprenant du mobilier antérieur
(ensemble IIB2). Sur sa plus grande partie, il correspond à
la surface compactée de ce remblai, sans autre trace
d'utilisation. Dans la moitié sud, on remarque sur le sol des traces
cendreuses. Dans l'angle nord-ouest, une plaque d'argile
surmontée de cendres voisine avec une petite fosse
arrondie (fosse 6A : diamètre 60 cm, profondeur 20 cm) remplie
de cailloutis serré. Au centre de la pièce, plusieurs fosses
allongées sont comblées avec des galets de rivière
(couche 8) et livrent du mobilier contemporain de l'utilisation
du sol. Leur fonction n'a pas été déterminée. Le tout est
recouvert d'un remblai, étalé au début de la phase suivante,
qui contient encore un mobilier attribuable à la phase IA
(couche 6).
4.3. LE SECTEUR 102-11 DURANT LA PHASE IA
Comme dans le secteur 101, les limites du secteur 1021 1 sont profondément remodelées au début de la phase IA.
La façade sud sur la rue 14 est reconstruite dans
l'alignement du mur Cd (mais complètement épierrée ensuite :
tranchée 2B) ; la séparation avec le secteur 101 à l'ouest est
rebâtie (voir ci-dessus, mur d). Si l'on ne connaît rien de la
partie est, détruite par les travaux agricoles, on sait que la
limite nord pour sa part ne change pas, le mur k subsistant,
son doublage intérieur de briques (De) étant cependant
détruit.
Sur une mince couche de réglage à base de matériau de
construction (briques crues concassées) et de cailloutis
(102, couche 9 = 11, couche 6), qui contient du mobilier de
la fin du Ilème s. (ensemble IIB2), un nouveau sol est
construit avec de l'argile jaune, pure et compacte. Ce sol (102,
surface 8=11, surface 5), bien plan, vient buter au nord
contre le mur Ajuste au dessus du niveau d'arasement des
briques du doublage De ; à l'ouest, il s'appuie au parement
du mur d, et remonte contre lui sous forme d'enduit. La
surface supérieure de la couche d'argile est par endroit rougie par le feu. C'est au dessus de la chape d'argile qu'est
construite, le long du mur d, une banquette basse faite d'un
lit de petites pierres soigneusement disposées. Cette
banquette se situe dans le coin nord-ouest de la salle (fig. 33) ;
elle a une longueur de 1,95 m pour 0,25 m de largeur
(fig. 34). Sur le sol, on remarque la présence d'une mince
couche de terre grise cendreuse, contenant de nombreux
charbons de bois et des débris de foyers ou de fours
culinaires, qui représente la sédimentation de ce niveau d'habitat.
Le tout est recouvert d'une épaisse couche de remblai (102,
c. 7 = 1 1 , c. 4) qui réutilise du mobilier de la même période
(phase IA).
4.4. LA RUELLE 121 DURANT LA PHASE IA
Au début du 1er s., la ruelle 121 est rechargée par un
épais remblai fait de limon gris clair contenant des déchets
domestiques et des morceaux de briques crues (couches 1 1
et 12). Le mobilier inclus admet une datation légèrement
M. PY, D. LEBEAUPIN et coll.
36
15-8
■ 121-12
121-11
121-11
10
Fig. 29 - Mobilier de la phase IIB2 (vers 125-100) : céramiques tournées fines et céramique non toumée.
11
I
STRATIGRAPHIE DU MARDUEL
37
121-12
121-12
121-11
121-9
4
121-12
16-6/8
121-11
10
15
15-8
121-11
101-9
h -..y 121-12
11
121-11
15
101-9
10
21
101-9
) 101-9
22
121-11
0 101-9
13
101-9 ..,
19
| 121-11
17
16
101-9
20
122-9
24
25
121-11
23
15-8
26
. 30 - Mobilier de la phase IIB2 (vers 125-100) : amphores, mortiers et objets.
27
121-12
:
M. PY, D. LEBEAUPIN et coll.
38
antérieure à la formation (fin du Ilème s. : ensemble IIB2).
On y remarque aussi, dans la partie nord, une poche
remplie de grosses pierres (couche 9-10), qui contient un
mobilier semblable.
Le sommet de ce remblai a dû servir de niveau de
circulation. A cette hauteur, le mur/? qui borde le secteur à Test
semble avoir été doublé par un parement de petits blocs
grossièrement appareillés. A l'ouest, les niveaux de la
phase IA, comme les précédents, sont coupés par la
tranchée de fondation du mur n (41) (fig. 1 1, B et 43). Au
dessus de ce sol, un nouveau remblai, contenant du mobilier
chronologiquement attribuable à la phase IA, sera étalé
vers 75 av. n. è. (couche 8).
4.5. MOBILIER DE LA PHASE IA (vers 100 - 75 av. n. è.)
4.5.1. Statistique des céramiques
Les fragments de céramique appartenant aux niveaux
de la phase IA (42), au nombre de 2329, se répartissent de
la manière suivante:
CATEGORIES
cér. tournée fine :
460 (19,7 %)
amphores :
585 (25,1 %)
cér. non tournée :
1182 (50,7%)
doliums :
102 (4,4%)
TYPES
campanienne A : 270 (58,6 %))
campanienne B : 3 (0,6 %)
dérivés de campanienne C : 1 (0,2 %)
cér. commune jaune : 149 (32,3 %)
céramique gauloise : 1 (0,2 %)
sombrero de copa : 1 (0,2 %)
cér. catalane : 25 (5,4 %)
cér. commune italique : 5 (1 %)
cér. à paroi fine : 1 (0,2 %)
mortier massaliète : 1 (0,2 %)
mortiers italiques : 2 (0,4 %)
autre type : 1 (0,2 %)
massaliètes 172 (29,4 %)
italiques: 413 (70,6%)
urnes : 48
coupes 50
couvercles : 12
- Céramique gauloise peinte : 1 fragment à engobe blanc.
- Céramique commune italique : 1 fond de grand plat.
- Mortiers massaliètes : 1 fond.
- Mortiers italiques : 1 fond.
- Autres céramiques fines : 1 imitation d'olpé italique en pâte locale
tournée à gros dégraissant (fig. 35, n° 8).
- Amphores massaliètes : 1 bord de forme 9 ; 1 anse.
- Amphores italiques : 20 bords de forme Dressel 1 A (fig. 36), 3 bords et
1 épaulement avec marque M[.] d'amphore Dressel 1C (fig. 35, n° 14),
35 anses et 3 fonds ; 1 fragment avec graffite (e lunaire) (fig. 35, n° 13).
-Céramique non tournée : bords d'urnes (B01=2, B03=l, B09=l,
C01=28, C02=4, C03=6, C08=l, C09=l, Cll=l, C13=l, C19=l,
D02=l) (fig. 35, n° 12) ; bords de coupes (D07=l, E01=4, E02=l,
E04=4, E05=3, E07=4, E08=l, H02=l, H09=l, 101=22, 105=5, 108=1,
109=1, J01=l) ; bords de couvercles (C01=l, D01=7, D03=l, DO9=3)
(fig. 35, n° 11) ; fonds (11A=5, 12A=9, 12B=2, 13A=2, 21B=1, 42A=1,
61B=1, 62A=2, 62C=1) ; décors d'urnes (1 chevron simple imprimé au
peigne, 1 chevron double imprimé au peigne, 3 chevrons simples incisés,
13 chevrons doubles incisés, 1 onde incisée) ; préhensions (5 anses
verticales, 1 anse en ruban) ; divers (1 bec verseur).
- Dolium : 6 bords, 5 fonds, 3 cordons lisses.
4.5.3. Documents divers
- Terre cuite : 1 fusaïole (fig. 35, n° 15) ; 1 rondelle dans céramique non
tournée ; 12 fragments de fours ou de récipients en torchis ; 1 fragment de
torchis avec échancrure quadrangulaire ; 10 fragments de tuiles en pâte
rosée, 1 fragment en céramique brune à gros dégraissant calcaire (44).
- Verre : 1 fragment de bracelet lisse en verre bleu (fig. 35, n° 24).
- Fer : 3 clous (fig. 35, n° 16 et 17), 2 tiges, 1 ressort de fibule (fig. 35,
n° 18), 2 fragments indéterminés, 4 scories.
- Brome : 1 anse de petit vase (fig. 35, n° 22) ; 1 perle moulurée (fig. 35,
n° 20); 1 manche de simpulum (fig. 35, n° 21) ; 1 petit anneau ouvert
(fig. 35, n° 23).
- Plomb : 1 plaque déroulée (fig. 35, n° 19).
- Pierre : 2 fragments de meules en basalte, 1 galet plat et circulaire
(couvercle ?), 1 galet utilisé comme concasseur, 1 éclat de silex.
- Monnaies : 2 oboles en argent de Marseille à la roue / MA (inv. 3 1 et 32:
10, c. 6) ; 5 petits bronzes de Marseille au taureau comupète (inv. 19, 27,
34 et 62 : 10, c. 6; inv. 25 : 101, c. 8) ; 5 moyens bronzes de Marseille au
taureau comupète (inv. 24, 30, 35 et 61 : 10, c. 6; inv. 43 : 122, c. 8B) ; 2
monnaies à la croix en argent, type B.N. 2986 (inv. 28 et 29 : 10, c. 6).
- Faune : 697 os ou fragments d'os ; 2 huîtres et 3 autres coquillages.
4.5.2. Typologie des formes céramiques
- Campanienne A : 4 bords de plats 6 ; 5 bords de bols 27b ; 9 bords de
bols 27c ; 6 bords de patèrcs 27B (fig. 35, n° 1) ; 1 bord de coupelle 28a ;
2 bords de patères Morel F2941-2942 (43) ; 18 bords de bols 31 dont un
avec graffite (A?) (fie. 35, n° 5); 8 bords de plats 36 ; 2 bords de kylix
Morel 68; 2 bords de coupelles Morel 1 13 ; 1 fond de bol 27 à grosse
rosette
n°
4) ; 2(fig.
anses
35,horizontales
n° 2); 2 fonds
; 2 autres
de patères
graffites
à guillochis
(fig. 35,etn°palmette
3 et 6). (fig. 35,
- Campanienne B : 1 bord de plat 5, 1 bord de plat 7, 1 fond.
- Céramique de la côte catalane : 4 bords et 2 anses d'œnochoés bitronconiques (fig. 35, n° 10).
- Sombrero de copa : 1 fragment orné de cercles peints en rouge.
- Céramique commune à pâte jaune : 1 ampoule massaliète (fig. 35, n° 9)
et 2 anses d'ampoules ; 1 bord de coupelle; 4 bords (fig.35, n°7), 8 anses
et 4 fonds d'olpés ou d'œnochoés.
Fig. 31 - Zones 15-16, détail du mur At (phases IA et IB) recoupé par la
fondation de Ar-Ay. Vue prise de l'ouest.
STRATIGRAPHIE DU MARDUEL
39
Fig. 32 - Zone 16, phase IA : mur At, sol SB et fosse SA (à droite), recoupés par la fosse 2 (au premier plan). Vue prise du sud.
4.5.4. Intrusions
• Niveaux d'habitat ou de remblai :
6 fragments de céramique grise monochrome (10, c. 6 ; 16, c. 5A) ; 1
épaule d'urne du BF Hlb (102, c. 7) ; 1 bord de bol en verre blanc (121,
c.8).
• Tranchées de fondation :
Zone 121-122, c. 8A : 1 bord de cratère en céramique proto-campanienne, 1 tesson de céramique attique i vernis noir, 1 anse
pseudo-ionienne, 4 fragments de céramique grise monochrome, 2 fragments d'urne
rhodanienne (dont 1 bord C02 et un décor d'impressions sur peignage
vertical), 1 bord d'amphore massaliète de forme 2, 1 fibule à pied en
bouton conique (fig. 35, n° 25), 1 pied de fibule de type Tène I à disque
terminé par une boule.
Zone 122, c. 8B : 3 fragments de pseudo-ionien peint dont un bord i
décor subgéométrique (onde) et un décor de larmes ; 3 fragments de
céramique grise monochrome, dont 1 anse ; 2 bords facetés de coupes troncomquesduBFmb.
5. La Phase IB
(deuxième et troisième quarts du 1er s. av. n. è.)
La phase IB se caractérise par un grand nombre de
changements dans l'architecture, marques par des travaux
importants, notamment dans la partie nord du quartier
(zones 10, 1 1, 121 et 122). Dans la plupart des cas, il s'agit
plus d'une reconstruction des murs sur les mêmes axes que
d'un remodelage du plan des bâtiments. Seuls les secteurs
10 et 11 font l'objet d'une restructuration complète, une
maison à deux pièces succédant à deux maisons
indépendantes. Ces travaux se marquent en stratigraphie par
l'étalement d'épais remblais (dont nous avons vu qu'ils
contenaient pour la plupart des mobiliers plus anciens, pris en
compte dans la phase IA), et par le creusement de tranchées
de fondation parfois profondes. Cette époque voit en outre
l'installation de structures artisanales dans un espace
extérieur (zone 15). On se souvient enfin que les trois rues qui
desservent ce quartier d'habitation, ont été reprofilées à la
fin du 1er s. et ne livrent aucune couche en place de
l'époque envisagée ici. Seul un remblai, dans la rue 14, contient
du mobilier rattachable à la phase IB.
5.1 . LA ZONE 16 DURANT LA PHASE IB
Très peu de documents attestent cette époque dans la
zone 16, les niveaux correspondants ayant été très
largement entamés, au nord par la tranchée de fondation du mur
Ar-Ay, au sud par une fosse tardive (couche 2) (45) et à l'est
M. PY, D. LEBEAUPIN et coll.
40
A
N
13
argile
+
99
99
98
98
2m
97
+
X
Z
+
A
+
14
97
G
+
Fig. 33 - Plan des habitations du quartier nord (zones 10, 1 1 et 12) : état de la phase IA (début du 1er s. av. n. è.).
par les travaux agricoles modernes, qui ont en outre arasé la
partie supérieure. Seule lui correspond une couche de
remblai étalée contre le mur At, et subdivisée à la fouille en
deux décapages (4 et 5 : terre limoneuse brun-jaune,
contenant des débris de foyers d'argile et de briques crues)
tigraphie : fig. 8, B). Ceux-ci contenaient un mobilier plus
ancien, rare, très fragmenté et dispersé (attribué à la phase
IA). Le sol que devait soutenir ce remblai ayant disparu, le
seul enseignement de la fouille est de montrer que le mur At
a continué à servir au milieu du 1er s. av. n. è.
STRATIGRAPHIE DU MARDUEL
41
5.2. LA ZONE 15 DURANT LA PHASE IB
Immédiatement au dessus du remblai de construction
étalé au début du 1er s. (couche 8), un sol de terre battue
(surface 6) prend place entre le mur At à l'est et la rue 17 à
l'ouest. Il semble que ce sol corresponde à l'utilisation
d'un espace extérieur, de plan rectangulaire, compris entre
la maison 16 et les rues 17 et 14, aucune limite bâtie
n'ayant été repérée en bordure de ces rues (stratigraphie :
fig. 8, A et B; plan: fig. 37 ; photo : fig. 38).
A la surface du sol, plusieurs zones sombres indiquent
la présence de sept fosses, numérotées 7A à 7G, dont voici
la description :
-Fosse 7 A : la fosse 7 A (carrés A-B/90-91), de forme fuselée (80 x 30
cm) et peu profonde (10 à 12 cm), est remplie de terre noire très
charbonneuse. Ses parois et le fond ont subi l'action d'un feu violent que les a
rougis sur 2 à 3 cm d'épaisseur (fïg. 37). On relève quelques petites
pierres à son extrémité ouest
- Fosse 7B : fosse de plan ovale (90 x 70 cm), profonde (45 cm) (fig. 8,
A), dont les parois sont très rubéfiées ; à l'ouest, une petite dépression
adventice, avec calage de petites pierres, pourrait représenter un orifice
(fig. 37, carré B/92-93). Le remplissage est fait de terre noire et
charbonneuse, dans laquelle sont noyées une quinzaines de pierres, parfois
grosses (30 x 25 cm), certaines très brûlées, avec un fort pendage (fig. 39, en
haut) qui évoque la destruction d'une structure bâtie qui aurait pris place
au-dessus de la fosse (certaines pierres sont taillées). Dans la terre on
recueille deux tiges de clou et 5 scories de fer.
- Fosse 7C : cette fosse mal délimitée en surface , de forme allongée et
peu profonde (fig. 37, carré B-C/94), non rubéfiée, est remplie de
morceaux d'argile brûlée et de scories de fer, au nombre de 52. Elle pourrait
avoir servi de zone de rejet en liaison avec l'activité des fosses voisines.
- Fosse 7D : dépression oblongue i section en U (1 10 x 35 cm, sur 20 cm
de profondeur) (fig. 37, carré B/93, et fig. 39, en bas). Les parois sont
légèrement rubéfiées au sud de la fosse. Le remplissage est fait de terre
très charbonneuse, et contient 2 scories de bronze et une branche de
corail non ouvragée.
- Fosse 7E : Fosse de faible dimension, de forme triangulaire (25 x 15
cm, sur 7 cm de profondeur) (fig. 37, carré A/92). Remplissage de terre
noire, charbonneuse et cendreuse.
- Fosse 7F : La fosse 7F, de forme ovale (30 x 25 cm, sur 10 cm de
profondeur) (fig. 37, carré A/92), est remplie de cendre blanche pure et très
fine. On y recueille 4 scories de bronze.
-Fosse 7G : fosse ovale (45 x 27 cm, sur 10 à 15 cm de profondeur)
(fig. 37, carré B/91), dont les parois sont rubéfiées ; remplissage de terre
très cendreuse.
Le sol 6 et les fosses sont recouverts par une mince
couche de sédimentation (couche 3), faite de terre brunjaune limoneuse, avec petites pierres éparses et mobilier
réduit appartenant au troisième quart du 1er s. av. n. è.
Cet ensemble (sol 6, fosses 7A-G, couche 3) correspond
à une occupation courte, dans une zone située à l'extérieur
de tout bâtiment, en bordure de deux rues. Les traces
rencontrées indiquent que ce lieu a fonctionné aux alentours
du milieu du 1er s. comme atelier de métallurgie, où l'on
travaillait le bronze et le fer. Plusieurs des fosses ont servi
de lieu de combustion en relation avec cette activité. La
structure de travail la plus nette est la fosse 7B, dans
laquelle se trouvaient les restes d'un bâti de pierres rubéfiées
effondré, et qui est sans doute identifiable avec un basfourneau rudimentaire. L'orifice visible en bordure de cette
fosse était peut-être destiné à un soufflet d'aération. Cette
fonction est confirmée par les scories retrouvées à
l'intérieur et à l'entour (fosse 7C, mais aussi tranchée de
fondation 3 A : infra), dont l'aspect est caractéristique des restes
de la réduction du métal. Se rattachent également à cette
activité les déchets découverts dans la couche 3 de la rue 14
Fig. 34 - Détail de la banquette Ae établie sur le sol 8 de la zone 102
(phase LA) et appuyée au mur d (à gauche) ; vue prise du sud.
(débris d'objets en fer et en bronze: voir ci-après), qui
représentent probablement des rebuts de cet atelier. On
soulignera avec intérêt la position extérieure de ces structures de
type artisanal, ainsi que leur datation récente.
5.3. LES ZONES 10 ET U DURANT LA PHASE IB
Vers 75 av. n. è., l'ensemble des murs qui délimitaient
auparavant les maisons à une pièce 101 et 102-11 (voir
fig. 33) sont arasés, et l'on construit en cet endroit une
maison à deux pièces (zones 10 et 1 1) communiquant par une
porte (fig. 40). Les structures bâties composant cette
nouvelle maison sont les suivantes:
• pièce 10 :
Au nord, le mur a sépare la zone 10 de la zone 122. Il est
construit sur l'arasement du mur h/x. Lors de sa création, ce
mur comprenait sans doute une porte donnant sur 122, qui
sera bouchée peu après (comblement Af) (46). Les
piédroits de cette porte primitive sont surtout visibles sur le
parement nord du mur (fig. 43, flèches).
A l'ouest, le mur Ai (47) est construit sur#y, selon un
axe légèrement différent. Ce mur a été bâti en talus contre
les sédiments de la rue 1 3 , qui à cette époque, avant reprofilage, était plus haute : son parement ouest, destiné à être
enterré, est de ce fait plus grossièrement appareillé que le
parement est, en élévation à l'intérieur de la pièce. Son
extrémité sud a été en partie détruite à date tardive.
Il en va de même de la façade sud sur la rue 14 (Af),
entièrement épierrée au début de notre ère, lors de
l'abandon du quartier (tranchée d'épierrement 2B : cf. fig. 41 j au
premier plan, et stratigraphie, fig. 11 A). A l'extrémité
orientale de cette façade se trouvait la porte d'entrée de la
maison, marquée par un seuil de pierre monolithe,
dénommé Bt (fig. 40 et 4 1 : longueur 120 cm, largeur 52). A noter
que cette façade est nettement décalée vers le sud par
rapport à la façade immédiatement antérieure (mur Cd).
I
1
M. PY, D. LEBEAUPIN et coll.
42
\
16- 5 A
16-5A
101-8
J
i 16-4/510
121-8
16-5A
12
101-8
" % 10-6
I
16-5A
13
15
20
101-8
10-6
18
19
10-6
10-6
20
15
121-8A
25
101-8
101-8
24
"
21
- \ 10-6
22
Fig. 35 - Mobilier de la phase IA (vers 100-75) : céramiques tournées fines, céramique non toumée, objets.
10-6
23
STRATIGRAPHIE DU MARDUEL
43
101-8
101-8
101-8
121-8
76-54
\
121-8
76-54
10h8
75-54
101-8
10
\
101-8
11
75-54
12
121-8
76-54
14
13
Fig. 36 - Mobilier de la phase IA (vers 100-75) : amphores.
M. PY, D. LEBEAUPIN et coll.
44
91 .:■_", SURFACE 4 ;.
Fig. 37 - Plan de l'atelier de métallurgie de la zone 15 (phase IB, milieu du 1er s. av. n. è.) et des murs Ar et As (phase IC, fin du 1er s. av. n. è.).
Enfin, côté est, la salle 10 est séparée de la salle 1 1 par
le refend b-g, percé dans sa moitié sud par une porte de
90 cm de large (48). Ce refend est établi dans une petite
tranchée de fondation d'environ 25 cm de profondeur,
relativement étroite (couche 3A). Cette tranchée existe
également à l'emplacement du seuil.
•Pièce 11:
Outre le refend b-g, à l'ouest, on connaît de cette pièce
un tronçon du mur nord (c') (49), posé sur l'arasement du
mur k, mais légèrement décalé vers le sud (fig. 19, en haut à
droite). La façade sud sur la rue 14, prolongement de Aj\ est
complètement épierrée. Il est probable que les murs c' et Aj
STRATIGRAPHIE DU MARDUEL
45
Fig. 38 - Vue d'ensemble de l'atelier de métallurgie de la zone 15 (phase IB), prise du sud.
se prolongeaient vers l'est jusqu'au rempart, et que la pièce
1 1 était donc appuyée au parement intérieur de la
fortification. Mais cette partie a été détruite par l'établissement des
terrasses de culture modernes.
La construction des murs de la maison 10-11 a été
suivie immédiatement par un remblaiement général de toute
sa surface: en témoignent des couches de sédiments
rapportés :
- en zone 10, couche 6 : terre brune avec cailloutis et
fragments de briques crues (fig. 1 1 , A) ;
- en zone 102, couche 7 : essentiellement formée de débris
de briques ;
- en zone 11, couche 4 : terre hétérogène, avec poches de
sable et de gravier, et de nombreux fragments de briques
crues de couleur grise, brune ou jaune (fig. 19).
Ces couches de remblai, qui noient sur une quarantaine
de cm la base du mur b-g, pourraient résulter de la
réutilisation des élévations des constructions antérieures. Le
mobilier qu'elles contiennent est d'ailleurs globalement attribuable à la phase IA.
Le sol correspondant à l'occupation de la pièce 10
durant la phase IB (sol 5) est constitué d'une pellicule d'argile
grise très compacte (peut-être avec l'adjonction de chaux)
et bien plane. Il est percé de plusieurs petites fosses peu
profondes, et remplies de galets de rivière (couche 4). La
fonction de ces structures n'est pas déterminée.
Au centre de la pièce se tient en outre un bâti de mortier
de chaux, qui comble une fosse de plan grossièrement
rectangulaire (c. 3 : fig. 40 et 42). Au fond de cette fosse et en
bordure à l'ouest, deux cols d'amphore italique sont
plantés dans les couches sous-jacentes (l'un d'eux porte le
graffite EZKir : fig. 47, n° 10, l'autre était recouvert d'une
petite pierre plate). La dépression est ensuite remplie de
Fig. 39 - Détail des fosses 7B (en haut) et 7D (en bas) de la zone 15
(phase IB) creusées dans le sol 3 ; vue prise du nord.
M. PY, D. LEBEAUPIN et coll.
46
96
95
95
Fig. 40 - Plan des habitations du quartier nord (zones 10, 1 1 et 12) : eut des phases IB et IC (vers 75 av. n. è. / 10 de n. è.).
STRATIGRAPHIE DU MARDUEL
Fig. 41 - Détail de l'entrée de la maison 10 (à droite) sur la me 14 (à
gauche) : seuils Bu (phase LA) et Bt (phase IB), tranchée d'épierrement
2B (phase IC). Vue prise de l'est.
chaux pure sur environ 7 cm, puis par plusieurs lits de
chaux successifs, enfin par un lit de mortier de tuileau
(chaux, galets et fragments de tuile). Il semble qu'on soit en
présence d'une sorte de bassin, plusieurs fois réaménagé
lors de l'occupation du sol 5. Ce sol est ensuite noyé par un
remblai (couche 2) qui contient du mobilier contemporain
de son fonctionnement
Dans la pièce 1 1, le sol correspondant (fig. 19, sol 3) est
fait de terre compactée, blanchâtre, peut-être également
mêlée de chaux ; ce sol est brûlé dans le carré F4. Deux
fosses le percent : au nord, la fosse 4A, circulaire (diam. 85
cm) et profonde (65 cm), remplie de terre grise, sableuse,
avec quelques pierres; au sud, la fosse 2A, plus irrégulière
et superficielle (diam. 64 cm, prof. 12 cm), comblée du
même sédiment. Ces fosses ne livrent aucune trace
d'utilisation. Le tout est surmonté d'une mince couche de
sédimentation, où l'on trouve un peu de mobilier de la phase
IIB.
L'ensemble de la maison 10-11, dont la longueur hors
tout varie de 10,6 à 11,8 m, et la largeur de 5,6 à 7,1 m,
représentait une surface habitable de l'ordre de 52 m2
(28 m2 pour la pièce 10,24 m2 environ pour la pièce 1 1).
Ces dimensions sont nettement supérieures à celles des
habitations antérieures (cf. notes 1 1 et 16).
47
plus profonde, constitue la couche 8B (coupe : fig.ll, B;
plan : fig.40).
- au nord, le mur Bd est presque totalement arasé, et l'on
construit exactement à l'aplomb le mur j (51). Une
tranchée (couche 8C) permet de le fonder profondément (fig.
40). A signaler que du côté ouest, le mur/ est lié au mur Ah,
tandis qu'à l'est, il se termine par un angle de forme obtuse
soigneusement appareillé (présence de pierres taillées),
formant piédroit pour une porte ouvrant sur la ruelle 121
(voir fig. 44 et ci-après, fig. 63).
- à l'est enfin, la façade antérieure sur 121 (mur Ab) est
presque totalement détruite, et une très profonde tranchée
(couche 8A: jusqu'à 1,55 m), recoupant tous les niveaux
plus anciens, permet de fonder le mur n (52) sur le rocher
naturel (coupe : fig. 1 1 , B ; plan : fig. 40 ; tranchée remplie:
fig. 44 ; en partie vidée : fig. 43). Le mur n est appuyé au
sud contre le mur a ; il se termine au nord par un piédroit
oblique (cf. fig. 13 et 43), car parallèle au mur y, mettant
également en œuvre des pierres taillées. Un bloc de
molasse en partie ravalé au marteau-taillant se tient contre le
mur a. A noter que l'on connaît surtout la fondation du
mur n, seules une ou deux assises d'élévation étant
conservées.
La porte d'entrée a une largeur de 78 cm. Dans
l'ouverture, une mince dalle de calcaire (L=86 cm ; ép.=4-5 cm)
est plantée de chant, sans doute pour protéger l'habitation
des infiltrations d'eau, selon une technique connue ailleurs
(53).
Ainsi délimitée, la maison 122 a un plan trapézoïdal, sa
longueur avoisinant 4,30 m, la largeur variant de 2,80 à
4,20 m, ce qui donne une surface habitable de l'ordre de
15 m2.
Les niveaux archéologiques témoignant de
l'occupation de cette maison durant la phase IB sont peu épais
(fig. I IB). Il s'agit de bas en haut : d'une couche de réglage
formée de terre et de cailloutis serré (couche 8),
remplissant les irrégularités de la couche de démolition sous-jacente (couche 9). Vient ensuite un sol, directement sur ce
cailloutis (sol 7), dont la sédimentation (terre fine, de
couleur brune, avec poches de cendres blanches) constitue la
5.4. LA ZONE 122 DURANT LA PHASE IB
Au début de la phase IB, la maison 122 est
complètement reconstruite, sur un plan néanmoins très proche de
celui de l'habitation antérieure. On a vu que le mur mitoyen
avec la zone 1 0 (mur a) avait été remonté à cette époque sur
l'arasement du mur hlx (cf. 5.3.). Après cette
reconstruction, les trois autres murs délimitant la salle 122 sont
également repris, tous trois en tranchée de fondation :
- à l'ouest, en façade sur la rue 13, le mur Ah (50) est fondé
sur l'arasement du mur Al, pratiquement sur le même plan.
Une mince tranchée de fondation a été repérée le long de ce
nouveau mur dans les sédiments anciens de la rue 13. A
l'intérieur de la zone 122, une autre tranchée, plus large et
Fig. 42 - Elément construit en mortier au centre de la maison 10 (s. 3 :
phase IB) avec col d'amphore planté (à droite) ; vue prise du nord.
48
M. PY, D. LEBEAUPIN et coll.
Fig. 43 - Façade de la maison 122 le long de la ruelle 121 : mur n établi en tranchée de fondation au début de la phase IB (les flèches indiquent une porte
bouchée dans le mur a) ; vue prise du nord-est.
couche 6. A ce sol appartiennent plusieurs aménagements :
une petite fosse contre le mur n (fig. 40), remplie de terre
noire charbonneuse et de pierres : à l'intérieur était planté
un fond d'amphore italique, calé par des pierres et des
fragments de dolium. A l'extrémité ouest du mur/, un socle est
bâti avec une dalle plate contre laquelle une autre dalle est
plantée de chant (fig. 40). Immédiatement à l'est de ce
socle (carré A/8-9) quelques pierres plantées signalent peutêtre un trou de poteau. Sur le sol 7, quelques fragments
d'amphore et de tuile plate sont disposés horizontalement.
disposés horizontalement côte à côte (fig. 40 et 44). Au
dessus du sol 7 prend place une nouvelle recharge
(couche 6), faite de cailloutis lié par de la terre brun-jaune.
Cette couche contient également des déchets domestiques
(poches de cendre, charbons de bois et nombreux tessons et
os fragmentés). Tous ces niveaux s'appuient à l'ouest au
mur n, au sud au mur c' et à l'est au mur p.
5.5. LA RUELLE 121 DURANT LA PHASE IB
Aucun niveau de l'époque considérée n'existe dans les
rues 13 et 17, qui ont été reprofilées à la fin du 1er s. av. n. è.
(voir ci-après). Dans la rue 14 au contraire, une couche
témoigne de l'utilisation de ce passage durant le 1er s. : il
s'agit de la couche 3 de cette zone, en partie conservée en
place, et en partie remaniée par la construction postérieure
d'un mur en grand appareil au sud (Ar-Ay), et par la pose
d'un puissant pavage à sa surface supérieure (sol 2A). Il
s'agit d'une strate relativement hétérogène; la matrice est
généralement limoneuse, mais des inclusions diverses en
rendent la composition variable: à l'ouest, elle contient
tantôt du sable, tantôt des petites pierres. A l'est, seule la
partie supérieure, sur 10 cm environ, est faite de limon, la
base étant particulièrement caillouteuse.
Immédiatement après la construction du mur n et le
comblement de sa tranchée de fondation (couche 8A), un
remblai est étalé dans le passage 121 (couche 8). Cet apport
est fait de terre grise contenant beaucoup de pierres, de
tessons et d'os qui montrent la reprise de déchets domestiques
(ce mobilier, datable du début du 1er s., a été étudié avec la
phase LA). Le remblai 8 sert à fonder un sol de circulation
(sol 7), composé de pierraille très tassée et, dans la partie
nord, aménagé avec deux grandes dalles en réemploi. Il
s'agit de blocs soigneusement taillés en grès molassique de
couleur blanche (voir ci-après l'analyse de J.-Cl. Bessac),
5.6. LA RUE 14 DURANT LA PHASE IB
STRATIGRAPHIE DU MARDUEL
49
a fonctionné aux environs du milieu du 1er s. av. n. è. Le
mobilier de la couche 3 est relativement mélangé, comme
on pouvait l'attendre d'une couche de remblai repris lors de
la construction du podium de la zone 16 et du pavage 2A de
la rue. L'essentiel s'inscrit néanmoins entre le début et le
troisième quart du 1er s., aucun document n'étant
postérieur à 25 av. n. è.
5.7. MOBILIER DE LA PHASE IB (vers 75 - 25 av. n. è.)
5.7.1. Statistique des céramiques
Fig. 44 - Sol de la radie 121 coupé par la tranchée de fondation 8A du
mur n (à gauche) ; au fond, dalles de la surface 7 (phase IB). Vue prise du
sud.
Au nord, le long de la tranchée d'épierrement de la
façade Aj, on remarque la présence à la base de la couche 3 ,
dans les carrés C97-D97, d'un bourrelet de terre argileuse
qui a pu se former contre le parement extérieur de ce mur
(dilution de l'élévation d'adobe?) lors de la première phase
de son existence (entre 75 et 25 av. n. è.). Là où ce bourrelet
n'existe pas apparaît le sommet arasé d'une façade plus
ancienne (mur Ca).
Au nord ouest, c'est-à-dire à l'intersection de la rue 14
et de la rue 13, la couche 3 est entamée par la tranchée
d'épierrement de l'extrémité du mur Ai, retour de Aj
(couche 3A).
A la base de la couche, au contact de la surface 4, on
relève la présence d'une recharge prise dans le sédiment
limoneux qui livre de nombreux éléments métalliques et
plusieurs monnaies dispersés dans un mètre carré environ.
Cette poche de rejet, qui forme un ensemble homogène, a
donné, outre une centaine de scories de fer, les mobiliers
suivants (fig. 45) :
36-ferfragments
: 1 petite de
loupe
lames
de ;réduction
3 rivets ; du
1 pointe
métalde; 98flèche
tiges ; et1 fragments
clou de soulier
de tiges;
; 14
clous ; 1 clou à tête hémisphérique ; 1 ressort de fibule.
- bronze : 7 anneaux ou fragments d'anneaux à section ronde ; 2
fragments d'anneaux à section plate ; 15 ardillons ou fragments d'ardillons
de fibule ; 5 fragments de ressort de fibule ; 1 fragment d'arc de fibule
(type de Nauheim?) ; 2 fragments de bracelet filiforme ; 1 rivet ; 1 petite
plaque percée ; 1 bague à chaton de verre incolore collée sur une plage de
dorure ; 24 fragments divers.
- plomb : 7 plaques diversement repliées ; 1 petite bille (résidu de
coulée).
- monnaies : 18 monnaies ou fragments de monnaies ont été recueillis en
connexion avec les déchets de bronze et de fer. Elles correspondent peutêtre à une récupération en vue de leur refonte, ce que pourrait indiquer
aussi la présence parmi elles de plusieurs fragments de pièces. En voici la
liste : 6 oboles de Marseille en argent, type à la roue et MA (inv. 73, 75,
76, 78, 80, 81); 3 monnaies d'argent au format de l'obole, illisibles en
l'état actuel, probablement de même type (inv. 74, 77, 79) ; 1 fragment de
monnaie d'argent au format de l'obole, illisible (inv. 72) ; 2 petits
bronzes de Marseille au taureau comupète (inv. 82 et 87); un quart de
monnaie en bronze probablement du même type (inv. 71) ; 1 petit bronze de
Marseille au taureau passant (inv. 83) ; 2 moyens bronzes de Marseille au
taureau comupète (inv. 85 et 86) ; 1 petit bronze de Nimes à légende NAMALAT (inv. 84) ; 1 petit fragment de monnaie en bronze (inv. 88).
Ces rebuts de métallurgie sont à mettre en relation avec
l'atelier fouillé dans la zone voisine (zone 15, c. 3-7), et qui
Les fragments de céramique appartenant aux niveaux
de la phase IB (54), au nombre de 3521, se répartissent de
la manière suivante :
CATEGORIES
cér. tournée fine :
723 (20,5 %)
amphores :
684 (19,4 %)
cér. non tournée :
1960 (55,7%)
doliums :
154 (4,4%)
TYPES
proto-campanien A : 1 (0,1 %)
campanienne A : 262 (36,2 %)
dérivés de la campan. A : 4 (0,5 %)
campanienne B : 14 (1,9 %)
campanienne C : 4 (0,5 %)
dérivés de campanienne C : 7 (0,9 %)
cér. commune jaune : 389 (53 %)
céramique gauloise : 2 (0,3 %)
cér. catalane : 5 (0,7 %)
cér. commune ibérique : 2 (0,3 %)
cér. comm. pâte sableuse : 12 (1,6 %)
cér. commune italique : 2 (0,3 %)
cér. à paroi fine: 8 (1,1 %)
cér. engobe rouge interne : 1 (0,1 %)
mortiers massaliètes : 3 (0,4 %)
mortiers italiques : 5 (0,7 %)
autres types : 2 (0,3 %)
massaliètes: 77 (11,2%)
ibériques : 2 (0,3 %)
italiques : 605 (88,4 %)
urnes : 91
coupes : 47
couvercles : 16
5.7.2. Typologie des formes céramiques
- Protocampanienne A : 1 bord de kylix 42Bb avec trou de réparation.
- Campanienne A : 2 bords de plats 5 ; 7 bords de plats 5/7 (fig. 46, n° 3);
2 bords
n°
2) ; 8 etbords
une de
forme
bolscomplète
27b ; 9 bords
(avecetgraffite
une forme
en croix)
complète
de plats
de patères
6 (fig.27B
46,
(fig. 46, n° 7) ; 2 bords de bols 27c ; 2 bords de coupelles 28a-b ; 15 bords
de bols 3 1 dont un avec rinceau incisé et peint à l'intérieur (fig. 46, n° 9),
un 8)autre
n°
; 1 bord
avec de
graffite
kylix (.42Bb
. .A) ;(fig.
2 bords
46, n°de 5)coupelles
; 9 bordsMorel
de plats
1 13 36; 1 (fig.
bord46,de
forme non classée (plat ouvert à profil en S) ; 1 anse horizontale ; 8 fonds
dont 1 à décor de cercles incisés, 1 à décor de guillochis, 1 à décor de
palmette
n° 6) ; 1 graffite
dégénérée
en étoile
; 2 graffites
(fig. 46,géométriques
n° 4).
sur un fond de bol (fig. 46,
- Dérivés de la campanienne A : 1 bord et 1 fond.
50
M. PY, D. LEBEAUPIN et coll.
d'amphore Dressel 1C (fig. 47, n° 2) ; 16 anses ; bord et fond d'une même
amphore Dressel 1A (122, fosse 7A) ; 1 bord de forme Dressel 2/4 (?)
(fig.
47,n°n°10).
1) ; 1 fond de Dressel 1 ; col avec graffite ECKir (10, c. 3
fig. 47,
- Céramique non tournée : bords d'urnes (A01=3 ; B01=19 ; B02=l
B09=l ; C01=28 ; C02=7 ; C03=7 ; C06=l ; C09=6 ; Cl 1=11 ; C12=2
C13=4 ; C19=l) ; bords de coupes (E01=2 ; E02=2 ; E04=2 ; E05=l
E06=2 ; E07=5 ; G01=l ; H01=3 ; H05=l ; H09=l ; 101=23 ; 102=2
105=2) ; bords de couvercles (C01=2 ; D01=5 ; D02=2 ; D03=3 ; D09=l
E01=2 ; 1 bord de couvercle «en Y») (fig. 48, n° 5) ; fonds (11A=7
12A=20 ; 13A=3 ; 21A=1 ; 41A=1 ; 42A=1 ; 62A=1 ; 62C=1 ; 63A=3
63B=1) ; décors d'urnes (7 rangées de coups incisés obliques; 1 chevron
double imprimé au peigne ; 1 chevron simple imprimé au peigne ; 5
chevrons doubles incisés ; 2 chevrons simples incisés ; 1 listel en relief sur
col d'urne basse ; 1 cordon impressionné) (fig. 48, n° 6) ; décors de
coupes (1 jatte décorée d'incisions sur la lèvre ; 1 chevron imprimé au
peigne ; une vasque à décor de quadruple chevron incisé après cuisson à
l'intérieur) ; préhensions (3 anses verticales unifides ; 1 anse bifide) ;
divers (1 fond haut massif percé d'un trou latéral).
- Dolium : 4 bords ; 2 cordons digités ; 2 cordons lisses ; 3 fonds ; 1 décor
imprimé au peigne.
5.7.3. Documents divers
26
Fig. 45 - Mobiliers métalliques recueillis dans une recharge (c. 3) de la
rue 14, probables déchets de fabrication de l'atelier de métallurgie voisin
(zone 15) ; 1-6 : bronze ; 7-19 : fer ; 20-26 : plomb.
- Campanienne B : 2 bords de plats 5 ; 1 bord de plat 7; 1 fond annulaire,
probablement de forme 10 ; 1 bord de kylix Pasquinucci 127 ; 1 fond de B
lourde, forme 6 ou 7, décoré de guillochis (fig. 46, n° 10).
- Campanienne C : 1 bord de plat 5 (fig. 46, n° 1) ; 1 bord de plat 7 ; 1
fond orné de cercles concentriques.
- Dérivés
n°
11). de la campanienne C : 1 bord de plat 19 ; 1 coupelle 2 (fig. 46,
- Céramique de la côte catalane : 1 panse d'oenochoé (fig. 48, n° 4).
- Céramique commune ibérique : 2 bords de vases dont un à col à listel
(fig. 48, n° 3).
- Céramique à paroifine : 2 fragments et 1 fond de gobelets à décor
clouté ; 1 fond de gobelet à décor pointillé (fig. 46, n° 12) ; 1 bord en gouttière
de gobelet.
- Céramique commune italique : 2 plats à bord à rainure (fig. 46, n° 14,
15) ; 1 bord d'assiette.
- Céramique commune à pâte sableuse : 1 bord de gobelet en gouttière.
- Céramique à engobe rouge interne : 1 plat complet (fig. 46, n° 16).
- Céramique commune à pâte jaune : 2 bords à lèvre déversée ; 3 bords
d'olpés en amande ; 2 bords d'olpés en gouttière ; 2 bords d'olpé
moulurés ; 2 bords d'urnes à anses collées (fig. 48, n° 1) ; 1 bord de coupelle ; 3
fonds plats et 2 anses d'ampoules ; 17 fonds annulaires ; 1 fond plat ; 2
anses ; 1 panse d'olpé portant à la base du col un listel en relief (fig. 48,
n°2).
- Céramique gauloise peinte : 1 bord de vase balustre orné d'une bande
rouge sur fond blanc.
- Mortiers massaliètes : 1 bord avec bec verseur ; 1 fond.
- Mortiers italiques : 1 bord (fig. 46, n° 13).
- Autres céramiques fines : 1 fragment de vase à engobe rouge.
- Amphores massaliètes : 1 bord de type 8 ; 2 bords de type 9 ; 4 anses.
- Amphores italiques : 6 bords de forme Dressel 1 A (fig. 47, n° 6, 8) ; 9
bords de forme Dressel IB (fig. 47, n° 3, 4, 5, 7, 9) ; partie supérieure
- Terre cuite : 8 rondelles taillées dans des parois de vases dont 1 percée ;
1 jeton taillé dans un vase campanien A ; 1 fragment de lampe en
céramique campanienne A ; 1 fond de lampe en terre grise ; 3 lampes grises à
décor rayonnant sur la vasque (fig. 48, n° 11) ; 1 lampe grise à vasque
lisse décorée d'une rosette sous le fond (fig. 48, n° 10) ; 1 fragment de
chenet ; nombreux fragments de tuile à pâte jaune et de tuiles peignées à
gros dégraissant (55).
- Torchis : 1 bord de vase.
- Verre : 1 perle à incrustation d'émail blanc et jaune (fig. 48, n° 7) ; 1
fragment de perle à décor ocelé ; 1 bracelet lisse en verre bleu (fig. 48,
n°8).
- Fer : 15 clous (fig. 48, n° 17-24, 26-28) ; 2 tiges ; 1 bague (fig. 48, n°
12) ; 1 crochet (fig. 48, n° 25) ; 1 crampon (fig. 48, n° 13) ; 1 rivet ; 2
anneaux (fig. 48, n° 16) ; 1 talon de lance conique (fig. 48, n° 14) ; 4
scories ; 1 pointe de javeline (fig. 48, n° 15).
- Bronze : 1 ardillon de fibule (fig. 48, n° 9) ; 1 cabochon ; 1 petit anneau
ouvert.
- Pierre : 2 fragments de meules en basalte ; 1 grattoir en silex retouché
sur éclat ; 1 tessère de mosaïque en pierre blanche ; 1 branche de corail.
- Monnaies : 3 potins au long cou (inv. 48 : 15, c. 3 ; inv. 18 : 122, c. 6 ;
inv. 23 : 10, c. 2) ; 1 denier de la République romaine de C. PULCHER,
type Crawford 300/1 (110 ou 109 av. n. è.) (inv. 37 : 1 1, c. 2) ; 2 petits
bronzes de Marseille au taureau comupète (inv. 21 et 22 : 10, c. 2) ; 1
obole de Marseille en argent (inv. 26 : 10, c. 2).
- Faune : 131 1 os ou fragments d'os ; 1 coquillage.
On ajoutera à ces documents ceux (objets métalliques et monnaies)
trouvés dans la couche 3 de la rue 14, qui font partie d'une décharge
d'atelier de métallurgie, et qui ont été décrits ci -dessus.
5.7.4. Intrusions
9 fragments de céramique grise monochrome (14, c. 3 ; 122, c. 8;
122, c. 6 ; 10, c. 2) ; 9 fragments de céramique pseudo-ionienne peinte
(14, c. 3 ; 122, c. 8 ; 122, c. 6 ; 11, c. 2) ; 1 fragment à vernis noir peutêtre en céramique pseudo-attique (122, c. 8).
6. La phase IC (25 av. J.-C. - 10 ap. J.-C.)
Le dernier quart du 1er s. av. n. è. voit un remodelage
assez général du quartier : d'une part l'ensemble des rues
STRATIGRAPHIE DU MARDUEL
51
122-8
121-6
13
14
122-8
10-2
15
W//////////////////////////////////^^^^^
Fig. 46 - Mobilier de la phase IB (vers 75-25) : céramiques tournées fines.
52
M. PY, D. LEBEAUPIN et coll.
10
Fig. 47 - Mobilier de la phase IB (vers 75-25) : amphores.
STRATIGRAPHIE DU MARDUEL
53
11-2
28
122-6
Fig. 48 - Mobilier de la phase IB (vers 75-25) : céramiques tournées et non tournées, objets.
54
M. PY, D. LEBEAUPIN et coll.
Fig. 49 - Vue générale de la rue 14 : pavage 2A et mura en gros blocs Ar-As (phase IC : fin du 1er s. av. n. è.). Vue prise de l'ouest.
fait l'objet de travaux importants ; d'autre part un grand
bâtiment est construit dans les zones 15 et 16, après
destruction des structures antérieures. Enfin, la maison 122 est
partiellement détruite et réunie à la ruelle 121. Seule la
maison 10-11 conserve la même disposition, avec
cependant de nouveaux aménagements intérieurs.
6.1. LES RUES 13, 14 ET 17 DURANT LA PHASE IC
Plusieurs observations indiquent que les principaux
axes de circulation font l'objet à la fin du 1er siècle d'un
reprofilage, leur niveau d'utilisation étant abaissé
sensiblement par déblaiement des couches de recharge et de
sédimentation immédiatement antérieures, c'est-à-dire celles
concernant les phases II A à IB (entre 200 et 25 av. n. è.
environ). Seul de cette époque subsiste un niveau
partiel ement remanié dans la rue 14 (c. 3). Ce décaissement est non
seulement attesté par un hiatus dans la stratigraphie des
rues, mais par la mise à nu de la fondation du mur Ai,
limitant la pièce 10 à l'ouest, qui précédemment était enterrée
en talus le long de la rue 13 (ce qui explique la mauvaise
qualité du parement de ce côté). Ce travail important, ne
serait-ce que par le cubage des matériaux évacués, a sans
doute été motivé par la volonté de réduire le pendage des
axes ouest-est et d'élargir la terrasse située contre le
parement intérieur du rempart.
Après le déblaiement, de nouveaux sols de rue sont
aménagés. Dans la rue 17, l'épandage d'un lit de gravier
fait de galets épars et de petites pierres concassées, peutêtre liés par un mortier maigre (c. 5A), permet de construire
une surface plane et résistante (surf. 4). Ce sol présente, au
nord, les traces d'une large ornière qui contourne le bloc As
et amorce un virage en direction de l'ouest, la rue 17
rejoignant probablement le rempart au sud du Chantier Central.
Ce sol est recouvert par une mince couche de
sédimentation (c. 3 : terre et cailloutis), immédiatement recouverte
par un niveau de destruction marqué par de nombreuses
pierres et tuiles écrasées à plat (base : surf. 2 ; épaisseur :
c. 1A).
Dans la rue 13, après nivellement des sédiments anciens
(c. 6, surf. 5), une recharge de cailloutis est étalée (c. 3,
conservée seulement à l'ouest de la fouille), pour fonder un
sol (surf. 2A) (fig. 11, B, à gauche). Ce sol est détruit, en
face de la maison 122, lors de l'arasement du mur Ah dont
témoigne dans la rue une couche de destruction (c. 4),
prolongeant un niveau fouillé dans la maison voisine (122,
c. 3-4). Le sol 2A est lui-même surmonté, comme dans la
rue 17, d'un niveau de tuiles et de pierres (c. 1 A).
STRATIGRAPHIE DU MARDUEL
55
6.2. CONSTRUCTION D'UN PODIUM
DANS LES ZONES 15 ET 16
Fig. 50 - Maison 10 : enduit peint sur le mur a (phase IC) ; vue prise du
sud.
Nous avons vu que dans la rue 14, les travaux
intervenant à la fin du 1er s. av. n. è. avaient entraîné le
remaniement partiel de la couche 3. Celle-ci sert d'assise à un
puissant pavage constituant un nouveau sol de rue (surface 2A)
(fig. 40 et 49). Dans la partie ouest, les dalles utilisées sont
en majorité de grande taille et épaisses (voir coupe: fig.
1 1, A), la plus grosse atteignant 1,9 x 1,3 m, pour 0,25 m
d'épaisseur. La partie orientale est aménagée avec des
pierres plus petites, liées par du sédiment sableux. Au nord le
pavage est tangent au bord de la tranchée 2B (épierrement
de la façade AJ) et vient toucher au seuil Bt (fig. 4 1 et 49).
Au sud, il s'appuie contre la fondation Ay du mur Ar ; par
contre il s'engage en partie sous le bloc As. Notons que ce
sol est à l'ouest en connexion stratigraphique avec le sol 4
de la rue 17 et le sol 2A de la rue 13.
Vers l'est, la rue 14 est coupée par une terrasse de
culture : tout laisse penser néanmoins que cette rue venait
buter en impasse contre le parement intérieur du rempart. A
l'extrémité de la partie conservée, la rue est rétrécie par
plusieurs dalles plantées de chant de part et d'autre, et
constituant une sorte de collecteur. Ces dalles sont
appuyées au sud (élément Z)6) contre Ay, et séparées au nord
(élément Dd) de Aj par un calage de terre et de pierraille
(fig. 40 et 49, en haut). Leur fonction fut probablement de
canaliser l'eau qui dévalait la rue 14 en temps de pluie vers
un éventuel déversoir ménagé à travers le rempart.
Contre le mur Ar et sa baseAy, deux grosses pierres sont
posées sur le pavage 2A : l'une est un bloc à peine dégrossi
en calcaire dur (cf. coupe : fig. 11, A) ; l'autre, en calcaire
tendre, est taillée en forme de parallélépipède. L'usure
qu'on remarque à sa surface supérieure indique sans doute
qu'elle a servi de marche pour accéder sur le podium qui
prend place dans les zones 15 et 16.
Dans sa moitié est, le sol de la rue est recouvert par une
mince couche de sédimentation de sable et de gravillon (c.
2C). Partout ailleurs, il est recouvert directement par une
puissante couche de destruction, contenant de nombreuses
pierres et tuiles, ainsi qu'un abondant mobilier (c. 2).
Après destruction et arasement du mur Ar, ainsi
probablement que des niveaux d'occupation les plus récents
correspondant à ce mur dans la zone 16, un vaste podium est
implanté dans les zones 15 et 16 : cette terrasse est limitée
au nord par un mur formé d'une rangée de gros blocs (mur
Ar), qui repose sur une fondation en petit appareil (mur Ay).
Cette fondation est en partie apparente dans la rue 14, où
elle est bien appareillée, et enterrée dans les zones 1 5 et 16,
où elle est établie dans une tranchée qui coupe le mur At
(fig. 31). La tranchée de fondation est numérotée c. 3 dans
la zone 16 et c. 3 A dans la zone 15 (fig. 11, A). Elle est
remplie de terre et de pierraille et livre, outre des mobiliers
plus anciens (parmi lesquels de nombreuses scories en
rapport avec l'atelier de métallurgie : zone 15, c. 3-7), un as de
Nimes du 1er type qui fournit une indication intéressante
sur la chronologie de la construction.
Le couronnement du mur de soutien nord du podium
(Ar) est constitué par l'alignement de trois grosses pierres
de calcaire tendre (fig. 1, 37, 40 et 49) qui présentent des
traces d'extraction et de taille étudiées ci-après par J.-Cl.
Bessac. n ressort de l'analyse de ces traces que les blocs en
question sont en réemploi, et proviennent probablement
d'un monument antérieur situé dans le voisinage.
On ne connaît que peu de choses des autres faces de la
terrasse ainsi aménagée. A l'ouest, n'en subsiste qu'un
bloc de pierre tendre, posé sans fondation et mordant en
partie sur le pavage de le rue 14. Cet élément présente en
outre à sa partie supérieure des traces d'usure provoquées
par le passage de roues, qui montrent que la voie 13-17 a
continué à fonctionner après la destruction et l'abandon de
l'habitat au début de notre ère (fig. 37 et 49). Au sud et à
l'est, les limites de la terrasse sont inconnues. Un autre bloc
taillé en angle, trouvé dans le comblement d'une fosse du
Vème s. de n. è. située dans la zone 16 (c. 2A), pourrait
appartenir à la même construction (voir ci-après, fig. 62).
De même, aucune observation n'a pu être faite sur le sol
du podium délimité par le mur en grand appareil, ce sol
ayant été détruit par les travaux agricoles modernes et par
la fosse tardive (16, c. 2A-2G), et la couche de remplissage
(c. 2) ayant été elle-même écrêtée. De ce fait, on n'a aucune
Fig. 51 - Maison 10, mur a : détail de l'enduit peint et de son radier de
tessons d'amphores (phase IC), vu du sud -ouest
56
M. PY, D. LEBEAUPIN et coll.
Fig. 52 - Maison 10 : sol d'abandon avec couche de destraction d' adobes (phase IQ ; au premier plan : seuil Bt ; à gauche, rue 13. Vue prise du sud.
idée de la fonction exacte de cet ouvrage, ni d'un éventuel
bâtiment (public?) qu'il pouvait supporter.
6.3. REAMENAGEMENTS DANS LA MAISON 10 - 11
Seule parmi les habitations fouillées dans le Chantier
Central, la maison 10-11 continue d'être occupée pendant
la phase IC. Si son plan et son organisation ne changent
pas, plusieurs aménagements marquent cette dernière
période de son existence.
Dans la salle 10, un remblai est étalé (c. 2) pour fonder
un nouveau sol de terre battue (sol ID), indiqué notamment
par un fin gravillon. Le remblai (terre jaune avec fragments
de briques grises) contient du mobilier plus ancien, attribué
à la phase IB. Le seuil Bt et l'ensemble des murs
précédemment bâtis (Ai, a, b-g, Aj) sont conservés, mais recouverts
alors d'un enduit de mortier, peint uniformément en rouge
(plan : fig. 40 ; coupe : fig. 11, A). Le démontage de cet
enduit a permis d'étudier sa structure strati graphique et les
matériaux mis en œuvre (56). Conservé sur une hauteur de
10 à 40 cm, il était encore en place sur toute la longueur du
mur a (5 m) (fig. 50 et 52 au fond), une partie du mur Ai et
le départ de b-g. Les pierres des parements internes de ces
trois parois ont été liées par un mortier de terre dont la
teneur en eau était élevée, car il déborde largement, masque
certains moellons et forme des aspérités importantes. Sur
ce mortier frais encore plastique, des tessons d'amphores
(de type italique et d'imitation marseillaise : cf. fig. 55,
n° 1) ont été plaqués, parfois profondément imprimés, afin
de créer un plan vertical accidenté dans le détail, mais
globalement homogène. Dans leur majorité, ce sont des
fragments de panse, dont la face convexe est tournée vers
l'extérieur, mais des morceaux d'anse et de col ont également
été utilisés (fig. 51). Ce placage sert à l'accrochage de deux
couches préparatoires de mortier de chaux (sable grossier
et chaux) dont la première pénètre entre les interstices
jusqu'à rejoindre les pierres et le liant débordant des murs.
Très irrégulières, ces couches de crépi ont une épaisseur
totale de 1 à 10 cm et sont, selon les endroits, appliquées
directement l'une sur l'autre ou séparées par les tessons
d'amphores. La surface de la seconde couche,
régulièrement aplanie, est recouverte par un mortier gras qui
constitue la strate de finition ; épaisse de 3 à 5 mm,
principalement composée de chaux, celle-ci a été très soigneusement
lissée avant de recevoir une couche picturale de couleur
rouge carmin. On soulignera que le sol correspondant à
l'enduit est une simple surface de terre battue, de type tout
à fait traditionnel.
STRATIGRAPHIE DU MARDUEL
Sur le sol ID, on fouille une couche de destruction
composée de terre limoneuse (provenant sans doute en
partie du liant de terre des murs), englobant dans sa partie
supérieure des moellons de calcaire, et dans sa partie
inférieure de nombreux morceaux de briques crues (fig. 52).
Près du seuil Bt, une concentration de clous et de fiches en
fer provient vraisemblablement de la destruction d'une
porte en bois (voir fig. 57, n° 25-32 et 38-45).
Les niveaux et les structures de la phase IC sont moins
bien conservés dans la pièce 1 1 : on y retrouve également
un remblai de sol (c. 2), mais sa surface a été détruite par les
travaux agricoles. Il semble que le mur nord fasse alors
l'objet d'une réfection (construction de l'élément c à
l'aplomb de c'). Le mur de refend b-g reste en élévation.
Les autres limites sont inconnues, soit qu'elles aient été
épierrées (façade Aj sur la rue 14), soit qu'elles aient
disparu (vers l'est) lors du creusement des terrasses modernes.
CATEGORIES
cér. tournée fine :
1444 (38,5%)
amphores :
588 (15,7 %)
cér. non tournée :
6.4. LA ZONE 12 DURANT LA PHASE IC
Au début de la phase IC, la maison 122 est abandonnée
et sa façade orientale (mur ri) arasée jusqu'au niveau du sol.
Les autres murs semblent rester pour un temps en
élévation. Un sol (surface 5) témoigne de l'occupation des lieux
postérieurement à la destruction de n, puisqu'il passe par
dessus et s'étend également sur toute la surface de
l'ancienne ruelle 121 (fig. 11, B). Ce sol, constitué de terre et
de cailloutis grossièrement égalisés, concerne donc
l'ensemble de la zone 12. Il ne livre aucune trace
d'aménagement domestique, notamment de foyer, seule s'y rattachant
une petite fosse remplie de pierres dans le coin nord-ouest
(c. 5 A). Peut-être ce niveau témoigne-t-il de l'utilisation du
secteur (en partie couvert dans la zone 122 ?) comme
grange ou dépendance.
Le sol 5 est partout recouvert d'une puissante couche de
destruction, fouillée en deux décapages (couche 3-4). Cette
couche noie les murs a etj et passe à l'ouest par dessus
l'arasement du mur Ah, débordant dans la rue 13 (13, c. 4).
Elle est formée de nombreuses pierres de toutes tailles et de
fragments de tuiles, compris dans une matrice de terre grisjaune, sableuse ou limoneuse. On note dans son épaisseur
plusieurs grandes dalles contre les murs a et Ah. Elle
contient un abondant mobilier (entre autres de gros morceaux
de dolium), beaucoup de faune et de nombreux charbons de
bois qui montrent aussi une utilisation de la zone comme
dépotoir.
6.5. MOBILIER DE LA PHASE IC
6.5.1. Statistique des céramiques
Les fragments de céramique appartenant aux niveaux
de la phase IC (57), au nombre de 3744, se répartissent de
la manière suivante :
57
1453 (38,8%)
doliums :
259 (6,9%)
TYPES
campanienne A : 120 (8,3 %)
dérivés de la campan. A : 1 1 (0,7 %)
campanienne B : 8 (0,5 %)
campanienne C : 4 (0,3%)
dérivés de campanienne C : 13 (0,9 %)
cér. commune jaune : 884 (61,2 %)
céramique gauloise : 8 (0,5 %)
cér. catalane : 5 (0,3 %)
cér. comm. pâte sableuse : 267 (18,4 %)
sigillées italiques : 37 (2,6 %)
cér. à paroi fine : 53 (3,7 %)
cér. engobe rouge interne : 3 (0,2 %)
mortier massaliète : 1 (0,1 %)
mortiers italiques : 19 (1,3 %)
autres types: 11 (0,8%)
ibériques : 3 (0,5 %)
italiques: 478 (8 1,2%)
autres types : 107 (18,2 %)
urnes : 78
coupes : 29
couvercles : 18
6.5.2. Typologie des formes céramiques
- Sigillée italique : 1 bord de forme G6 (58) ; 1 bord G 17 (fig. 53, n° 6); 1
bord de G18 ; 1 bord de G19a ; 1 bord de G19b ; 1 bord et 1 fragment de
G24 (fig. 53, n° 5) ; 1 exemplaire complet et 1 bord de G27 (fig. 53, n° 2
et 7); 2 bords de G28 (fig. 53, n° 1 et 3) ; 2 fragments de G30 probable ; 1
bord de plat de forme indéterminée (fig. 53, n° 4).
- Campanienne A : 1 bord de plat 5 ; 2 bords de plats 5/7 ; 7 bords de patères 27B ; 3 bords de coupes 27c ; 1 bord de coupelle 28b ; 2 bords de
bols 3 1 ; 4 bords ou fragments de plats 36 ; 2 bords de coupelles Morel
1 13 ; 5 bords de patères Morel F2941 (fig. 53, n° 10) (59) ; 1 fond à
rosette ; 2 fonds ; 1 anse horizontale ; 1 graffite en croix (60).
- Dérivés de la campanienne A : 3 bords et 1 fond de patères dérivées de
MorelF2941(fig.53,n°13).
- Campanienne B : 1 fond de bol 1 avec graffite gallo-grec (..EP) (61) ; 1
fond de coupelle de forme 4 ; 1 bord de plat 5 ; 1 fragment de kylix
probablement de forme Pasquinucci 127.
- Campanienne C : 1 bord de coupelle 1 (fig. 53, n° 9) ; 2 bords de plats 7.
- Dérivés de la campanienne C : 1 plat 7 (fig. 53, n° 17).
- Céramique de la côte catalane : 2 bords d'oenochoés.
- Céramique à paroifine : 1 bord de gobelet à lèvre épaissie ; 2 bords de
gobelets en gouttière (fig. 53, n° 23) ; 3 bords de gobelets à petite lèvre
verticale (fig. 53, n° 18 et 22) ; nombreux fragments de gobelets à décor
clouté (fig. 53, n° 19-21 et 23) ; 3 fonds de gobelets ; 1 pied et 1 bord
d'unguentaria (fig. 53, n° 11 et 14) ;
- Céramique commune à pâte sableuse : 14 bords d'urnes à lèvre
déversée (fig. 56, nq 8) ; 1 urne et 4 bords d'umes à lèvre moulurée (fig. 56,
n° 13) ; 2 bords d'urnes à lèvre en amande ; 2 bords d'œnochoés à
embouchure trilobée ; 1 bord d'œnochoé à embouchure ronde ; 4 bords de
jattes à marli (fig. 56, n° 9, 10, 12) ; 1 bord de jatte à lèvre moulurée (fig.
56, n° 1 1) ; 3 bords de couvercles ; 5 anses bifides ; 15 fonds plats.
- Céramique à engobe rouge interne : 1 bord de plat à lèvre en amande
(fig. 53, n° 26).
- Céramique commune à pâte jaune : 1 ampoule, 2 bords et 1 anse
d'ampoules de type massaliète ; 6 bords d'olpés à lèvre en gouttière ; 5 bords
d'olpés à lèvre moulurée ; 2 bords d'olpés à lèvre en amande ; 12 bords
d'olpés à lèvre déversée (fig. 53, n° 27) ; 1 col étroit d'olpé ; 5 bords
d'urnes à deux anses verticales ; 1 bord d'urne à anses collées (fig. 53, n° 24);
1 gobelet et 3 bords de gobelets (fig. 53, n° 25) ; 38 fonds annulaires ; 1
M. PY, D. LEBEAUPIN et coll.
58
:12-3
26
27
Fig. 53 - Mobilier de la phase IC (vers 25 av. n. è. / 10 de n. è.) : céramiques tournées fines.
STRATIGRAPHIE DU MARDUEL
11
59
13
Fig. 54 - Mobilier de la phase IC (vers 25 av. n. è. / 10 de n. è.) : amphores italiques.
60
M. PY, D. LEBEAUPIN et coll.
Fig. 55 - Mobilier de la phase IC (vers 25 av. n. è. / 10 de n. è.) : amphores de types divers.
STRATIGRAPHIE DU MARDUEL
16
61
13
Fig. 56 - Mobilier de la phase IC (vers 25 av. n. è. / 10 de n. è.) : céramiques communes et non tournées.
M. PY, D. LEBEAUPIN et coll.
62
10-1 B
I
1O1C
12-3
10
12-311
12
17-3
12-4
12-4
12-4
20
10-1C
33
37
38
39
\10-1C
40
p 10-1C
41
1\1O-1C
10-1C
29
30
32
M10-1C
VJ10-1C
f10-1C
10-1C
42
43
Fig. 57 - Mobilier de la phase IC (vers 25 av. n. è. / 10 de n. è.) : objets.
44
STRATIGRAPHIE DU MARDUEL
Fig. 58 - Vase à parois fines trouvé sous la base Bb.
bord de plat ; 3 fonds plats ; 1 fond percé de petit trous (faisselle?) ; 20
anses.
- Céramique gauloise peinte : 1 bord de vase balustre peint en rouge sur
le col, en blanc sur la panse ; 3 fragments de panse de vase balustre à
décor peint de croisillons bruns sur fond blanc ; 1 fragment à enduit blanc
et filets rouges.
- Mortiers italiques ou régionaux : 2 profils complets ; 1 1 bords (fig. 56,
n°
1-7); 2 fonds plats.
- Autres céramiques fines : 1 bord à marli, un fond annulaire et 3
fragments de céramique engobée (pâte claire, engobe rouge).
- Amphores italiques : 20 bords de Dressel IB dont un à estampille NP
(fig. 54, n° 1-1 1, 13) ; 1 bord, 1 anse et un épaulement de Dressel 1C ; 23
anses ; 11 fonds (fig. 54, n° 12).
-Autres amphores : partie supérieure d'amphore Dressel IB en pâte
massaliète (radier de l'enduit du mur a : fig. 55, n° 1) ; 1 col de Dressel
2-4 (fig. 55, n° 6) ; 1 bord de Dressel 20 (fig. 55, n° 7) ; 2 bords
d'amphores gauloises dont un avec marque illisible (fig. 55, n° 4 et 5) ; 1 fond
annulaire et 1 anse d'amphore gauloise en pâte massaliète ; 1 autre bord
(fig. 55, n° 2) ; 2 anses ; 1 fond d'amphore ibérique ; 1 pied d'amphore
creux (fig. 55, n° 3).
- Céramique non tournée : bords d'urnes (B01=19 ; B03=l ; C01=25 ;
C02=7; C03=12 ; C04=2
D01=l)(fig.56,n°
16);bordB01
; C06=3 d'urne
; C09=2
à anse
; Cl(fig.
1=2 56,n°
; C13=2
14);bordsde
; C19=l ;
coupes (E01=4 ; E02=4 ; E03=l ; E04=l ; E06=l ; E07=3 ; H01=2 ;
H05=l ; 101=7 ; 102=1 ; 105=3 ; 109=1) dont quatre coupes à oreilles et
goulot (fig. 56, n° 15) ; bords de couvercles (C01=2 ; C03=2 ; D01=4 ;
D02=2 ; D03=6 ; D09=2) ; fonds (11A=11 ; 12A=18; 12B=1 ; 41A=1 ;
41C=1 ; 42C=2 ; 61A=1 ; 62A=2 ; 62C=1) ; décors d'urnes (1 rangée de
coups obliques incisés ; 1 chevron double imprimé au peigne ; 3 chevrons
doubles incisés ; 1 ligne horizontale incisée ; 4 chevrons simples incisés ;
1 cordon lisse) ; préhensions (3 anses rubanées, 1 anse bifide). A noter
que beaucoup de pièces sont finies au tour lent
- Dolium : 8 bords en quart de cercle de gros doliums ; nombreux
fragments de petit dolium à lèvre biseautée (4 bords ; 6 fragments de panse à
décor de rangées de coups de peigne et d'incisions) ; 2 fonds.
6.5.3. Documents divers
- Terre cuite : 7 pesons pyramidaux dont un porte une croix incisée
(fig.
fragments57,den°lampe
1-5) dont
; 1 fragment
3 à bec d'antéfïxe
en enclume(volute
et volutes
: fîg. (fig.
57, n°53,7)n°; 15)
7 ; 1
fragment de chenet ; 4 rondelles taillées dans des parois de vases ; 1
rondelle taillée dans une tuile ; nombreux fragments de tuiles à pâte jaune
fine ou brune à gros dégraissant ; 2 tuiles plates de forme discoïdale ; 1
fragment de tuile plate à ouverture circulaire. Ajouter (zones 13, c. 2 et
14, c. 2) plusieurs fragments de briques réfractaires vitrifiées, avec joint
d'argile à dégraissant, provenant vraisemblablement de la destruction
d'un four de potier.
- Enduit : Divers fragments d'enduit peint sur mortier, dont un avec graffite (chiffre ? : fig. 57, n° 8).
- Verre : 1 perle en pâte de verre de couleur verte à décor ocelé d'émail
blanc (fig. 57,n°10);
-Os A boite à sceau (fig. 57, n° 9).
63
- Fer : 23 clous (fig. 57, n° 14-16, 19, 21-29, 34-41) ; 4 clous de
chaussure (fig. 57, n° 17, 1 8) ; 10 tiges (fig. 57, n° 32, 33, 42-45) ; 4 clavettes ou
pitons (fig. 57, n° 20, 30, 31) ; 1 bague en fer avec chaton en bronze (fig.
57, n° 1 1) ; 1 lame ; 1 anneau ; 1 coin (fig. 57, n° 12) ; 2 scories (plus une
centaine de scories dans la tranchée c. 3 de la zone 16 : supra).
- Bronze : 1 pince à épiler (fig. 57, n° 13) ; 1 fragment d'anneau ; 1
fragment de plaque.
- Plomb : 1 coulée ; 1 tige à extrémité arrondie.
- Pierre : 8 fragments de meules en basalte ; 2 pilons ; 1 lissoir en schiste;
1 aiguisoir en grès ; 7 tessères de mosaïque en calcaire blanc ; 2 pierres
taillées en molasse : cylindre (élément de colonnette ?) et bloc en biseau.
- Monnaies : 1 obole de marseille à la roue (inv. 38 : 12, c. 3-4) ; 1 petit
bronze peut-être massaliète au taureau cornupète (inv. 39 : 12, c. 3-4) ; 1
quinaire de la république romaine en argent, type Crawford 333/1, 97 av.
n. è. (inv. 36 : 10, c. IB); 1 as de Nimes en bronze du 1er type (inv. 67 :
16, c. 3).
- Faune : 1579 os ou fragments d'os ; 4 coquillages.
6.5.4. Intrusions
1 bord de coupe atdque à vernis noir (12, c. 3-4) ; 3 fragments de
céramique grise monochrome (12, c. 3-4) ; 1 fragment de céramique
pseudo-ionienne peinte (12, c. 3-4) ; 5 fragments de céramique non
tournée du BF mb (12, c. 3-4) ; plusieurs fragments d'amphore massaliète ; 1
fragment de sigillée claire B (14, c. 2) ; 1 bord noirci de vase tardo-romain (14, c. 2) ; 1 fond de mortier massaliète (13, c. 2).
7. L'abandon du début de notre ère et les traces
de fréquentation ultérieure
Immédiatement sur les niveaux d'occupation ou de
circulation appartenant à la phase IC, on trouve presque
partout une couche de destruction marquant un abandon
général du quartier, et probablement de la majeure partie du site
de hauteur. Ces niveaux de destruction correspondent
(voting. 2 à 6):
- dans la zone 17 à la couche 1 A ;
- dans la zone 14 à la couche 2 ;
- dans la zone 13 à la couche 1 A ;
- dans la zone 10 à la couche IC et à une tranchée et une
fosse d'épierrement (c. IB, c. 2B) ;
- dans la zone 12 à la couche 3-4.
Nous avons vu que ces niveaux de destruction
contenaient du mobilier couvrant le dernier quart du 1er s. av. n. è
et les premières années du 1er s. de n. è. : d'après les
éléments les plus récents qu'ils contiennent, on peut fixer
cette destruction et cet abandon entre 10 et 20 ap. J.-C, en
tenant compte notamment de l'absence totale de sigillée
gauloise.
L'oppidum ne semble plus habité entre le 1er et le
Vème s. de notre ère (62), tandis que la ville basse, située
au bord du Gardon, connaît à cette époque une occupation
continue et probablement sa période de plus grand
développement (63). On relève cependant dans le Chantier
Central quelques traces de fréquentation du 1er s. de notre
ère, notamment dans les zones 15-16 :
- les traces d'usure provoquées par le passage de roues,
visibles au sommet du bloc As, sont situées au-dessus des
64
M. PY, D. LEBEAUPIN et coll.
niveaux de destruction précédemment cités, et indiquent
que la voie 13-17 a continué à fonctionner après l'abandon
de l'habitat.
- des blocs de pierre (Ba et Bb), retrouvés au sommet de la
stratigraphie de la zone 16, et faisant peut-être office de
base de poteau, sont également d'époque tardive, comme
l'indique la présence, sous l'un d'eux, d'un vase à paroi
fine à décor de "pommes de pin"(fig. 58).
On ne peut cependant rattacher aucun mur ni aucune
couche archéologique à cette époque intermédiaire.
8. Evolution des techniques de construction aux
Ilème et 1er s. av. n. è. dans le Chantier Central
(par C1.-A. de Chazelles)
8.1. LES MURS EN PIERRE ET LES SOLINS
Aux Ilème et 1er s. av. n. è., les murs en pierre sont
fondés de trois manières différentes, mais la plus courante, à
toutes les phases, est la construction posée sur un mur
antérieur arasé, encore visible ou que l'on cherche au moyen
d'une tranchée (par exemple murs d, hlx, k, Ah, et;). Si, au
début du Ilème s., on élève encore des murs qui ne sont pas
fondés en profondeur, mais simplement posés sur le sol,
leur base étant ensuite scellée par un remblai (64), cette
pratique disparaît au cours des phases plus récentes. Ainsi,
dans la seconde moitié du 1er s., à côté des traditionnelles
reprises au-dessus d'arasements (illustrées par Ai, By, c et
a), les murs nouvellement créés sont construits sur
d'importantes fondations, hautes de 70 à 200 cm (b-g,j, n).
Pour autant qu'on puisse en juger sur un petit nombre
de documents, il ne semble pas exister de différences
importantes entre les deux parties des murs (fondation et
élévation), ni dans le choix des matériaux, ni dans leur mise en
œuvre. En particulier, le recours à des pierres travaillées et/
ou à des appareils en assises concerne indistinctement les
fondations et les élévations (murs b-g et n pour les
premières,; et n pour les secondes).
* Qu'il s'agisse de murs anciens réutilisés ou de
fondations véritables, la largeur des soubassements enfouis
excède rarement celle de la partie aérienne, sauf dans le cas
du mur Au qui possède une première assise débordante. Par
contre les reprises se trouvent parfois décalées (en retrait
ou en surplomb) par rapport aux murs sous-jacents, mais
ceci peut s'expliquer de deux manières : soit les
constructions antérieures ont été arasées au niveau des sédiments
qui les scellaient, soit elles ont été recherchées dans des
tranchées alors que le souvenir de leur localisation était
devenu approximatif.
Dans l'ensemble, le tracé de chaque fondation et/ou
élévation est globalement rectiligne et les exceptions ont
des causes fondamentalement différentes : dans certains
cas le tracé sinueux date de la construction (ex. : e, hlx, à),
dans d'autres, il s'agit de déformations postérieures (ex. :
n, b-g).
Les irrégularités du parement nord du mur composite
formé par la superposition de o, hlx et a, trouvent leur
origine à la fois dans le fait que les reprises intègrent des
ties de mur arasées irrégulièrement (par exemple le tiers est
de hlx est constitué par un vestige de o), et dans un
inévitable processus de reproduction des anomalies primitives à
travers l'empilement des murs (la sinuosité de hlx se
retrouve par exemple dans le tracé de a). Rien de semblable
en ce qui concerne les déformations accusées par les
fondations de n et de b-g, imputables à un facteur physique
naturel : la pression des terres sur les constructions parallèles
aux courbes de niveau de la colline. Le phénomène avait
pourtant été correctement appréhendé par les maçons du
1er s. av. n. è., qui sont parvenus à le limiter en fondant
profondément ces deux murs.
Tenter de cerner une éventuelle logique architecturale,
de quelque ordre que ce soit, en comparant les largeurs et
les hauteurs des murs des Ilème et 1er s. serait actuellement
une entreprise hasardeuse, pour différentes raisons. Les
moyennes établies sur les largeurs de 6 ou 7 murs par phase
n'ont guère de signification; de même, la comparaison au
sein d'une phase entre murs porteurs et refends, ou entre les
parois N-S et E-O, pourrait être fructueuse si elle portait sur
un nombre de documents plus important. Pour ce qui est
des hauteurs, dont les mesures sont souvent incomplètes,
on ne peut dépasser le simple constat : les murs en pierre,
qui doivent être interprétés dans de nombreux cas comme
des solins, pouvaient atteindre des hauteurs égales ou
supérieures à celles qui sont conservées, soit, toutes phases
confondues, 60 à 90 cm pour les plus hauts. Compte-tenu
de leurs largeurs, en moyenne supérieures à 50 cm, toutes
ces bases ont pu supporter des élévations en pierre, et rien,
objectivement, ne distingue ceux qui correspondaient à
cette description de ceux qui portaient des élévations en
terre crue. Par ailleurs, les dimensions relevées sur d'autres
sites montrent bien que l'épaisseur d'un mur ne constitue
pas un critère suffisant pour déduire la nature de sa partie
supérieure, puisqu'elle est à peu près la même quelle que
soit l'élévation : 55 et 40 cm pour les murs tout en pierre de
Nages aux phases II et III ; de 40 à 45 cm pour les solins de
l'oppidum de La Cloche, et de 45 à 50 cm pour ceux de
Saint-Pierre-les-Martigues (65). Quant aux hauteurs que
présentent les solins bien attestés, leur diversité est telle
que l'on est incapable de dégager une règle en la matière:
35 à 115 cm pour les soubassements du Ilème s. de SaintPierre-les-Martigues, 160 cm pour ceux de La Cloche un
siècle plus tard, et 90 cm à Glanum vers la même époque
(66). Le contraste est à peine moins frappant, au Marduel,
entre les solins clairement attestés sur le site, à savoir le
refend d de la phase IA, haut de 62 cm et sur lequel une
assise d'adobe était conservée, et la façade n de la phase IB,
qui montre un arasement vraisemblablement aménagé pour
recevoir une structure en matériau différent, à 20 cm du sol
seulement.
Les matériaux lithiques mis en œuvre dans la
construction appartiennent principalement à deux formations
calcaires présentes dans l'environnement du site (voir note
10), les autres éléments, roches ou céramiques, qui
n'interviennent que de façon sporadique, pouvant être classés
parmi les "inclusions". Toutefois, les galets de quartzite
présents à la phase IB dans 5 des 7 murs étudiés doivent
être considérés comme un matériau caractéristique de cette
époque.
Du début du Ilème s. jusqu'à la période augustéenne,
les pierres des murs sont invariablement liées par une terre
limoneuse, extraite sur le site, ainsi que le confirme la
présence de tessons de céramique, de charbons de bois et de
STRATIGRAPHIE DU MARDUEL
nodules argileux (Bj, d, b-g). Une distinction peut être faite,
à la phase IB, pour les murs de la pièce 12, tous liés par du
limon contenant des petits graviers (n,j, Ah, a).
La façon dont les roches sont traitées, c'est-à-dire le
travail de la pierre proprement dit et la mise en œuvre des
éléments dans les murs, est étroitement dépendante de leur
nature pétrographique. La molasse miocène, qui constitue
l'essentiel des constructions, présente un débit naturel en
plaques dont l'épaisseur souvent réduite correspond à des
lauzes ou des dalles plutôt que des blocs ou des moellons.
Qu'elles aient été extraites à dessein ou ramassées à la
surface du sol, elles se prêtent facilement à une utilisation
architecturale à l'état brut. Mais, dans une roche aussi tendre,
les impacts des outils à percussion directe (lancée) ne
laissant pas de traces très nettes, on a préféré considérer à
priori que les faces de parement n'étaient pas retouchées, bien
que le doute soit permis dans nombre de cas. On groupe
ainsi dans une même catégorie les murs dont les pierres
sont absolument brutes, et ceux dont les (ou quelques)
éléments ont été légèrement dressés au moment de la pose,
afin que leur tête respecte l'aplomb et le nu du parement.
Dans cette acception, les moellons et les blocs "bruts"
représentent la totalité des pierres mises en œuvre durant les
phases IIA, IIB et IA, ainsi qu'une bonne partie de celles de
la phase IB. Une catégorie différente réunit 4 des 7 parois
de cette dernière période, dont certains éléments
témoignent de l'intervention du tailleur de pierre: moellons
équarris à faces de parement dressées des murs a et b-g ;
dalles dont le lit d'attente aplani forme l'arasement du
mur n ; dalles complètement ébauchées appareillant les
piédroits de n et b-g ; véritables pierres de taille constituant
l'extrémité dey' (voir ci-après, § 9.3).
Nettement moins représenté, le calcaire dur intervient
également dans la construction où ses blocs informes,
difficiles à loger dans les paiements, jouent le rôle d'éléments
raidisseurs lorsqu'ils sont disposés en parpaings (BjetAw)
ou forment les assises de réglage (h/x, Ah, Aw).
Les pourcentages relatifs des deux roches au sein des
murs définissent assez clairement des ensembles de
construction. D'ores et déjà, on peut isoler par exemple les murs
de la phase IIB qui comportent 70 à 80 % de calcaire tendre
contre 20 à 30 % de calcaire dur, tandis qu'aux phases
suivantes la plupart des constructions montrent 90 à 99 % de
molasse (à l'exception de Aw et Ah). Cette différence de
proportions est à mettre en parallèle avec le fait que
l'architecture la plus récente met en œuvre des pierres travaillées
et des appareils réguliers, qui étaient plus faciles à réaliser à
partir de la molasse.
Au cours de ces deux siècles, la technique de montage
des murs reste fidèle au système des deux parements
accolés que lient quelques éléments mis en parpaings (occupant
toute la largeur de la paroi) ou en boutisse, c'est-à-dire des
éléments très longs, dont l'extrémité se loge entre celles de
deux panneresses du parement opposé. L'absence de
blocage est systématique, mais le centre des murs est occupé
par de la terre et des cailloux qui stabilisent les queues en
dépouille des blocs et des moellons en s'insérant dans les
vides parfois importants qu'elles laissent entre elles.
Aucune différence, d'ordre chronologique ou d'ordre
fonctionnel, ne s'impose au vu de la disposition des pierres,
commandée par le débit de la roche qui privilégie la pose
couchée des panneresses et des boutisses. La même
constatation s'applique à l'analyse des types d'appareils. A
l'exception du mur y, dont l'élévation en pierres taillées était
65
vraisemblablement en assises régulières*, et de la fondation
de b-g qui présente un appareil du même type, les
parements des constructions des Ilème et 1er s. restent très
irréguliers et correspondent à la définition que R. Ginouvès et
R. Martin donnent de Y appareil incertain : "appareil
mettant en œuvre des cailloux et/ou moellons de forme
irrégulière, sans qu' on puisse y distinguer des assises bien
différenciées" (67).
8.2. LES OUVERTURES
Sur les cinq ouvertures dont les dimensions et les
aménagements sont connus, quatre appartiennent à la phase IB
et font preuve d'une grande diversité. En premier lieu, on
est frappé par les différences de largeur, l'importance de
cette dimension apparaissant totalement indépendante de
la position de la baie : ainsi l'unique porte de
communication entre deux pièces, dans le mur b-g, est nettement plus
large que la porte extérieure de la case 122 (93 cm contre
78 cm), mais la dimension de cette dernière est sans
commune mesure avec celle des deux ouvertures donnant accès
à la pièce 10, soit 1,20 m au sud (dans le mur A/) et 1,05 m
au nord (dans le mur a). De telles variations ont déjà été
observées en Languedoc oriental (68), et en l'occurrence,
les dimensions des portes du Marduel s'inscrivent
logiquement dans la série des ouvertures répertoriées pour le Ilème
Age du Fer.
Au niveau des aménagements construits, la présence
d'une pierre de seuil au bout du mur Aj de la pièce 10, qui
perpétue un dispositif mis en place à la phase précédente,
fait figure d'exception. Les autres portes relient de plainpied sols intérieurs et extérieurs, même si, dans le cas de la
pièce 122, le passage doit s'effectuer par dessus une dalle
dressée qui barre l'éventuelle arrivée d'eaux de pluie ou de
ruissellement (69). Enfin, le mode d'appareillage des
piédroits sépare nettement les ouvertures en deux types qui
semblent bien se succéder dans le temps, la rupture
chronologique devant être placée dans le courant de la phase IB.
En effet, il faut vraisemblablement rattacher la
construction du mur a, de facture typiquement protohistorique, et de
sa porte obturée par la suite (Aj), au début de cette phase,
tandis que celle des murs./, n et b-g peut être située plus tard
dans le 1er s. (les murs n et b-g étant, comme il convient de
le signaler, accolés aux parements de a et par conséquent
postérieurs à lui). Les piédroits de la porte Af, signalés par
un empilement de moellons vaguement disposés en
boutis es et en panneresses alternées, se démarquent
complètement des jambages soigneusement appareillés en pierres
équarries, qui délimitent les ouvertures des murs b-g, n ety,
prémices d'une architecture nouvelle sur le site.
8.3. BILAN SUR LA CONSTRUCTION EN PIERRE
Un rapide bilan des procédés mis en œuvre dans la
construction en pierre sur l'oppidum, aux Ilème et 1er s. av.
n. è., fait bien ressortir l'immobilisme des techniques
jusqu'au second quart du 1er s. Dans le moindre détail, toute
l'architecture reste fidèle aux principes protohistoriques,
depuis l'habitude de superposer les murs d'une phase à
l'autre (70) jusqu'à la réalisation de parements en appareils
incertains, en passant par l'utilisation de pierres brutes et
66
M. PY, D. LEBEAUPIN et coll.
de liant de terre. Force est de constater que les innovations
(qui sont non seulement d'ordre technique comme le fait
d'asseoir les murs dans des tranchées profondes ou de
tailler les roches, mais également d'ordre esthétique
comme en témoigne la finition donnée aux piédroits des
murs n et/) sont chronologiquement indissociables et
apparaissent, de manière accomplie, toutes ensemble vers les
années 70 av. n. è. Révolutionnaires d'un point de vue
technologique, ces pratiques ont un impact décisif sur toute
l'architecture et même sur l'urbanisme du quartier. Audelà de l'acquisition d'un savoir-faire, la taille de la pierre
libère le maçon, jusque là soumis aux impératifs du
matériau brut, dans la mesure où il maîtrise désormais le choix
des modules, l'organisation raisonnée des éléments en
assises, le tracé et la mise d'aplomb rigoureux des parois,
l'appareillage calculé des jambages de portes, etc. Bien
plus, la possibilité de fonder des murs solides offre la
liberté d'échapper au cadre figé de la trame urbaine qui
perpétuait le système des reconstructions sur les arasements de
murs anciens.
8.4. LES ELEVATIONSENTERRE CRUE
L'édification des superstructures de terre crue, dont la
technique de mise en œuvre est parfaitement identifiée exclusivement l'adobe - est une constante dans l'habitat du
Marduel des deux derniers siècles avant notre ère. On en
veut pour preuve les épaisses couches limoneuses, formées
par la désagrégation et le compactage des briques crues,
qui séparent les sols des différentes phases d'occupation.
Au-delà des indications fournies par l'analyse des
matériaux eux-mêmes et les mensurations des éléments moulés,
nombre d'incertitudes subsistent parmi lesquelles
l'impossibilité de localiser les murs en adobe au sein d'une unité
architecturale est assurément l'une des plus regrettables.
Mais, on l'a vu, les critères fondés sur les dimensions des
murs en pierre ne sont pas fiables et aucune information
n'est à attendre des couches de démolition.
Pour ce qui est des matériaux, en dehors d'une
estimation sur la provenance probable des argiles bleues du Plaisancien (71), il faut attendre les résultats d'analyses de
laboratoire pour être en mesure de déterminer les origines,
éventuellement diverses, des terres, ainsi que leurs
caractéristiques granulométriques. L'examen d'une cassure
fraîche, dans n'importe quel échantillon prélevé, révèle, par
l'aspect compact du matériau dans lequel aucun vide n'est
visible à l'œil nu, l'attention donnée à la phase
d'hydratation de la terre et à son malaxage. Des petits graviers, des
minuscules nodules de calcaire blanc et d'argile de
différentes couleurs, sans doute contenus naturellement dans la
terre employée, ainsi que des cailloux et des fibres
végétales ajoutés pour servir de liant, confèrent à ces adobes une
cohésion et une dureté remarquables.
Les rares dimensions qui ont pu être relevées, à
l'exception d'un adobe entier dont le module est très original (22 x
20 x 9 cm), concernent exclusivement l'épaisseur des
éléments ; pour plus de la moitié d'entre eux, elle est égale à 7
ou 8 cm, quelle que soit la phase à laquelle ils
appartiennent. Un détail frappe sur tous les éléments conservés :
c'est le soin avec lequel le moulage a été effectué et qui
transparaît encore dans les traces de lissage de la face
supérieure, la netteté des angles et des arêtes, ainsi que dans la
rectitude des chants. En tout cas, il est impossible d'établir
l'existence de modules caractéristiques du site en général,
d'une phase ou d'une construction donnée, et il faut se
borner à reconnaître que les épaisseurs des briques sont
conformes aux normes protohistoriques (72). Pour ce qui est
des inclusions visibles à l'œil nu, graviers ou liants
végétaux, présentes dans certains échantillons, rien d'étranger
non plus aux habitudes de l'époque (73).
Les indications touchant à la disposition des briques
dans les murs sont par ailleurs trop peu nombreuses pour
que se dégagent des pratiques particulières aux
constructeurs de ce site. Dans un cas (mur d), on a affaire à une
rangée de briques en panneresses dressées qui, n'occupant pas
la largeur complète du solin, autorise à reconstituer une
seconde file parallèle à celle-ci ; compe-tenu des
dimensions conservées (3 adobes), toutes les hypothèses peuvent
être émises : assises alternées de briques de chant et de
panneresses à plat ; association au même niveau d'adobes
couchés et d'autres dressés, comme cela a déjà été observé
sur une cloison dans l'habitat gallo-romain d'Arles (74),
etc. Dans le second cas (De), il s'agit du doublage en
briques de la base d'un mur en pierre, au sujet duquel
plusieurs interprétations sont possibles (voir note 31). Une
structure à première vue comparable existe sur l'oppidum
de St.-Pierre-les-Martigues, mais, tandis qu'au Marduel le
placage est contemporain de la façade en calcaire, à SaintPierre il correspond à la réfection d'une paroi, qu'il
contribue à épaissir, afin de lui donner la dimension nécessaire
pour supporter une nouvelle élévation de largeur
supérieure (75).
La fabrication des adobes et leur participation à
l'architecture domestique remontent au moins à la seconde moitié
du Vème s. av. n. è. sur le site du Marduel, et elles ont
toujours été d'actualité, y compris au cours des dernières
opérations de construction qui datent de l'époque augustéenne.
Bien que ce soit un mode de construction tout à fait
reconnu maintenant, à travers le Midi de la Gaule, du Vlème s.
av. n. è. jusqu'au début du Bas Empire romain,
l'importance prépondérante qui lui a été accordée ici, pendant cinq
siècles, est absolument digne d'intérêt : paradoxalement,
la terre à bâtir a dû être apportée sur la colline, parfois
d'assez loin, puis travaillée et moulée, alors que le gisement
était installé sur un substrat calcaire susceptible de fournir
aisément un matériau de construction utilisable sans
transformation. Il y a dans les motivations de ce choix
certainement plus que l'obéissance à des règles architecturales
techniques ou fonctionnelles (facilité et rapidité du
montage des murs à partir de modules standardisés, souplesse
du matériau modelable, recherche d'isolation thermique,
etc.) et il faut sans doute y voir une large contribution de
facteurs, voire de conditionnements, culturels.
8.5. LES AMENAGEMENTS INTERIEURS
L'habitude de couvrir de terre argileuse ou limoneuse
les sols et les murs des cases, souvent d'ailleurs au cours
d'une opération unique, est fort ancienne en Gaule et
adoptée depuis le milieu du Vème s. av. n. è. sur le site (76). A la
période qui nous intéresse, la coutume est toujours en
vigueur pour l'aménagement ou l'entretien des sols, aux
phases IIA et IIB où elle se traduit par l'accumulation de
recharges pelliculaires (zones 122 et 102/11), et à la phase
STRATIGRAPHIE DU MARDUEL
suivante (IA), où elle est matérialisée par un revêtement
qui couvre sans interruption le sol d'une pièce et ses murs
(zone 102/1 1). Par contre les crépis muraux ont laissé des
traces beaucoup plus discrètes et les documents parvenus
jusqu'à nous sont lacunaires (phases IIA : mur hlx ; IIB :
doublage De ; IA : murs d et k). Tous sont appliqués
directement sur le parement, de pierre ou de brique crue, en une
couche unique dont l'épaisseur varie de 0,5 cm à quelques
centimètres, et dont la surface ne porte aucun décor
particulier. Il est clair que leur fonction était utilitaire avant
d'être esthétique. Soulignons le fait que ces enduits
couvrent des murs intérieurs, alors qu'aucun parement
extérieur n'en garde de trace.
Les phases de construction et de réaménagement des
trois derniers quarts du 1er s. av. n. è., au cours desquelles
l'organisation structurelle du quartier a été modifiée, sont
marquées par l'appropriation de techniques architecturales
qui rompent avec les procédés traditionnels. Leur caractère
novateur se manifeste jusque dans les aménagements
internes de l'habitat, car c'est, notamment, la découverte des
possibilités offertes par la chaux qui fait l'originalité de ces
phases finales. D'abord utilisée comme durcisseur pour les
revêtements de sols où on la trouve associée au limon, puis,
pratiquement dans le même temps (au cours de la phase
IB), intervenant dans la composition de différents types de
mortiers destinés à étanchéifier un bassin, elle joue enfin
un rôle primordial à la phase IC dans la modernisation des
enduits muraux. Certes la technique employée ici aurait été
jugée expéditive par Vitruve pour qui "...si on ne mettait
qu'une couche de mortier de sable et une de marbre, cet
enduit serait si mince qu'il se romprait aisément, et il ne
pourrait jamais recevoir de polissure" (77). Reste que les "stucateurs" du Marduel sont parvenus à faire tenir le mortier
de préparation et à polir la couche de finition de manière
très acceptable.
L'accrochage des enduits sur des placages de tessons
est un procédé qui semble lié à l'introduction des mortiers
de chaux en Gaule, car il n'est jamais signalé pour les
revêtements exclusivement en terre. L'exemple du Marduel,
après celui de l'Ermitage d'Alès, est un des plus anciens
dans le Midi ; sur ces deux sites, il va de pair avec
l'adoption très précoce du mortier de chaux qui ne se généralise
pas, comme liant de mur ou comme enduit, avant l'époque
augustéenne (78). On s'interroge d'ailleurs sur les raisons
de la diffusion si limitée d'un produit qui ouvrait la voie de
solutions très nombreuses dans la construction et le décor.
Connue dès le Illème s. av. n. è. sur les sites hellénique ou
hellénisés de Marseille , d'Olbia et de Lattes (79), la chaux
participait déjà à la confection de torchis, de briques et de
revêtements muraux dès le début de la période ibérique en
Espagne (80). Contrairement à cette région, où le procédé a
pu être "inventé" sur place (81), il semble qu'en Gaule il
s'agisse d'un produit, et donc d'une technique,
d'importation.
8.6. LES COUVERTURES
Au Marduel, l'adoption de la tuile comme matériau de
couverture est légèrement antérieure à celle du mortier de
chaux, et la première utilisation assurée, datant du second
quart du 1er s. av. n. è., peut être tenue pour relativement
67
précoce dans la région. Le remplacement des matériaux
périssables par la terre cuite se fait à peu près au même
moment à Nages, mais seul le toit d'un bâtiment public (fanum) en bénéficie (82). La généralisation des toitures en
tegulae et imbrices n'est effective dans l'habitat régional
qu'à partir du milieu du 1er s. av. n. è. C'est vers cette date
qu'elles couvrent les maisons du secteur IV d'Ambrussum,
ainsi que les habitations de l'Ermitage d'Alès et de ViéCioutat (83), tandis qu'à la même époque, les cases de
l'oppidum de La Cloche conservent des toitures en torchis (84).
Malgré des portées supérieures à 4 m, les poutres ne
semblent pas avoir été soutenues sur leur longueur par des
poteaux verticaux : on n'a retrouvé en effet ni dalle de
pierre, ni calage, ni enfoncement dans les sols pouvant en
signaler les emplacements.
8.7. CONCLUSION
Alors que les procédés de construction restent, jusqu'au
début du 1er. s. av. n. è., identiques à ceux du IVème, voire
du Vème s., un changement radical s'opère à la phase IB,
un peu avant le milieu du siècle. On passe sans transition
d'un habitat extrêmement traditionnel à une forme
d'architecture qui intègre un certain nombre de matériaux
nouveaux, ainsi que les techniques qui leur sont liées,
apparemment sans tâtonnement. Ce fait doit être souligné car, si
les maisons bâties au second quart du 1er s. portent toutes
les marques de techniques inédites, comme la taille de la
pierre, l'usage de la chaux et les couvertures en tuiles,
c'est, semble-t-il, que les constructeurs du Marduel se sont
appropriés en l'espace de quelques décennies des
nouveautés technologiques auxquelles ils ont été confrontés hors du
village, sans hésiter à rompre avec des habitudes
séculaires. De plus, leurs premières réalisations dans ce domaine
témoignent d'emblée d'une réelle maîtrise qui nous
interroge nécessairement sur la réceptivité des populations
locales vis-à-vis des apports étrangers, et sur leur processus
d'acquisition.
9. Etude des éléments en pierre taillée
des Ilème et 1er s. av. n. è. retrouvés
dans le Chantier Central
(par J.-Cl. Bessac)
9.1. LA ROCHE LOCALE DISPONIBLE POUR LA TAILLE
Le site du Marduel est implanté sur un substrat
géologique composé essentiellement de grès molassiques de l'Helvétien supérieur. Toutefois, loin de présenter une
homogénéité de structure, divers micro-faciès font que, sur
quelques centaines de mètres, on passe rapidement d'une roche
tendre à grain fin à une pierre dure grossière rappelant par
endroit la consistance et l'aspect d'un poudingue. Seule la
qualité tendre a été exploitée comme pierre de taille. A
200 m au sud des fouilles, subsistent les vestiges d'un front
d'extraction de pierre de taille dont l'origine pourrait être
antique. Cependant, son état de conservation actuel, dans la
M. PY, D. LEBEAUPIN et coll.
68
partie à l'air libre, et des modifications dues à une activité
extractive moderne, ne permettent pas de préciser ce
dernier point, que seule une fouille pourrait assurer. En cet
endroit, la roche est tout à fait similaire aux pierres taillées
antiques retrouvées sur le site. Cette variété s'apparente
techniquement à d'autres roches régionales également
utilisées dans l'Antiquité : pierre du Cap Couronne (85),
pierre de l'oppidum de Saint-Biaise (86), etc. Fraîchement
extraite, cette pierre se laisse bien tailler, même avec des
outils peu aciérés (87) ; ensuite elle durcit sensiblement
après une longue exposition à l'air libre.
9.2. LES MURS EN GRAND APPAREIL
DES ZONES 15 ET 16
9.2.1. Mur As
De ce mur, il ne subsiste en place aujourd'hui qu'un élément très
érodé longitudinalement sur sa partie supérieure. La forme de l'usure
dénote un passage fréquent de véhicules à roues probablement renforcées
de métal (voir supra). La face interne de ce bloc est taillée en chevrons
horizontaux, selon la technique hellénistique, très courante dans la région
de Marseille aux environs du Ilème s. av.n.è. (fig. 59). Contrairement à
l'usage, cette taille n'apparaît pas en parement, mais elle est cachée à
l'arrière par le mur Ar et la terre de remplissage de la terrasse. L'outil
utilisé pour cette taille est un marteau-taillant muni d'un tranchant de
5,2 cm de large. La pierre est mise en œuvre sur des lits naturels de
carrière.
9.22. Mur Ar
Trois grandes pierres de taille composent ce mur édifié le long de la
rue 14 (fig. 60, en haut). L'assemblage de ces éléments forme des joints
assez larges et irréguliers. Les lits d'attente sont tous disposés à peu près
au même niveau ; on note toutefois un petit décalage vertical sur le
deuxième joint en partant de l'ouest Toutes les arêtes supérieures
externes, ainsi que celles formant saillie sur le lit d'attente à l'endroit du
décalage du joint vertical, sont sensiblement émoussées, alors que leur vis-àvis interne parait bien préservé. Il est donc probable que le mur Ar et son
retour Ar ont connu une circulation piétonne intense, surtout transversa-
Fig. 60 - Relevé des blocs en grand appareil du mur Ar-As et de la fosse 2
de la zone 16.
lement et en moindre proportion longitudinalement (ou plus
probablement en biais). Tous les blocs sont posés sur leur lit naturel. Les lits de
pose des trois pierres sont situés à des niveaux très différents. Le bloc
ouest est posé sur de petites pierres de tout venant, et les deux blocs est
sur une fondation (Ay). En parement côté rue, une légère usure ne permet
pas toujours d'identifier précisément les traces d'outil ; néanmoins,
celles qui subsistent dénotent qu'aucune retouche n'a été exécutée en
œuvre.
• Le grand monolithe ouest
Au couchant, la première pierre du mur Ar forme un long monolithe
de 241 cm de long, aujourd'hui cassé en deux points. En parement, côté
rue, la face est aplanie au marteau taillant (tranchant de 5 à 5,5 cm), sauf
vers l'arête inférieure, au contact du lit de pose, où reste un bourrelet brut
de dégrossissage sur environ 6 cm de haut ; sa saillie sur le nu du mur
varie de 1 à 1,5 cm. Sur l'arête supérieure interne, vers le milieu du bloc,
a été taillée au ciseau une feuillure de 82 cm de long sur 6 x 4 cm de
section. La face interne a été régularisée à l'aide d'un marteau taillant
(tranchant de 5,2 cm), dont les impacts obliques apparaissent disposés en
séries à peu près parallèles, selon la technique régionale de taille de pierre
spécifique de l'époque hellénistique (fig. 61) (88).
• La pierre centrale
Comme le précédent, cet élément comporte un bourrelet analogue
disposé également à la partie inférieure de son parement du côté de la rue.
Le lit d'attente de la pierre comporte une légère dépression plane
(environ 1 cm) confectionnée spécialement pour recevoir, lors d'une mise en
œuvre antérieure, le lit de pose d'un bloc d'une seconde assise. Ce
décrochement résultant d'une taille initiale en œuvre du lit d'attente est aussi
caractéristique des bâtiments hellénistiques (89). H a été confectionné
avec un marteau taillant à très large tranchant (12,5 cm) légèrement
courbe (0,2 à 0,3 cm de flèche).
• Le bloc est
Cette pierre à l'origine beaucoup plus grande a été débitée en queue,
vraisemblablement à l'aide de coins, puis grossièrement rectifiée avec un
marteau taillant très large (12 à 12,5 cm) pour être réemployée dans le
mur Ar. On distingue sur son lit d'attente un large creux de 1,5 cm de
profondeur moyenne, d'origine analogue à celui remarqué sur la pierre
centrale. La face extérieure en parement correspondait probablement
avant sa réutilisation à un joint vertical dont la surface très fruste et usée
n'autorise guère de remarques techniques précises. Sur le lit d'attente, il
semble qu'il y ait eu un y gravé dans la pierre (hauteur 7 cm, largeur 3 ,5).
Toutefois le caractère très estompé de cette marque oblige à une certaine
prudence.
9.2.3. Bloc posé dans la rue contre le mur Ar
Fig. 59 - Bloc du mur As, traces de taille sur la face est.
Le lit d'attente de cette pierre comporte des traces d'usure et ses
arêtes sont émoussées. H s'agit certainement d'une dalle usée par le passage
de piétons, qui s'en servaient comme degré pour accéder au niveau
supérieur des blocs du mur Ar.
STRATIGRAPHIE DU MARDUEL
69
Fig. 61 - Bloc ouest du mur Ar : traces de taille sur la face sud.
9.2.4. Pierre d'angle découverte dans la fosse 2 de la zone 16
Cet élément de grand appareil appartenait très probablement au
même ensemble que les blocs étudiés ci-dessus : c'est la raison pour
laquelle il est analysé directement à la suite. Il s'agit d'une pierre plus
complexe que les précédentes ; elle constituait initialement un angle
interne taillé dans une seule pièce et a été remployée sans retouche
vraisemblablement dans les murs étudiés ci-dessus, avant d'être rejetée dans
la fosse tardive. Dans l'état actuel de la pierre, il semblerait qu'à
l'exception des deux faces constituant l'angle interne, aucune autre n'ait été
présentée en parement dans l'édifice initial. Lorsqu'on se trouve face à
l'angle rentrant, on remarque successivement, dans le sens des aiguilles
d'une montre :
a) une face de joint biaise (90) légèrement concave, longue de 72 cm,
démaigrie au marteau taillant (tranchant de 7,5 à 8,3 cm, un peu courbe:
flèche de 0,2 cm) et comportant deux bandes d'anathyrose
sommairement taillées au ciseau, l'une au contact du parement de l'angle interne,
l'autre contre le lit d'attente ;
b) en queue à gauche, une première face antérieure grossièrement
dégrossie au pic: il s'agit d'une taille de réutilisation, ou bien d'une partie
initialement appuyée contre une terrasse de terre. L'absence de bande
d'anathyrose sur cette face permet d'affirmer que la pierre ne
s'as emblait pas à d'autres éléments dans cette direction ;
c) en queue à droite, une seconde face antérieure formant joint (longueur
96 cm), parallèle au parement interne correspondant, comporte des
bandes d'anathyrose réalisées au ciseau (largeur 6 cm) en bordure de toutes
ses arêtes, sauf celle jouxtant le lit de pose (fig. 62). L'intérieur de cette
face est démaigri au marteau taillant (tranchant de 5,2 cm) dont les
impacts sont répartis en séries à peu près parallèles;
d) contigu au parement interne droit, se trouve une petite face de joint très
voilée, également munie de bandes d'anathyrose disposées de la même
façon que celles du joint précédent, mais plus irrégulières dans leur taille.
Enfin, il faut noter que le lit de pose comporte des traces d'usure attribuables, selon toute vraisemblance, à un ajustage par abrasion
réciproque avec une pierre sous-jacente dans l'édifice d'origine. Inaccessible
dans sa position actuelle, le lit d'attente n'a pu être analysé en détail.
nelle du parement. Divers indices techniques, dont le
layage en chevrons horizontaux, la taille en séries
paral èles de coups de marteau taillant, la découpe biaise de
certains joints, la taille en œuvre d'arasés à décrochements
verticaux, permettent de situer le monument initial parmi
les œuvres hellénistiques de la basse vallée du Rhône. A
l'exception des impacts de pic résultant probablement
d'une retaille ponctuelle de la pierre d'angle, les traces
d'outils dans leur détail confirment cette appartenance: le
ciseau et le marteau taillant sont les outils les plus
communs de cette période. Le modèle de marteau taillant à
large tranchant (plus de 10 cm), légèrement courbe, semble
bien spécifique des monuments hellénistiques régionaux
(91). La similitude des dimensions des impacts de marteau
taillant sur les divers blocs examinés (environ 5, 8 et 12
cm) permet de dire que la taille de ces pierres est
probablement due à une équipe de deux tailleurs de pierre tout au
plus, ce qui n'exclut nullement l'intervention d'autres pro-
9.2.5. Conclusion sur les murs en grand appareil
La totalité des pierres en grand appareil des murs As et
Ar et l'angle monolithe proviennent d'une construction
initiale dont les éléments ont été réemployés sans retaille
notable, et quelquefois sans tenir compte de la position
Fig. 62 - Face c du Hoc d'angle trouvé dans la fosse 2 de la zone 16
portant un cadre d'anathyrose.
70
M. PY, D. LEBEAUPIN et coll.
9.3. PIERRES EN PETIT ET MOYEN APPAREIL
DU SECTEUR 122
De l'ensemble de la zone fouillée, seul le secteur 122
présente des murs en petit et moyen appareil parfois
retouchés à l'aide d'outils de taille de pierre. Partout ailleurs, la
pierre semble employée telle qu'on la trouve naturellement
fragmentée dans les couches supérieures du substrat.
9.3.1. Mur j
Cette construction, comme ses voisines, est maçonnée à joints
irréguliers souvent naturels et quelquefois obtenus par simple clivage. Les
irrégularités entre les pierres sont compensées par l'emploi d'un mortier
de terre. Cette partie de la maison se distingue des autres essentiellement
par un parement sommairement aplani au marteau taillant dont les coups
obliques sont distribués en séries à peu près parallèles et horizontales.
Les traces en sont notamment bien visibles sur le piédroit de la porte
(fig. 63). L'outil utilisé présente un tranchant de 4,5 à 5 cm de large
fortement arrondi (flèche de 0,5 à 0,6 cm).
9.3.2. Mur n
Fi#. 65 - Pierres taillées constituant le piédroit du mur y (phase IB) ; vue
prise du sud.
fessionnels pour d'éventuelles parties du monument initial
disparu. Peu d'indices permettent de proposer une
hypothèse précise sur la forme de cet édifice; seule la pierre
d'angle découverte dans le silo du Vème s. de n. è. dénote
une construction adossée à la pente du terrain pouvant
comporter éventuellement plusieurs divisions internes. Les
bourrelets observés à la base des parements extérieurs sur
deux des pierres du mur Ar prouvent sans doute un emploi
initial en retrait par rapport à des assises inférieures
disposées en degré, comme cela se voit parfois sur les krépis ou
au-dessus de la fondation des constructions grecques (92).
Ils résultent de l'inachèvement de la taille des parements
des blocs inférieurs.
La fonction de la dernière construction confectionnée
avec ces éléments de récupération en grand appareil paraît
plus claire. Il s'agit d'un vaste emmarchement très
sommaire permettant d'accéder, à partir des rues limitrophes au
nord et à l'ouest, à un niveau de terrasse ainsi limité et
consolidé. L'épaisse dalle retrouvée dans la rue 14 appuyée
contre le mur Ar correspond à un degré intermédiaire
facilitant cet accès. Aucune assise supplémentaire ne venait
s'ajouter à celles actuellement en place, ce qui n'exclut pas
l'existence d'une construction en retrait sur la terrasse ellemême.
Le mur n présente des traces de taille à ses deux extrémités, au sud à
sa jonction avec le mur a, et au nord où il fait office de piédroit pour une
ouverture extérieure. En ce dernier point, seuls les parements en tableau
sont régularisés très sommairement avec un marteau taillant à tranchant
bien arrondi (largeur 7,8 cm, flèche de 0,4 cm). Les impacts de l'outil
sont obliques et également distribués en bandes grossièrement parallèles.
A l'extrémité sud du mur n, un large bloc de moyen appareil a été posé
sur une maçonnerie plus étroite. Afin de l'aligner au nu général sur les
deux faces du mur, l'ouvrier l'a partiellement retaillé en place des deux
côtés à l'aide d'un marteau taillant à tranchants inégaux (93). L'un des
deux tranchants est large de 7,8 cm et courbé (flèche de 0,3 cm) ; l'autre,
plus étroit et rectiligne, ne mesure que 3,6 cm. La position des impacts de
l'outil montre clairement que le tailleur de pierre a œuvré par dessus,
c'est-à-dire à partir du niveau du lit d'attente de l'assise dans laquelle la
pierre est employée, le marteau taillant agissant en position basse audessous des pieds de l'ouvrier. L'alignement général du mur n'a été
rattrapé que sommairement, et seulement sur 10 à 15 cm. L'inachèvement
de ce travail est en grande partie explicable par la position du bloc contre
le mur a, qui en limite l'accessibilité.
9.3.3. Remarque sur la taille des pierres des murs
du secteur 122
Les différences de largeur et de forme des tranchants
des marteaux taillant employés pour les murs j et n
dénotent très vraisemblablement l'intervention de deux ouvriers
différents. Il est possible au demeurant que ces murs
n'aient pas été construits simultanément. En revanche, les
traces relevées côté sud et côté nord du mur n sont
exactement identiques et résultent de l'emploi du même outil
muni de deux tranchants de largeur inégale. Il est donc
pratiquement certain que c'est le même ouvrier qui a agi d'un
bout à l'autre de ce mur. Les murs n et y' n'ont bénéficié de
la taille qu'en parement, d'une part dans l'embrasure d'une
porte, d'autre part afin de rectifier les blocs plus gros que la
moyenne. Partout ailleurs, ce sont des fracturations et des
clivages essentiellement naturels (94) qui ont été mis à
profit. La technique de taille de pierre, bien que connue
(comme en témoigne l'usage du marteau taillant) n'est
donc utilisée que très ponctuellement, sans doute par souci
d'économie.
STRATIGRAPHIE DU MARDUEL
9.4. DALLES DECOUVERTES DANS LE SECTEUR 121
II s'agit de deux grandes dalles rectangulaires
réemployées dans le sol le plus récent de la ruelle (fig. 44).
L'examen de l'une d'entre elles (dimensions conservées 75
x 77 cm) montre une face supérieure bien aplanie malgré
un léger creux de 0,3 cm vers le centre. Elle présente des
traces d'usure qui ont effacé la plupart des marques d'outil.
Son lit de pose porte les impacts d'un marteau taillant muni
d'un tranchant arrondi (largeur 6,7 cm, flèche de 0,3 cm).
Ses coups sont obliques et distribués en séries presque
parallèles. Deux des côtés de la dalle présentent un démaigrissement en biais vers le lit de pose. Cet aménagement est
généralement spécifique des dalles de sol. Un troisième
côté est entièrement taillé d'équerre ; il se pourrait que ce
dernier ait eu un chant visible. On peut donc supposer que
la dalle formait sur ce côté un petit degré pour accéder à un
autre niveau, à l'entrée d'une pièce par exemple.
9.5. CONCLUSION
Toutes les techniques de taille de pierre identifiées au
Marduel dans les structures du Deuxième Age du Fer
appartiennent incontestablement à la zone culturelle
hellénistique de la basse vallée du Rhône. Toutefois, en dépit de la
présence sur le site d'un type de matériau tout à fait
comparable à celui mis à profit sur les grands gisements
hellénistiques de la région, l'expression de cette technique reste très
modeste sur l'oppidum. Il est possible que Le Marduel soit
situé aux marges de cette aire culturelle, ce qui expliquerait
des influences techniques déjà atténuées. L'emploi du
grand appareil en pierre de taille est néanmoins assez rare à
la période préromaine en Languedoc oriental (95) pour
qu'on en souligne l'intérêt : il prouve qu'à une certaine
époque, la taille de pierre classique a pu atteindre en pays
indigène un certain développement, qu'il est cependant
difficile d'apprécier à sa juste valeur en l'état actuel des
recherches.
10. Les restes humains découverts
dans la zone 122
(par Henri Duday)
71
portion postéro-inféro-latérale, et un petit fragment médial,
à mi-hauteur de la suture métopique. Le bord de celle-ci est
en outre légèrement érodé, de sorte que les mesures
transversales seront données par défaut.
10.1.2. Zone 122 (carré A7), décapage 17
(inv. MAR. 1410)
Cet ensemble est beaucoup plus important, puisqu'il
correspond à un squelette presque complet, dont la
majorité des pièces ont été trouvées en connexion anatomique.
Plusieurs parties ont cependant été détruites ou ont disparu,
et de nombreux os sont présents seulement à l'état de
fragments, ou même totalement absents.
Du squelette céphalique ne subsistent que des vestiges qui se raportent à la moitié droite. Nous avons pu déterminer les éléments suivants :
- six fragments jointifs du pariétal droit, très déformé ;
- un petit fragment d'un os de la voûte ;
- un très petit morceau de sphénoïde ;
- le rocher droit, complet mais érodé dans sa partie antéro-latérale ;
- l'exo-occipital droit, incomplet (destruction des portions postérieure et
latérale) ;
- la partie postéro-inféro-latérale du palatin droit (processus pyramidal) ;
- 1 'hémi-mandibule droite, dont le condyle et le processus coronoïde sont
brisés.
Nous avons également repéré un fragment de germe d'une dent déciduale ; il s'agit très vraisemblablement d'une deuxième molaire, mais il
n'est pas possible d'apporter plus de précision à la détermination, étant
donné le caractère très incomplet de la couronne. Les cuspides ne sont
que partiellement coalescentes.
Le squelette du tronc est relativement plus complet. La colonne
vertébrale est représentée par :
- neuf corps vertébraux, qui se rapportent à une vertèbre sacrée (SI), aux
cinq vertèbres lombaires et à trois vertèbres thoraciques (une supérieure,
une moyenne et très probablement T2) ; ils correspondent donc en
majorité aux pièces les plus volumineuses de la colonne ;
- la plupart des hémi-arcs neuraux : du côté droit, les sept cervicales, onze
thoraciques (sur douze), les cinq lombaires et la première vertèbre
sacrée ; du côté gauche, six cervicales (il manque C6), neuf thoraciques (les
arcs sont généralement érodés et/ou incomplets), les cinq lombaires et les
deux premières sacrées.
Les côtes droites sont également nettement mieux préservées que les
gauches : les sept premières côtes droites sont intactes, et on trouve les
restes d'au moins deux autres côtes ; du côté gauche, aucune côte n'a par
contre été conservée en totalité, et il n'y a aucun fragment qui puisse être
rapporté à la première. Les vestiges dénombrés semblent correspondre à
au moins huit côtes gauches, toutes incomplètes.
Le sternum n'a pas été conservé.
10.1.1. Zone 122, décapage 15
On retrouve la même asymétrie dans la conservation des membres
supérieurs : nous avons pu examiner la clavicule, la scapula, l'humérus et
l'ulna droits, et seulement la clavicule gauche, incomplète (perte de
l'extrémité latérale) et l'humérus gauche, dont une partie de la diaphyse a
disparu (région postéro-latérale moyenne). Les mains sont représentées
par six métacarpiens complets (un deuxième, les troisièmes droit et
gauche, les quatrièmes droit et gauche et un cinquième), et six phalanges et
six phalanges proximales des doigts (probablement les phalanges proximales des deux médius, trois phalanges proximales appartenant aux
index et/ou aux annulaires et une phalange proximale d'auriculaire). Il n'y
a donc aucune pièce qui concerne le premier rayon (colonne du pouce).
II s'agit d'un hémi-frontal droit presque complet, se
rapportant à un très jeune enfant. Manquent seulement la
Pour ce qui est des membres inférieurs, la ceinture pelvienne est
complète : nous avons pu mesurer les deux ilions et les deux ischions ; les
pubis sont par contre présents mais incomplets. Figurent également dans
Ces restes ont été mis au jour au cours de la campagne
de fouilles 1982 sur le site du Marduel, dans deux
décapages distincts (15 et 17). Ils sont datés du début du Ilème s.
10.1. INVENTAIRE (96)
ZONE
COUCHE
PHASE
101 11 121 121 122 122 122 122 16 16 061 061 061 061 061 11 121 121 121 122 16 101 11 121 121 121 122 15 16 10 101 101 11 121 121 122 16 16 10
11 9 18 18A UA 13 15 17 10 11 4 5 6 7 8 8 14 15 16 11 9 9 6 9 11 12 9 8 6-8 6A 6 8 4 8 8A 8B 4-5 5A 2
HA IIA IIA IIA IIA IIA IIA IIA IIA IIA IIB1 IIB1 I1B1 IIB1 II Bl IIB1 IIB1 IIB1 IIB IIB IIB1 IIB2 IIB2 IIB2 IIB2 IIB2 IIB2 IIB2 IIB2 IA IA IA IA IA IA IA IA IA IB
Cér. non tournée
DoBum
Grise monochrome
Pseudo-ionien peint
Attjque
Petites esta mpGDes
Proto-camp* nien A
Campanien A
Dérivé de campanien A
Campanien B
Campanien C
Dérivé de campanien C
Commune jaune
Gauloise
Sombrero de copa
Côte catalane
Commune sableuse
Sigillée italique
Parois fines
Bol délien
Enduit rouge interne
Mortier massaGète
Mortier Maique
Autres cér. fines
Amphore grecque
Amphore massanete
Amphore ibérique
Amphore italique
Autres amphores
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486 630
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2 4
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1 3
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1 5
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14 17
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1
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1
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9
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281
13
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58
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19
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1
1
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70
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2
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16
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28
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0
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22
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1
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0
22
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0
1
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0
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1
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24
0
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46
15
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0
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2
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0
0
0
16
1
0
1
0
0
0
0
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0
1
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0
3
0
14
0
7
1
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1
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
2
0
1
0
200 62
6 1
0 0
0 0
0 0
0 0
0 0
39 55
0 0
0 0
0 0
0 0
19 21
0 0
0 0
7 11
0 0
0 0
0 0
0 0
0 0
0 0
0 0
0 0
0 0
11 0
0 0
38 38
0 0
60 192
1 22
0 0
0 0
0 0
0 0
0 0
12 56
0 0
0 1
0 0
0 0
15 16
0 0
0 1
0 1
0 1
0 0
0 0
0 0
0 0
0 1
0 1
0 0
0 0
2 34
0 0
14 139
0 0
420
41
0
0
0
0
0
74
0
0
0
0
43
1
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
102
0
93
0
103
9
3
3
0
0
0
0
0
0
0
0
5
0
0
0
1
0
1
0
0
0
0
0
0
14
0
9
0
76
10
0
0
0
0
0
15
0
1
0
1
12
0
0
2
3
0
0
0
0
0
1
0
0
1
0
56
0
60
11
0
0
0
0
0
19
0
1
0
0
18
0
0
4
0
0
0
0
0
0
0
1
0
6
0
25
0
153
13
0
0
0
0
0
20
0
3
2
4
47
0
0
0
8
0
0
0
1
0
1
0
0
0
0
85
0
Fig. 64 - Tableau de comptage des fragments de céramique des principales couches des Ilème et 1er s. av. n. è. du Chantier Central
STRATIGRAPHIE DU MARDUEL
cet ensemble les deux fémurs, les deux tibias et les deux fibulas, tous
pratiquement intacts, et un premier métatarsien (probablement la gauche).
Un petit nodule spongieux, qui montre une plage très réduite de corticale
compacte, pourrait correspondre à une pièce du tarse proximal.
10.2. ETUDE OSTEOMETRIQUE
10.2.1. Zone 122, décapage 15
Pour cet hémi-frontal, comme pour toutes les pièces que nous
décrirons ultérieurement, nous avons adopté les techniques décrites par I.G.
Fazekas et F. Kosa (1978).
Longueur (hauteur) de l'écaillé frontale (corde) : 62,9
Longueur (hauteur) de l'écaillé frontale (arc) : 71
Largeur de l'écaillé frontale (corde) : >49,5
Largeur de l'écaillé frontale (arc) : >58
Les deux dernières valeurs sont données par défaut, mais de très peu;
les valeurs réelles ne peuvent dépasser celles que nous avons indiquées
que de 1 à 2 mm.
10.2.2. Zone 122 (carré A7), décapage 17
Squelette céphalique
Pyramide pétreuse
Longueur : 35,0
Largeur : 15,8
Hémi-mandibule droite
Longueur du corps : 35,3 (1)
Largeur de l'arc mandibulaire : Longueur totale : >46,6 (*50)
Membres supérieurs
Clavicule
Longueur : >40,l
Scapula
Longueur (hauteur) : 33,1
Largeur : £26,0 (*27)
Longueur de l'épine : £29,9 (*30)
Humérus
Longueur de la diaphyse : £62,6 (D) ; >60,2 (G)
Largeur distale de la diaphyse : 15,2 (D) ; - (G)
Ulna
Longueur de la diaphyse : 58,0 (D)
Métacarpiens
Longueur de la diaphyse : 14,9 (H) ; 14,0 (IE) ; 14,2 (HI) ; 12,6 (TV) ;
12,6 (TV) ;1 1,5 (V)
Phatanoes vroximoles
Longueur de la diaphyse : 11,6 ; 11,6; 11,0 ; ll,0>10,7 ; 10,7
Rayon :IH? ;IH? ; Hou IV; V?
Membres inférieurs
Ilion
Longueur (hauteur) : 33,2 (D) ; 33,1 (G)
Largeur : 30,2 (D) ; 30,2 (G)
Ischion
Longueur : 17,9 (D) ; 18,0 (G)
Largeur :1 1,6 (D);l 1,4 (G)
Pubis
Longueur : £14,7 (D) ; - (G)
Fémur
Longueur de la diaphyse : 75,0 (D) ; 74,9 (G)
Largeur distale de la diaphyse : 20,0 (D) ; 19,8 (G)
Tibia
Longueur de la diaphyse : £61,8 (D) ; 62,4 (G)
73
Fibula
Longueur de la diaphyse : 60,2 (D) ; 59,9 (G)
Premier métatarsien
Longueur de la diaphyse : - (D) ; 13,1 (G)
Tronc
Atlas
Longueur de l'arc vertébral : 13,8 (D) ; 14,1 (G)
Axis
Longueur de l'arc vertébral : 16,9 (D) ; 16,9 (G)
Côtes droites
Longueur : 24,0 (I) ; 37,5 ÇJ) ; 49,5 (HI) ; 55,0 (TV) ; 58,3 (V) ; 58,5 (VI);
£59,2 (VII)
10.3. DETERMINATION DE L'AGE AU DECES
Tous ces documents correspondent à un ou des enfants
décédés au cours de la période périnatale. La détermination
plus précise de l'âge peut être effectuée à l'aide
d'équations qui sont dues à divers auteurs, et donnent
généralement une estimation de la taille corporelle à partir des
dimensions des différentes pièces du squelette.
A partir de cette taille corporelle, il faut alors effectuer
une seconde opération, permettant d'estimer l'âge gestationnel. L'expression de celui-ci varie selon les auteurs :
certains le calculent à partir de la date des dernières règles
(âge post menstruationem), d'autres à partir de la date
présumée de la fécondation, c'est-à-dire approximativement
14 jours après la date des dernières règles. Ces différences
techniques expliquent les décalages qui peuvent exister
entre les tables de référence.
10.3.1. Zone 122, décapage 15
D'après les dimensions de Fhémi-frontal, on calcule la taille
corporelle au moyen des formules suivantes :
Taille = hauteur (corde) x 8,87 + 1,25
Taille = hauteur (arc) x 7,27 + 3,74
Taille = largeur (corde) x 12,01 - 4,21
Taille = largeur (arc) x 9,58 - 0,21
Les valeurs obtenues sur cette pièce sont respectivement de 57,0 ;
55,4 ; supérieur à 55,2 et à 55,4. On peut donc approximativement
estimer la taille corporelle à 56 cm.
D'après les tables de Fôllmer et Kônniger (I.G. Fazekas et F. Kosa,
p. 316-317), cette taille correspond dans 30,03 % des cas à un âge post
menstruationem de 285 à 294 jours, dans 75, 1 1 % des cas à un fige de 275
à 304 jours, et dans 92,96 % des cas à un fige de 265 i 314 jours. Ces
résultats sont donc compatibles avec l'hypothèse selon laquelle il s'agirait
d'un hémi-frontal de nouveau-né.
10.3.2. Zone 122 (carré A7), décapage 17
Nous disposons ici d'un nombre d'équations beaucoup plus
important.
- Mandibule
Taille = longueur du corps x 14,47 - 0,58, soit 50,5 cm*.
-Rocher
Taille = longueur du rocher x 1 1,71 + 8,00, soit 49,0 cm*.
-Côtes (nous n'avons effectué les calculs que pour les première et
deuxième côtes droites, dont le rang nous est connu sans aucune
ambiguïté)
74
M. PY, D. LEBEAUPIN et coll.
Taille = longueur de la côte (I) x 20,53 + 2,68, soit 51,95 cm*.
Taille = longueur de la côte CI) x 12,70 + 0,64, soit 48,3 cm*.
- Squelette des ceintures
Taille = longueur de la clavicule x 1 1,94 - 1,22, soit une valeur supérieure
à 46,7 cm du côté droit.
Taille = hauteur de la scapula x 14,32 + 1,52, soit 48,9 cm* à droite.
Taille = largeur de la scapula x 16,66 + 2,96, soit une valeur supérieure à
46,3 cm à droite.
Taille = longueur de l'épine de la scapula x 15,73 + 2,32, soit une valeur
supérieure à 49,4 cm à droite.
Taille = hauteur de l'ilion x 14,24 + 4,05, soit une moyenne de 51,3 cm*
entre les deux côtés.
Taille = largeur de l'ilion x 15,07 + 6,23, soit une moyenne de 51,7 cm*
entre les deux côtés.
Taille = longueur de l'ischion x 20,85 + 13,86, soit une moyenne de
51,3 cm* entre les deux côtés.
Taille = largeur de l'ischion x 33,67 + 11,11, soit une moyenne de 49,8
cm* entre les deux côtés.
- Os longs des membres
Taille = longueur de la diaphyse numérale x 7,52 + 2,47, soit 49,5 cm* à
droite.
Taille = largeur distale de la diaphyse numérale x 28,30 + 3,95, soit 47,0
cm* à droite.
Taille = longueur de la diaphyse ulnaire x 8,20 + 2,38, soit 49,9 cm* à
droite.
Taille = longueur de la diaphyse fémorale x 6,44 + 4,51, soit une
moyenne de 52,75 cm* entre les deux côtés.
Taille = largeur distale de la diaphyse fémorale x 22,63 +7,57, soit une
moyenne de 52,6 cm* entre les deux côtés.
Taille = longueur de la diaphyse tibiale x 7,24 + 4,90, soit 50,1 cm* à
gauche.
Taille = longueur de la diaphyse fibulaire x 7,58 + 4,68, soit une
moyenne de 51,35 cm*entre les deux côtés.
La moyenne des 16 valeurs fiables, marquées d'un astérisque (*), est
de 50,3 cm.
Nous avons également calculé les valeurs estimées de la taille
corporelle au moyen des équations de Balthazard et Dervieux :
Taille = 5,6 longueur de la diaphyse fémorale + 8 cm, soit une moyenne
de 49,95 cm entre les deux côtés.
Taille = 6,5 longueur de la diaphyse tibiale + 8 cm, soit 48,6 cm à gauche.
Taille = 6,5 longueur de la diaphyse numérale + 8 cm, soit une valeur
supérieure ou égale à 48,7 cm à droite.
Quant aux équations des droites de régression publiées par Olivier et
Pineau, elles donnent les résultats suivants :
Taille = 7,92 longueur de la diaphyse humérale - 0,32, soit 49,3 cm à
droite.
Taille = 8,73 longueur de la diaphyse ulnaire - 1 ,07, soit 49,6 cm à droite.
Taille = 6,29 longueur de la diaphyse fémorale + 4,42, soit une moyenne
de 51,55 cm entre les deux côtés.
Taille = 7,39 longueur de la diaphyse tibiale + 3,55, soit une moyenne de
49,45 cm entre les deux côtés.
Taille = 7,85 longueur de la diaphyse fibulaire + 2,78, soit une moyenne
de 49,9 cm entre les deux côtés.
La moyenne des valeurs obtenues selon les deux derniers auteurs est
de 50,01 cm, valeur très voisine de celle que nous avons indiquée
précédemment.
Reste à déterminer l'âge au décès. D'après Weichmann
cité par I.G. Fazekas et F. Kosa, l'âge gestationnel probable
pour une taille corporelle de 50 cm est compris entre 259 et
275 jours après la fécondation, soit 273 à 289 jours après
les dernières règles.
Selon FOllmer et KOnniger cités par les mêmes auteurs,
à une taille corporelle de 50 cm correspond un âge post
menstruationem de 275 à 284 jours dans 30,9 % des cas, de
265 à 294 jours dans 74,9 % des cas, et de 255 à 304 jours
dans 91,9 % des cas. Ici encore, la dimension des pièces
squelettiques est donc compatible avec l'hypothèse d'un
nouveau-né.
n n'est malheureusement pas possible de pousser plus
avant la discussion, car nous ne disposons pas des germes
dentaires et de quelques points d'ossification secondaires
(épiphyse distale du fémur notamment), dont on connaît la
pertinence en ce qui concerne la détermination du stade de
maturation durant la période périnatale.
Nous devons maintenant nous interroger sur les
relations qui peuvent exister entre les deux ensembles : l' hémifrontal du décapage 15 peut-il appartenir au sujet dont la
majorité du squelette a été découverte dans le décapage
17?
A priori, il n'existe pas d'exclusion absolue, puisque
tous les vestiges sont compatibles avec un âge qui se
situerait autour du terme, et qu'il n'y a aucune pièce qui soit
présente en double exemplaire. Cependant, on notera que
les dimensions de l' hémi-frontal suggèrent une taille
corporelle d'environ 56 cm, alors que les tailles déterminées à
partir des os du décapage 17 sont toujours inférieures à
52,75 cm. Il nous paraît donc très peu probable que l'hémifrontal puisse se rapporter à l'individu dont la majorité du
squelette a été découverte en place dans un horizon sousjacent.
D'une manière générale, on considère en effet qu'une
taille corporelle de 50 cm correspond sensiblement au
terme, c'est-à-dire à un âge gestationnel d'environ 10 mois
lunaires, alors qu'une taille de 56 cm correspond plutôt à
un âge gestationnel d'environ 11 mois lunaires.
10.4. ANALYSE DE LA POSITION DU CORPS
(zone 122, carré A7, décapage 17)
Nous n'avons pas effectué nous-même la fouille de cet
ensemble ; notre analyse se limitera donc à quelques
commentaires du document photographique qui a été pris lors
de la découverte, et que Michel Py a bien voulu nous
transmettre en même temps que le lot d'ossements (fig. 65).
Fig. 65 - Vue du squelette de nouveau-né en place (maison 122, carré
A7, couche 17).
STRATIGRAPHIE DU MARDUEL
Le squelette céphalique n'est pas visible. La disparition totale de
toute sa moitié gauche pourrait correspondre à une position de la tête en
rotation marquée vers la gauche, de sorte que la moitié droite, plus
profondément enfouie, aurait seule été conservée. Mais il ne peut s'agir là
que d'une hypothèse purement conjecturale, dans la mesure où nous
n'avons pas d'informations sur la face par laquelle le pariétal, le rocher et
l'hémi-mandibule droits sont apparus à la fouille.
La position du tronc est par contre parfaitement lisible : le sujet
repose sur le sol par sa face ventrale. La face postérieure du tronc était donc
la plus superficielle. Au-dessous de la scapula droite, qui se présente
donc par sa face dorsale, on voit distinctement six côtes droites en
connexion anatomique stricte : la mise à plat du thorax sous le poids des
sédiments semble s'être faite par écartement des extrémités sternales des
côtes, celles-ci étant venues se placer dans la région du creux axillaire.
L'axe longitudinal des côtes est sensiblement perpendiculaire à l'axe
rachidien, et même légèrement ascendant de dedans en dehors. On
retrouve précisément la même direction transversale pour une côte
inférieure droite isolée, située environ 3 cm plus bas que la dernière côte de
l'ensemble précédent.
Au contraire, les côtes gauches, quoique mal visibles sur le cliché,
ont manifestement une direction plus oblique, presque parallèle à l'axe
de la colonne vertébrale. De celle-ci, on ne voit que deux ou trois
vestiges : un hémi-arc neural droit de vertèbre cervicale inférieure (le long du
bord médial de la scapula droite), et un (ou plus probablement deux)
corps de vertèbre(s) lombaire(s) situé(s) au niveau du genou gauche. La
disposition des extrémités médiales des côtes droites en connexion
permet cependant de définir avec une précision suffisante l'emplacement de
la colonne thoracique : il apparaît ainsi que l'axe rachidien devait décrire
une courbe à convexité gauche accusée. L'asymétrie du gril costal et
cette inflexion de la colonne vertébrale montrent qu'en fait le corps n'est
pas exactement en décubitus ventral et qu'il existe une composante non
négligeable de rotation du tronc vers la droite (contrastant donc avec la
rotation forcée vers la gauche qui a été envisagée pour la tête).
Du membre supérieur droit, on voit en place la scapula, l'humérus,
qui se présente également par sa face postérieure et qui est parallèle à
l'axe du tronc, et l'ulna, qui a été mobilisée i la fouille ; l' avant-bras fait
avec le bras un angle d'environ 105°, sous réserve que l'ulna ait été
convenablement repositionnée avant la prise du cliché.
L'humérus gauche a également été bougé lors du décapage, puis
remis en place ; il est strictement parallèle au droit (mais sur la
photographie il a été inversé, son extrémité distale étant dirigée vers la racine du
membre !). La clavicule gauche, qui, par contre, ne semble pas avoir été
déplacée à la fouille, se trouve dans une situation aberrante, au-dessus de
l'emplacement présumé de la tête. H est possible que l'on doive imputer
ce mouvement à l'action des fouisseurs : deux terriers sont en effet
clairement dessinés, l'un en dehors de l'épaule droite, l'autre en regard de
l'extrémité latérale de la clavicule gauche.
Les deux liions, mis à plat sous le poids des sédiments, apparaissent
par leur face latérale. Les membres inférieurs étaient rabattus sous le
tronc : les deux fémurs sont presque parallèles, leur extrémité distale
arrivant au niveau du bord inférieur du thorax. Le coude droit recouvre ainsi
le genou droit On retrouve ici la composante de rotation latérale droite
que nous avons mise en évidence pour le tronc : les extrémités distales
des fémur et humérus droits sont à peine distantes de 2 à 3 cm, alors que
les gauches se trouvent à environ 7,5 cm l'une de l'autre. Le genou droit
75
est fléchi à environ 140°, le gauche à environ 130°. Le pied gauche devait
se trouver sous la région pubienne, le droit entre le pubis et l'ombilic.
Le cliché ne fournit aucune indication concernant la disposition
exacte des os des pieds et des mains. On peut néanmoins présumer que
celles-ci étaient en connexion pour le moins partielle, car quatre
métacarpiens sont restés soudés deux à deux par le sédiment : il s'agit
respectivement d'un troisième et un quatrième métacarpiens, et d'un quatrième
et un cinquième métacarpiens.
La position de ce squelette peut donc être résumée
ainsi : décubitus ventral associé à une rotation partielle vers la
droite ; membres inférieurs repliés sous le tronc, pieds
ramenés sous la région médiane de l'abdomen ; possible
rotation forcée de la tête vers la gauche. La littérature
archéologique ne comporte pour l'instant que trop peu de
références sur ce type d'analyse pour qu'il soit
raisonnablement envisageable de tenter des comparaisons.
10.5. CONCLUSIONS
La zone 122 de l'oppidum du Marduel a donc livré deux
ensembles distincts de restes humains, dont le stade de
maturation correspond à la période périnatale : d'une part
un hémi-frontal isolé (décapage 15), d'autre part un
squelette presque complet trouvé en connexion anatomique
(décapage 17). Ce dernier reposait en décubitus ventral
associé à une rotation modérée du tronc et du bassin vers la
droite ; les membres inférieurs étaient repliés sous le tronc.
Bien que tous ces vestiges soient à priori compatibles
avec les dimensions squelettiques d'un nouveau-né, il
paraît très peu probable qu'ils doivent être rapportés à un seul
et même individu : les mesures prises sur l'hémi-frontal
permettent d'estimer la taille corporelle à environ 56 cm,
ce qui correspond à un âge gestationnel approximatif de 1 1
mois lunaires, alors que tous les os du squelette en place
semblent indiquer une taille corporelle de 50 cm,
correspondant à un âge gestationnel de 10 mois lunaires (terme de
la grossesse).
Il ne saurait être question d'élaborer, à partir de
découvertes aussi partielles, une synthèse relative aux
inhumations de nouveaux-nés dans les sites d'habitat. De telles
analyses, relatives aux caractéristiques archéologiques du
dépôt et aux mensurations anthropologiques, en
constituent cependant le préalable indispensable, et c'est vers ces
aspects de la problématique que doivent aujourd'hui se
tourner nos préoccupations.
NOTES
• ER 290 du C.N.R.S, Centre de Documentation Archéologique Régional, Route de Pérols - 34970 LATTES
♦♦ 24 rue Péréguis - 30420 CALVISSON
**• UA 316 du CNRS, Laboratoire d'anthropologie, Université de Bordeaux I
76
M. PY, D. LEBEAUPIN et coll.
1 - M. Py et Cl. RAYNAUD, Stratigraphie du Marduel (Saint-Bonnet-du-Gard), I, Les sondages préliminaires (zones 01, 03-09, 05 et
08), dans DAM., 5, 1982, p. 5-32 (cité dans la suite : Marduel I).
2 - Cl. Raynaud, Stratigraphie du Marduel (Saint-Bonnet-du-Gard), II, Les niveaux du Vème s. ap. J.-C. sur le Chantier Central, dans
DA.M.,1, 1984, p. lll-119(cité dans la suite \ Marduel II ).
3 - Situation : voix Marduel I, fig. 4.
4 - Marduel I, p. 31, fig. 32 et p. 32.
5 - La description des caractères morphologiques des niveaux sera limitée ici au minimum utile pour la compréhension globale de
l'évolution stratigraphique de chaque secteur, la documentation de base, conservée au Dépôt Archéologique de Caveirac (Gard), restant
disponible pour plus ample information.
6 - Sur la programmation de la publication des fouilles du Marduel, voir Marduel I, p. 6-7.
7 - A noter que la plus grande partie de la surface de ces salles a été détruite par le repro filage de la pente de la colline en terrasses agricoles.
8 - Cf. E.C. Harris, Principles ofArchaeological Sratigraphy, Londres, 1979 ; H. Galinié, Les clefs du sol, III, traitement des données de
fouille, dans A Propos, Bulletin duLaborotoire d'Archéologie Urbaine, Tours, 1977, p. 9-15; M. Bats et al., Enregistrer la fouille
archéologique, le système élaboré pour le site de Lattes, Hérault, Editions A.RAL.O., série "Lattes", 1986, p. 28-33.
9 - Les monnaies, citées avec le numéro d'inventaire qui leur a été attribué dans le médaillier du Marduel, ont été déterminées par J.-Cl.
Richard. Qu'il trouve ici l'expression de nos remerciements.
10 - L'ensemble des descriptions de murs est dû à Cl.- A. de Chazelles. Les murs anciens réutilisés à l'époque concernée par cette étude ne
seront pas analysés ici, mais avec leur phase de construction. La distinction entre solins et murs totalement en pierres, si tant est que les
deux types étaient représentés sur le site, n'est pas réalisable au vu des hauteurs (incomplètes) et des largeurs (toutes voisines) des
différentes parois. D'autre part aucune indication, concernant par exemple la visualisation du sens de la chute d'un mur ou l'estimation de sa
hauteur, n'a été fournie par les couches de démolition, essentiellement composées de briques crues concassées. Les dimensions signalées
reflètent les irrégularités du tracé des murs, dont on donnera les mesures extrêmes de largeur, mais ne tiennent pas compte de leur mode
d'arasement, horizontal ou accidenté, car seule est notée la hauteur maximum conservée. La détermination pétrographique a été limitée à
une distinction sommaire : deux roches sédimentaires appartenant au substrat du site et à son environnement immédiat constituent à elles
seules la totalité des matériaux mis en œuvre. La plus représentée est un calcaire tendre miocène, communément appelé molasse (cf. § 9 . 1 ),
qui offre l'avantage de se déliter naturellement en dalles. Nettement moins abondant, le calcaire secondaire du Crétacé, beaucoup plus dur,
apparaît sous la forme de blocs ou de gros moellons polyédriques, difficiles à exploiter dans l'architecture à l'état brut. La terminologie
relative aux modules des pierres, à leur disposition dans les murs, aux appareils ainsi qu'aux déformations, est empruntée d'une part à
J.-M. Pérouse de Montclos, Vocabulaire de V architecture, principes d'analyse scientifique, 1972, et d'autre part à l'ouvrage, plus récent
et mieux adapté aux questions que se posent les archéologues, de R. Ginouvès et R. Martin, Dictionnaire méthodique de l'architecture
grecque et romaine, I, Matériaux, techniques de construction, techniques et formes du décor, 1985.
11 - Dimensions intérieures de l'habitation - sud : 2,72 m ; ouest : 5,38 m ; nord : 4,70 m ; est : 5,90 m ; surface approximative : 20 m2.
12 - Marduel II, p. 112-114.
13 - Fondation (Br) : une assise débordante posée sur des sédiments meubles et noyée par un remblai. Elévation (Au) - larg. : 50 cm ; haut. :
45 cm. Calcaire tendre : 80 %; calcaire dur : 20 % ; éléments bruts, disposés en panneresses couchées ; ni boutisses, ni parpaings apparents;
appareil incertain fruste; liant : terre franche. Par terre franche, on désigne le matériau extrait du sol et débarassé de l'humus et des
éléments grossiers qui le rendent impropre à une utilisation architecturale. On oppose ainsi un matériau dont le coût d'extraction et de
transport est nul puisqu'il est pris sur place, à des roches meubles sélectionnées pour leurs qualités granulométriques et mécaniques, mais qui,
provenant de gisements précis, doivent être véhiculées. Sur le site du Marduel, le recours à des sédiments fortement anthropisés, sols ou
remblais de destruction, a été mis en évidence à plusieurs reprises.
14 - Elévation - larg. : 60-75 cm ; haut. : 60 cm ; calcaire tendre : 70 %; calcaire dur : 30 % ; liant : terre franche contenant du mobilier
archéologique et des petits cailloux. Deux parements d'éléments bruts posés en panneresses à plat, liés par quelques boutisses qui
pénètrent dans le blocage interne de terre et de cailloux ; appareil incertain fruste.
15 - Façade fondée dans une tranchée et reprenant l'arasement irrégulier d'un mur ancien (<?), ce qui lui donne un aspect composite.
Elévation - larg. inconnue (recouverte par le mur a), haut. : 25 cm ; calcaire tendre : 80 % ; calcaire dur : 20 % ; liant : terre franche; panneresses
à plat, brutes de ramassage; joints très épais. La partie remployée de o comporte surtout des panneresses couchées, mais aussi quelques
carreaux dressés. Appareil incertain fruste pour la construction de hlx, régulier et pratiquement assise pour la partie o. Particularité sans
doute due à la reprise : important bombement du parement nord.
16 - Mesures intérieures : 3,65 m dans le sens est-ouest, 2,78 m à 3,65 m dans le sens nord-sud ; surface : 12 m2.
17 - II s'agit de bâtonnets incisés, du type de ceux qui ornent le pourtour du pied des fibules de la Tène I : voir par exemple M. Py,
L'oppidum des Castels àNages (Gard), fouilles 1958-1974, 35ème suppl. à Gallia, Paris, 1978, fig. 128, n° 1.
18 - Bien que ce mur soit alors en partie détruit et ne corresponde plus dans la zone 1 1 à la façade d'une habitation (voir ci-dessus, § 2.3).
19 - La connexion des niveaux d'occupation du passage 121 avec cette façade n'a pas pu être observée, du fait de l'implantation
postérieure du mur n dans une très profonde tranchée de fondation : cf. fig. 1 1, B.
20- A savoir les couches suivantes: zone 101, cil ; zone 102, c. 11 ; zone 11, c. 9; zone 121, c. 18, 18A ; zone 122, c. 11 A, 13, 15, 16a;
zone 16, c. 10,11.
21 - M. Py, Ensayo de classificaciôn de un estilo de ceràmica de Occidente : los vasos pseudojonios pintados, dans Ampurias, A\A2,
1979-1980, p. 155-202.
22 - N. Lamboglia, Per una classificazione preliminare délia ceràmica campana, 1er Congrès International d'Etudes Ligures, Bordighera-Montpellier, 1952, p. 139-206.
23 - M. Py, Quatre siècles d'amphore massaliète, essai de classification des bords, dans Figlina, 3, 1978, p. 1-23.
STRATIGRAPHIE DU MARDUEL
77
24 - B. Dedet et M. Py, Classification de la céramique non tournée protohistorique du Languedoc méditerranéen, suppl.4 à la RAN.,
Paris, 1975.
25 - Pour les fibules, cf. C. Tendille, Fibules protohistoriques de la région nimoise, dans DAM., 1, 1978, p. 77-1 12.
26 - Sur cette catégorie, cf. M. Py, Une production massaliète de céramique pseudo-attique à vernis noir, dans R.EL., 44, 1978, p. 175198. Cette forme de vase est inédite dans la série.
27 - Le prolongement de la couche 9 de la zone 16 vers l'ouest, au delà du mur At construit postérieurement (voir ci-après) a été fouillé
sous l'appellation "zone 15, couche 9" {cf. diagramme : fig. 2 et stratigraphies : fig. 8A et 8B). Il s'agit en fait d'un seul et même niveau de
remblai.
28 - Elévation : une à deux assises subsistent au sud ; calcaire tendre : 80 % ; calcaire dur : 20 % ; liant : terre franche ; éléments bruts
informes et de grandes dimensions, disposés en tous sens : boutisses, carreaux, parpaings assez nombreux ; appareil incertain fruste.
29 - Elévation - larg. : 56 cm ; haut. : 70 cm; éléments bruts formant un appareil incertain fruste.
30 - Elévation - larg. : 50-60 cm ; calcaire tendre : 98 % ; calcaire dur : 2 % ; inclusion : 1 fragment de calcaire différent ; liant : terre
franche ; éléments bruts informes posés en tous sens, nombreux parpaings calés par des cailloux ; non parementé.
31 - Mesures effectuées en cm sur 2 briques : a) Longueur conservée 18 x hauteur 8 ; b) Longueur ? x largeur 31 x hauteur 7. Les briques
crues du doublage sont disposée en panneresses couchées. Cette structure, qui se justifie mal en tant que renfort d'un mur en pierre (dont
l'épaisseur dépasse déjà 50 cm), porte la largeur de la façade à 71 cm. Elle demeure difficilement interprétable : isolation d'un mur
extérieur exposé au nord, soin particulier donné au parementage de cette paroi, rattrapage de l'épaisseur du solin pour une élévation en adobes
débordante, étagère, ou support d'une autre structure...: plusieurs hypothèses viennent à l'esprit sans qu'aucune paraisse plus probable
que les autres.
32 - Mur presque entièrement détruit par les tranchées de fondation des murs n et y ; dimensions et appareil indéterminés.
33 - Quelques pierres seulement conservées : appareil indéterminé.
34 - A savoir les couches suivantes : zone 06, c. 4, 5, 6, 7, 8 ; zone 101, c. 1 IB ; zone 1 1, c. 8 ; zone 121, c. 14, 15 A-D, 16 ; zone 122, cil;
zone 15, c. 9 ; zone 16, c. 9.
35 - Comparer à G. Rancoule, La Lagaste, agglomération gauloise du bassin de l'Aude, Atacina 10, Carcassonne, 1980, p. 86, fig. 39,
n°7.
36 - B.-A. Sparkes et L. Talcott, The Athenian Agora, XII, Black and plain pottery, Princeton, 1970, n° 469-473.
37 - A savoir les couches suivantes : zone 101, c. 9 ; zone 102, c. 9 ; zone 1 1, c. 6 ; zone 121, c. 9, 11 et 12 ; zone 122, c. 9 ; zone 15, c. 8;
zone 16, c. 6-7-8.
38 - Refend édifié dans une tranchée de fondation qui atteint le sommet du mur e; détruit au sud, mais arasement intact au nord ; élévation
- larg. : 48-60 cm ; hauteur complète : 62 cm ; calcaire tendre : 99 % ; calcaire dur : 1 % ; liant : terre franche contenant de nombreux petits
tessons de vases, très abondante pour occuper les vides entre les pierres ; blocs et dalles bruts posés en panneresses et en boutisses
couchées ; quelques moellons disposés en carreaux ; appareil incertain fruste montrant des éléments en ressaut ou en retrait par rapport à
1 ' aplomb du mur; arasement horizontal constitué de lauses destinées à recevoir les adobes : trois briques crues trouvées en place sur 1 '
arasement du solin ont permis d'observer une disposition en panneresses dressées (sur leur petit côté, montrant un chant en parement).
39 - Elévation - larg. inconnue ; haut. : 30 cm ; calcaire tendre : 99 % ; calcaire dur : 1 % ; liant : terre franche ; appareil indéterminé.
40 - Longueur : 5,70 (ouest) - 5m (est) ; largeur : 4m.
41 - La tranchée de fondation du mur n en 121 et 122 (couche 8A), ainsi que les tranchées de fondation des murs Ah (couche 8B) et y
(couche 8C) contiennent un mobilier du début du 1er siècle qui sera traité avec celui de la phase IA.
42 - A savoir les couches suivantes : zone 10, c. 6 et 6A ; zone 101, c. 8 ; zone 102, c. 7 ; zone 1 1, c. 3A et 4 ; zone 121, c. 8, 8A ; zone 122,
c. 8A, 8B, 8C ; zone 16, c. 4-5 et 5A.
43 - J.-P. Morel, Céramique campanienne, les formes, Rome, 1981, p. 237.
44 - Ces fragments sont les premiers indices de l'adoption de couvertures en tuile sur le site. Ils sont cependant encore peu nombreux, ce
qui pose la question de leur utilisation réelle : emploi exceptionnel pour des toitures, emploi des tuiles à d'autres fins, déchets de
construction du début de la phase suivante mêlés aux remblais, ou récupération ultérieure d'un matériau encore rare ?
45 - Voir Marduel II, p. 112-114.
46 - Elévation - larg. : 30-45 cm ; haut. : 90 cm ; calcaire tendre : 98 % ; calcaire dur : 2 % ; inclusions de galets ; liant : terre franche
contenant de petits graviers. Dans l'ensemble, les éléments sont bruts, mais nombre d'entre eux montrent une face de parement dressée et
quelques-uns sont sans doute équarris. Appareil incertain fruste de panneresses à plat empilées sans soins et formant de nombreux petits
coups de sabre; panneresses dressées, verticales ou en épis ; quelques carreaux ; joints épais (1 à 4 cm). Prédominance des petits et moyens
modules (10-25 cm). Particularité: tracé ondulant concave vers le nord. Ouverture : largeur 105 cm ; piédroit ouest fait d'une superposition
de panneresses et boutisses alternées, traçant un aplomb bien vertical; piédroit côté est identique, mais aplomb moins soigné ; obturation
(Af) : haut. : 84 cm ; matériaux et modules semblables à ceux du mur a mais disposés sans ordre apparent.
47 - Elévation : larg. : 48-65 cm ; haut. : 78 cm; calcaire tendre : 90 % ; calcaire dur : 10 % ; inclusions : galets et un fragment de brèche;
liant : terre franche. Parement ouest (non visible à l'origine) : appareil incertain fruste d'éléments informes de calcaire dur associés à des
panneresses et des boutisses de calcaire tendre. Parement est : appareil incertain mais régulier, comportant une majorité d'éléments bruts
de moyen module (18-25 cm de longueur) disposés en panneresses à plat et créant un aspect assise.
48 - Elévation arasée. Fondation - larg. : 47-55 cm ; haut. : 77 cm ; calcaire tendre : 99 % ; calcaire dur : 1 % ; inclusions : galets et
fragment de tuile ; liant : limon à nodules d'argile grise contenant du mobilier archéologique ; éléments généralement bruts, mais certains sont
équarris et plusieurs faces de parement sont dressées. Les dalles constituant les piédroits sont même ébauchées. Appareil assise irrégulier
(lits de hauteur variable) fait de panneresses et de boutisses alternant avec des parpaings qui lient les deux parements accolés. Ouverture :
les deux piédroits sont régulièrement appareillés au moyen d'une besace faisant alterner dalles parpaignes et boutisses; l'aplomb du pié-
78
M. PY, D. LEBEAUPIN et coll.
droit nord se situe précisément à la moitié de la longueur du mur. Particularité: à l'extrémité nord, contre le mur a auquel il s'appuie, sorte
de bourrage de moellons placés en épis ou en panneresse debout ; cette irrégularité de l'appareillage indique que la construction du mur b
s'est effectuée du sud vers le nord en commençant par le piédroit de l'ouverture.
49 - Elévation - larg. : 60 cm ; haut. : 60 cm ; calcaire tendre : 99 % ; calcaire dur : 1 % ; liant : terre franche ; appareil incertain fruste
composé d'éléments bruts posés en panneresses ; nombreux parpaings liant les deux parements.
50 - Elévation - larg. : 53-56 cm ; haut. : 47 cm ; calcaire tendre : 80 % ; calcaire dur : 20 % ; inclusions : galets; liant : terre franche
contenant des petits graviers. Eléments bruts donnant un appareil incertain fruste, plus irrégulier à l'est qu'à l'ouest, dont le parement
comporte des pierres de module homogène et de petites dimensions. Moellons principalement posés en panneresses couchées ; quelques
boutisses et une boutisse parpaigne visible sur l'arasement. Particularité : rattrapage du plan horizontal au sommet de l'arasement du mur
Al au moyen de cailloux et de terre.
51 - Fondation - largeur inconnue ; haut. : 50-80 cm ; calcaire tendre : 99 % ; calcaire dur : 1 % ; inclusions : fragments de dolium et
d'amphore italique ; liant : terre franche contenant des petits graviers. A la base, blocs et gros moellons bruts à face de parement plane disposés
en carreaux ; quelques éléments équarris posés en panneresses à plat et calés par des cailloux ; appareil incertain fruste. Elévation - larg.
inconnue ; haut. : 43 cm ; calcaire tendre : 99 % ; calcaire dur : 1 % ; liant : terre franche contenant des petits graviers. La première assise
faisant office de réglage de l'horizontalité et l'unique moellon de la seconde assise, conservé à l'aplomb du piédroit, montre des éléments
équarris avec des faces de parement taillées disposés en panneresses ; cailloux de calage bruts de ramassage ; joints épais. Sur la taille du
parement et du piédroit, voir § 9.3.1.
52 - Fondation - larg. : 53-59 cm ; haut. : 150-200 cm ; calcaire tendre : 90 % ; calcaire dur : 10 % ; inclusions : galets ; liant : terre franche
contenant de petits graviers. Eléments bruts provenant du ramassage de surface, formant un appareil incertain et fruste à base de
pan eres es couchées liées par des joints très épais (3-7 cm). Elévation - larg. : 53-59 cm ; hauteur : 2 assises. Appareil difficile à qualifier mais
incertain. L'arasement, qui montre des dalles panneresses et parpaignes dont le lit d'attente est aplani, a pu recevoir directement
l'élévation en terre crue. Particularité: contre le mur a, grand parpaing (50 x 84 cm) débordant la largeur moyenne du mur en partie taillé sur place
(voir § 9.3.2). Le piédroit, symétrique de celui du mur y, comporte également des dalles taillées et d'autres simplement équarries.
53 - A. Michelozzi, L'habitation protohistorique en Languedoc oriental, AJtAL.O., cah. 10, Caveirac, 1982, p. 70 et fig. 28 : un cas est
connu au IVème s. à Roque de Viou (salle RF6). Trois cas sont signalés à Nages, sur l'oppidum des Castels, au 1er s. av. n. è., dans les
salles AXni4, L4 et AXHI2-6.
54 - A savoir ceux recueillis dans les niveaux suivants : zone 10, c. 2, 2B, 3 et4 ; zone 11, c. 2 ; zone 121, c. 6 ; zone 122, c. 6, 7A, 8 ; zone
14, c. 3 ; zone 15, c.3, 7A-7F.
55 - L'abondance des fragments de tuile, parmi lesquels on identifie deux pâtes différentes, au sein des couches de démolition de la phase
IB, montre l'emploi relativement courant désormais de ce matériau pour les couvertures des habitations.
56 - La description de cet enduit est due à Cl.-A. de Chazelles, qui en a assuré le démontage avec P. Poupet. Voir déjà Cl.-A. de Chazelles
et P. Poupet, L'emploi delà terre crue dans l'habitat gallo-romain en milieu urbain : Nimes, dans RAN., 17, 1984, p. 94 et fig. 19.
57 - A savoir les couches suivantes : zone 10, c. IB et 1C ; zone 12, c. 3-4 et 5 A ; zone 13, c. 1 A et 4 ; zone 14, c. 2 et 2C ; zone 16, c. 3 ;
zone 17, c. 3.
58 - Typologie de Chr. Goudineau, La céramique arétine lisse, fouilles de l'Ecole Française de Rome à Bolsena, dans M.E.FKA.,
suppl.6, Paris, 1968.
59 - J.-P. Morel, Céramique campanienne..., o. c, p. 237.
60 - A noter qu'un tesson de campanienne A (zone 12, c. 3-4) porte des traces de recollage antique : matière noire (poix ?) sur deux
cassures.
61 - Probablement SMER. . . attesté ailleurs : voir M. Lejeune, Recueil des inscriptions gauloises, I, textes gallo-grecs, suppl. 45 à Gallia,
Paris, 1985, n° 3 et 176 ; voir aussi les légendes monétaires de la basse vallée du Rhône : G. Gentric, La circulation monétaire dans la
basse vallée du Rhône, He-Ier s. avJ -C, d'après les monnaies de Bollène, Vaucluse, A.RAL.O., cah. 9, Caveirac, 1981, p. 38.
62 - Sur le hiatus de l'occupation de l'oppidum à l'époque romaine, vo'uMarduell, p. 32 ; sur l'occupation du Vème s., voir Marduel II, p.
117.
63 - Développement peut-être en relation avec la fonction de port fluvial remplie par ce site : sur de possibles aménagements de quais à
l'époque romaine au bord du Gardon, voir J.-Cl. Bessac et J. Pey, Blocs antiques découverts dans le lit du Gardon à Rémoulins, Gard, dans
DAM., 5, 1982, p. 170-174.
64 - Ce procédé est attesté au Ilème Age du Fer sur le site de La Roque de Fabrègues (Vème-IIIème s., ainsi qu'à Nages du Illème au 1er s.
av. n. è. Voir A. Michelozzi L' habitation protohistorique... , o. c, p. 48.
65 - M. Py, L'oppidum des Castels..., o. c, p. 159 ; L. Chabot, L'oppidum de La Cloche aux Pennes-Mirabeau (B.-du-Rh.), synthèse des
travaux effectués de 1967 à 1982, dans RAN., 16, 1983, p. 39-80, en particulier p. 54 ; renseignement aimablement fourni par Ch. Lagrand pour Saint-Pierre-lès-Martigues.
66 - Ch. Lagrand, Un nouvel habitat de la période de colonisation grecque : Saint-Pierre-lès-Martigues, B.-d.-Rh., Vllème s. av. J.-C. 1er s. ap. J.-C, dans DAM., 2, 1979, p. 81-106, sp. p. 82 ; L. Chabot, /. c, p. 56 ; H. Rolland, Les fouilles de Glanum (Saint-Rémy-deProvence), suppl. 1 à Gallia, Paris, 1946, p. 128.
67 - R. Ginouvès et R. Martin, o. c, p. 95.
68 - Ainsi A. Michelozzi note dans cette région que "les dimensions des portes varient dans une même habitation et plus encore d"une
habitation à l'autre" (A. Michelozzi, L' habitation protohistorique..., o. c, p. 67).
69 • Voir comparaisons, ci-dessus, note 52. A. Michelozzi (ibid., p. 70) pense que "la pose de seuils monolithes (dalles non taillées) ou
bâtis doit être également rattachée au désir d"atténuer l'infiltration des eaux plutôt qu'àun quelconque système de fermeture; ces seuils, en
effet, ne sont pas munis de crapaudine".
70 - Attestée sur de nombreux sites protohistorique, le procédé est illustré de manière particulièrement éloquente sur l'oppidum de Saint.-
STRATIGRAPHIE DU MARDUEL
79
Pierre-lès-Martigues (Ch. Lagrand, /. c, p. 84), ainsi que sur le site voisin de l'He à Martigues, qui a livré des images saisissantes de
constructions en pierres édifiées à l'aplomb de murs en adobes partiellement arasés (J. Chausserie-Laprée, L. Domallain et N. Nin, Le quartier
de l'Ile à Martigues, 6 armées de recherches archéologiques, Catalogue d'exposition, 1984, p. 32, fig. 105), mais il est intéressant d'en
constater l'usage aux 1er et Ilème s. de n. è. dans le quartier bas d'Ambrussum (J.-L. Fiches et J.-Cl. Roux, Recherches archéologiques
dans le quartier bas d'Ambrussum, Villetelle, Hérault, 1, La fouille de sauvetage en 1980, A.RAL.O., dossier 1, 1981, p. 35).
71 - Voir les premières conclusions livrées par P. Poupet dans Cl.-A. de Chazelles, J.-L. Fiches et P. Poupet, La Gaule méridionale,
Architectures de terre et de bois, dans DA.F., 2, 1985, p. 6 1 -7 1 , spécialement p. 69, montrant que pour la confection de certains adobes, "ce sont
(...) les argiles plaisanciennes qui ont été utilisées. Les affleurements les plus proches du site sont ceux de Meynes, à 6 km sur cette même
rive droite (...) et de Fournès, à 4 km, sur T'autre rive, face au site".
72 - Voir à ce propos l'étude de 350 briques crues mises au jour à Nimes, Propriété Solignac, ainsi que les parallèles en contexte galloromain, dans Cl.-A. de Chazelles et P. Poupet, /. c, p. 86-87 et n. 77-78. A l'Age du Fer les adobes ont en général des épaisseurs situées
dans les mêmes limites; voici quelques exemples contemporains de ceux du Marduel : 8-9 cm au Baou-Roux, 7 à 12 cm à Entremont, 9 cm
à Martigues et 10 cm à La Cloche (Ph. Boissinot, La construction en terre au Ilème s. av. J.-C. sur l'oppidum du Baou-Roux (Bouc-BelAir, B.-du-Rh.), dans DAM., 7, 1984, p. 79-86, notamment p. 82 ; F. Benoitjnf. Archéol., dans Gallia, 16, 2, 1958, p. 414 ; F. Benoit,
Résultats historiques des fouilles d' Entremont, dans Gallia, 26, 1, 1968, p. l-31,sp.p.l3 ; J. Chausserie-Laprée, L. Domallain et N. Nin,
Le quartier de l'Ile à Martigues. . ./. c, p. 56 ; L. Chabot, L'oppidum de La Cloche. . ., l. c, p. 56). Toutefois plusieurs sites provençaux ont
livré des briques plus massives : 15 cm. d'épaisseur à Teste-Nègre (L. Chabot, ibid.) et 15 à 18 cm à la Tête de l'Oste (A. Roth-Congès,
L'oppidum de la Tête de l'Oste à Mimet, B.-du-Rh., premiers sondages stratigraphiques, 1978-1979, dansBAJ3., 5-6, 1980, p. 93-1 12, en
particulier p. 105).
73 - Le problème de la présence, non systématique, d'éléments végétaux ou de particules rocheuses grossières utilisés comme liant dans
les briques est également abordé dans Cl.-A. de Chazelles et P. Poupet, L'emploi de la terre crue. . ., l. c, p. 86.
74 - Renseignement de G. Congés ; cf. Cl.-A. de Chazelles, J.-L. Fiches et P. Poupet, La Gaule méridionale..., l. c, p. 71, n. 17.
75 - Nous remercions Ch. Lagrand, qui a eu l'amabilité de nous communiquer ces renseignements inédits.
76 - Les témoignages les plus anciens prennent place dans les contextes très hellénisés, voire helléniques, de Saint-Biaise au second quart
ou au milieu du Vlème s. (P. Arcelin, Ch. Pradelle, J. et Y. Rigoir, Notes sur les structuresprimitives de V habitat protohistorique de SaintBiaise, Saint-Mitre-les-Remparts, B.-du-R., dans DAM., 6, 1983, p. 130-143, et notammentp. 139) et de LaMonédière au troisième quart
du Vème s. av. n. è. (A. Nickels, Les maisons à abside d'époque grecque archaïque de La Monédière à Bessan, Hérault, dans Gallia, 34,
1976, p. 95-120, en particulier p. 105-106).
77 - Vitruve, Les dix livres d'architecture, trad. C. Perrault, Balland, 1979, p. 221.
78 - Cf. Cl. Raynaud, L'évolution de la maison en Languedoc oriental, une approche des processus de romanisation (50 av. -50 op. J.-C),
Mémoire de maîtrise, Montpellier, 1980, dactyl., p. 54 et 65-66.
79 - Les sols en opus signinum qui, sur ces sites, commencent à remplacer les surfaces de terre battue dès le début du Ilème s., constituent
une illustration d'autant plus intéressante qu'elle intervient très peu de temps après que les Romains ont eux-mêmes "introduit le mortier
de chaux dans leur architecture, époque que l'on peut situer à la fin du JHème s. av. J.-C., sans toutefois parvenir à proposer de date
précise" (J.-P. Adam, La construction romaine, matériaux et techniques, 1984, p. 82). Pour Olbia, aimable renseignement de M. Bats ; pour
Lattes, fouilles récentes au lieu-dit Saint-Sauveur, campagnes 1984-1986.
80 - Notamment, en ce qui concerne la transition Bronze/Fer dans la Péninsule, voir A. Alvarez-Garcia et J. A. Bachiller, Urbanismo
prerromano en Tierras de Caspe, dans Bajo Aragon, prehistoria, IV, 1982, p. 61-79, spécialement p. 69 ; pour la période ibérique, F.
Burillo-Mozota, Elpoblado de época ibérica y yacimiento medieval : "Los Castellares" (Herrera de los Navarros), Zaragoza, 1983,
signale p. 1 15 "la existencia de hasta cinco capas successivas de cal" sur les parois intérieures de l'habitat.
81 - Ainsi H. Bonet et I. Pastor, Técnicas constructivas y oraganizaciôn del habitat en elpoblado ibérico de Puntal dels Llops (Olocau,
Valencia), dans Saguntum, 18, 1984, p. 163-187, sp. p. 168, indiquent que "a cal en sus formas mas habituales es conocida desde antiguo
en la mayor parte de las çulturas lo que no es extrafio, pues la relativa facilitad de su obtenciôn sugiere su descubrimiento casual en toda
cultura que dominase la obtenciôn de temperaturas del orden de 800° C, e incluso inferiores". Les auteurs rappellent (ibid., note 10) que la
température nécessaire pour obtenir de la chaux est inférieure à celle produite dans une forge pour le travail du fer.
82 - M. Py, L'oppidum des Castels. . . , o. c, p. 90.
83 - J.-L. Fiches, Les maisons gallo-romaines d'Ambrussum (Villetelle, Hérault), la fouille du secteur IV, 1976-1980, dans DA.F., 5,
1986, p. 34; B. Dedet et J. Salles, Aux origines d'Alès, dans Bull. Ec. Ant. de Nimes, 16, 1981, p. 5-67, en particulier p. 58.
84 - L. Chabot, L'oppidum de La Cloche. . ., l. c, p. 57.
85 - R. Guéry, P. Pirazzoli et P. Trousset, Les carrières littorales de La Couronne, indice de variation des niveaux marins, dans Histoire et
Archéologie, les Dossiers, 50, 1981, p. 18-27.
86 - J.-Cl. Bessac, Le rempart hellénistique de Saint-Biaise (Saint-Mitre-les-Remparts, B.-du-Rh.), technique de construction, dans
DAM., 3, 1980, p. 140 et 141.
87 - Sur l'outillage nécessaire pour tailler ce type de pierre, cf. ibid., p. 137-139.
88 - Ibid., p. 144, fig. 5, n° 6 et p. 156.
89 - Ibid., p. 150. Cette technique est également très courante dans les constructions hellénistiques de Glanum à Saint-Rémy- deProvence et de Marseille.
90 - Les joints latéraux biais sont également caractéristiques des constructions hellénistiques : cf. iibid., p. 146, fig. 7.
91 - Ibid., p. 138, fig. I, n° 5 et p. 139. J.-Cl. Bessac, L'outillage traditionnel du tailleur de pierre de l'Antiquité à nosjour , suppl. 14 à la
RAN., 1986.
92 - Exemples : petit temple hellénistique à l'est des temples géminés de Glanum, temple de Zeus à Stratos ; cf. R. Martin, Manuel d'
architecture grecque, I, Paris, 1965, pi. XXXI, fig. 2.
80
M. PY, D. LEBEAUPIN et coll.
93 - Le tailleur de pierre a ébauché la taille avec le tranchant étroit et terminé celle-ci avec le côté large. Il s'agit d'un marteau taillant du
même type que celui présenté dans l'étude du rempart de Saint-Biaise ; voir J.-Cl. Bessac, L'outillage traditionnel. . ., o. c, fig. I, n° 5b.
94 - L'usage d'un débit à la masse ou plus généralement de toute autre technique de clivage a été probablement très limité.
95 - Citons la tour à parement hellénistique de Mauressip (Saint-Côme, Gard) : B. Dedet et M. Py, Introduction à l'étude de la
Protohistoire en Languedoc oriental, AJIAL.O., cah. 5, Caveirac, 1976, p. 118-119 ; et des témoins très fragmentaires à Ambrussum : J.-Cl.
Bessac et J.-L. Fiches, Etude des matériaux en pierre découverts à Ambrussum, Villetelle, Hérault, dans Archéologie en Languedoc, 2,
1979, p. 131.
96 - 1. G. Fazekas et F. Kosa, Forensic fetal Osteology, Akademiai Kiado Budapest, 1978, 414 p., 89 fig., 207 tableaux. B. S. Kraus et R.
E. Jordan, The Human Dentition before Birth, Lea et Febiger, Philadelphie, 1965, 218 p., 128 fig. G. Olivier, Pratique anthropologique,
Vigot, Paris, 1960, 299 p., 79 fig. G. Olivier et H. Pineau, Nouvelles déterminations de la taille fœtale d'après les longueurs diaphysaires
des os longs, dans Annales de Médecine Légale, 1960, 40, p. 141-144.